Tuesday, January 5, 2021

RDC: Les non-dits sur l’horrible assassinat de Laurent-Désiré Kabila!


Par Bamba di Lelo

Le 2 Octobre 2019

Desmond Tutu a dit: « Si tu es neutre en situation d’injustice, tu as choisi le parti de l’oppresseur ».

Cette proposition de Desmond Tutu est une proposition considérée comme « axiomatique », c’est-à-dire sans possibilité de démonstration admise d’un autre raisonnement acceptable. Il est important de savoir qu’entre le mardi 16 janvier 2001 et le mardi 16 janvier 2018, soit 17 ans après, le lieutenant Rachidi Muzele Kasereka aurait assassiné Mzee Laurent-Désiré Kabila, Président de la République Démocratique du Congo et chef de l’Etat, en présence d’un seul témoin, le professeur Emile Mota, directeur de cabinet adjoint chargé de l’économie et des finances au cabinet du président défunt. C’est la seule vérité cachée dans cette affaire, même si certaines personnalités, sous serment, en ont poursuivies, arrêtées d’autres, et les ont citées comme présumées assassins de l’ancien chef de l’Etat. En réalité, ce sont de véritables innocents qu’on a accusés alors qu’ils n’étaient nullement associés à l’affaire, et ceci pour un véritable complot, ourdi contre Mzee Laurent Désiré Kabila, qui, d’ailleurs, avait les pressentiments de son élimination physique décidée…

En effet, les juges de cette fameuse Cour d’Ordre Militaire avaient toutes les données fiables, et disponibles pour arrêter et présenter, à l’attention du public le ou les assassins présumés du feu président de la République, abattu, sans défense, comme une bête dans l’enceinte même de la présidence de la république, un site, pourtant, le mieux sécurisé du pays.

Par ailleurs, on doit se poser la question de savoir pourquoi la primeur d’annoncer la mort de Mzee Laurent a été réservée aux personnalités étrangères particulièrement à Kagame et à Museveni? Ces deux personnages ont été pour beaucoup, dans la déstabilisation du Congo-Kinshasa, il y a de cela 22 ans aujourd’hui, et également, fort probablement dans la disparition de Mzee Laurent Désiré Kabila, jadis, soldat du peuple!

Voilà pourquoi il m’est donc aisé de dire que l’assassinat de Mzee Laurent Désiré Kabila n’est pas un fait du hasard, mais bien un acte prémédité, un crime ignominieux, monté et organisé par des professionnels, pour davantage puiser les richesses dans les réserves de la République Démocratique du Congo, en toute impunité.

Cela étant, force est de constater que primo: le colonel Eddy Kapend n’a jamais trahi Mzee Laurent Désiré Kabila, que secundo: Eddy Kapend n’a jamais comploté contre Laurent Désiré Kabila, tertio: qu’il n’a jamais assassiné Mzee Laurent Désiré Kabila et enfin, quarto: qu’il n’a jamais posé un tel acte délictueux, de nature à avoir conduit son « Chef » et son bienfaiteur à une mort certaine.

De la bouche des assassins capturés à l’aveuglette, ces derniers racontent, avec force du désespoir que si le colonel Eddy Kapend était avec Mzee Laurent Désiré à l’instant fatidique, il aurait été tué, lui aussi, avec Kabila, sur le champ. Après son forfait fatal, fuyant par derrière et sachant qu’il n’échappera pas de son crime, Rachidi s’était suicidé en se tirant une balle dans la tête. S’en est le temps de coordonner la défense du palais, et de chercher son arme à son bureau, Eddy est arrivé trop tard sur le lieu du crime; pris de colère, il a arrosé d’une rafale le corps sans vie, ou mieux le cadavre de Rachidi qui, au demeurant, était déjà mort cliniquement parlant. Contrairement au mensonge généralement diffusé dans l’opinion, ce n’est donc pas le colonel Eddy Kapend qui a tué Rachidi. Car, le colonel Eddy n’était pas avec Mzee quand Rachidi l’avait assassiné, là où il se trouvait parmi d’autres dignitaires du régime. Et d’ailleurs, en cet instant-là, Eddy n’était pas armé?

Il est utile de préciser que Mzee Laurent Désiré Kabila est mort sur le coup devant le professeur Mota qui en fut témoin. Le régime de Kabila, à cet instant-là, s’arrêta.

Seulement voilà, du secret de la providence divine est spontanément sorti courageusement cet officier colonel Eddy Kapend, Chef d’Etat Major particulier du Président de la République, pour dire stop, et ordonner à tout le peuple congolais, et particulièrement aux généraux, officiers, sous-officiers, caporaux, et soldats de s’abstenir de tout acte de vandalisme, de nature à perpétrer les massacres contre notre peuple.

Chers compatriotes,

Vous êtes tous témoins de cette vérité historique; tous donc, militaires et civils, rebelles et loyalistes, étrangers et nationaux, lui obéiront spontanément comme par un amen collectif de l’évangile. C’est autant dire que le colonel Eddy Kapend a, non seulement empêché que le chaos ne s’abatte sur le pays comme ce fut le cas, jadis au Rwanda, lorsque le président Juvénal Habyarimana avait été lâchement assassiné à Kigali en 1994.

C’est autant dire qu’Eddy Kapend apparaît à nos yeux comme un héros de son temps, car ce dernier a, à coup sûr protégé la vie de nos populations et la famille de Laurent Désiré Kabila. Il a également arrêté les assassins complices de Rachidi, et il les avait mis tous vivants à la disposition des autorités judiciaires compétentes pour ouverture d’une enquête, afin d’élucider toute la vérité attendue sur cette ténébreuse affaire d’Etat.

A dire vrai, Eddy Kapend avait donc sauvé le régime de Kabila, en transférant sans aucune contrainte, le pouvoir du père au fils, par la seule force de sa loyauté à demeurer fidèle à Laurent Désiré Kabila président défunt, par son serment spécial à respecter et faire appliquer son testament politique dont il était le gardien. Et, il n’y a pas d’autres sources à la survie de ce régime qui se prolonge à travers Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, suivant le deal entre lui et Joseph Kabila.

Contrairement aux propos sulfureux de Yerodia Abdoulaye Ndombasi, qui dit: « … le colonel Kapend et consorts sont des innocents dans l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, mais on ne peut pas les libérer de la prison tant qu’on n’aura pas trouvé les vrais coupables ». Et ici, ma question pertinente est celle de savoir à quel principe juridique moral ce raisonnement de l’ancien baron du régime, le camarade Yorodia, tient-il? D’une analyse irrationnelle, subjective ou orientée?

Pourtant, Eddy avait mis à leur disposition, Yerodia étant lui-même ministre de Kabila, les présumés coupables de la mort de son ancien compagnon de lutte les présumés coupables de la mort de Laurent Désiré Kabila, et accepter comme parole de l’évangile, les idées ubuesques de Yerodia ainsi que celles des autres pseudo kabilistes, constituent une trahison à la mémoire de Mzee Laurent Désiré Kabila. Au contraire, Yerodia, Mwenze Kongolo et tous les amis de l’ancien président de l’époque, devraient se liguer comme un seul homme pour exiger la libération non seulement d’Eddy Kapend mais également et surtout de toutes celles et ceux qui sont innocents dans cette affaire et qui subissent l’injustice de la loi du plus fort, et l’emprisonnement injustifié de presque 20 ans maintenant, sans raison valable.

Sont-ils placés dans les couloirs de la mort pour mourir à petit feu, alors même que la Cour d’Ordre militaire n’a jamais prouvé leur culpabilité dans cet assassinat? Bien que, de leur groupe, 28 détenus sont déjà morts pour rien. Enfin, pour le plaisir du tireur de ficelle, commanditaire de cet acte ignoble!

De ce récit, nous pensons qu’après 18 ans de détention, Eddy Kapend est en droit de demander à l’organe de la loi, et aux compagnons de Mzee Laurent Désiré Kabila, où sont les assassins de l’ancien Président, que ce dernier avait mis à leur disposition? Qui les avait libérés et pourquoi? Et si par ailleurs, on n’en avait pas été soi-même complice, ou encore auteur intellectuel du crime?

Devant cette évidence et avec le recul du temps, si, par absurde, le lieutenant Rachidi ne s’était pas suicidé, il serait aussi parti comme tous les autres fugitifs, libérés pour une mission bien accomplie! Et, pour camoufler la vérité sur la mort du président de la République, les initiateurs de ce crime, ont décidé l’arrestation du colonel Eddy Kapend comme un parfait bouc-émissaire. Le terrain étant donc resté sans contrôle, ce qui, de fait, a permis aux nouvelles autorités, tirant profit du crime, de libérer, loin de l’œil indiscret, les recruteurs et les assassins de cet acte ignoble et barbare.

De ce qui précède, et pour tous les biens que le colonel Eddy Kapend a rendu à la nation, au peuple congolais, et à la famille de Laurent Désiré Kabila, Eddy Kapend n’a eu comme récompense que la prison!

Devant cette nouvelle évidence, et avec recul, si Rachidi ne s’était pas suicidé, il serait aussi parti comme tous les autres pour disculper voire cacher la vérité sur la mort de Mzee Laurent Désiré Kabila. Ainsi, face à un doute, et à défaut des preuves probantes, le colonel Eddy Kapend, qui aurait dû prendre le pouvoir, mais ne l’a pas pris, par loyauté à son chef lâchement assassiné, Eddy apparaît, aux yeux de l’opinion, comme un parfait bouc émissaire, qui paie à la place des autres commanditaires fugitifs!

A l’analyse de notre succinct réquisitoire, nous n’avons pas la prétention d’avoir épuisé ce sujet d’extrême actualité, néanmoins, comme décrit lors de nos précédentes publications sur ce sujet, nous disons et confirmons que comme toute le monde le sait (pouvoir et peuple): que le Colonel Eddy Kapend est innocent de la mort du président Laurent Désiré Kabila, en dépit du mensonge de la Cour d’Ordre Militaire de triste mémoire. D’ailleurs, aucun jugement définitif n’existe sur cette nébuleuse affaire, où d’ailleurs un doute méthodique persiste encore dans notre subconscient collectif.

Certes, il y aura probablement d’autres procès à l’avenir et des enquêtes pour connaître la vérité, autour de la mort d’un chef d’Etat en plein exercice, mais en attendant, rien n’est fait, au contraire, on se contente d’amplifier l’accusation contre Eddy, et consorts, d’atteinte à la sûreté de l’Etat, en leur portant ainsi, par la force des choses, l’habit de prisonnier, alors qu’ils sont innocents et, malgré ce désir de faire mal à un semblable, Eddy et ses compagnons furent amnistiés en 2005, et acquittés par la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples en 2013, avec l’obligation pour l’Etat congolais de les libérer tous et les dédommager pour les préjudices physiques et moraux subis lors de leur détention injustifiée. Bénéficiaires de toutes les mesures de décrispation telles qu’exigées par tous les accords politiques internes et externes en l’occurrence: Lusaka, Sun City et Saint-Sylvestre du 31 Décembre 2016.

Chers compatriotes,

Nous ne pouvons pas conclure ce condensé de plaidoyer, nous les amis et compatriotes d’Eddy Kapend, sans en appeler à l’ultime attention du nouveau Président de la République, Félix Antoine-Félix Tshilombo Tshisekedi, que depuis sa prise de fonction, il ne cesse de nous conduire, selon sa rhétorique, dans un carrefour d’un Etat de droit, et si tel est le cas, nous recourons donc à son autorité, afin que la reconnaissance de toute la nation congolaise, et de la famille biologique de Laurent Désiré Kabila, soit rendue à Eddy Kapend pour sa maîtrise de la situation, le jour fatidique du 16 janvier 2001 et de libérer sans autre forme de procès le Colonel Eddy Kapend et ses compagnons d’infortune.

In fine, ça sera ainsi justice pour eux, et pour la mémoire de Mzee Laurent Désiré Kabila, qui s’est trompé de partenaires, lors de sa marche triomphale vers Kinshasa, un certain 17 Mai 1997, dont le sang ne doit pas couler sur la tête des innocents, alors que les coupables sont à l’abri de tracas nauséabonds.

En sus, nous profitons de cette tribune, nous les amis, compatriotes et famille d’Eddy Kapend, d’exprimer notre vif souhait, à Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi, Président de la République et Chef de l’Etat, de libérer comme il l’a déjà fait, précédemment, à d’autres prisonniers politiques, et d’opinion, le colonel Eddy Kapend, et ses compagnons, pour des raisons humanitaires et de justice, d’une part et de décrispation de crise d’autre part.

Par ce geste paternel, nous souhaitons vivement que la République Démocratique du Congo, notre pays, sorte, si vite, au cours de votre quinquennat, de ses prédateurs véreux, machiavéliques et haineux, et connaisse à l’instant présent, une renaissance humaniste et démocratique, pour qu’enfin, qu’elle devienne un couloir de la paix, et de pont entre les civilisations, en espérant que demain, les temps seront meilleurs!

Source: Congo Indépendant  

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Le massacre à la cour de Mashira et le climat de suspicion permanent entre les Hutu et les Tutsi du Rwanda

Carte: Royaumes du Rwanda Ancien


Par François Munyabagisha
Le 5 Janvier 2021

Dans son recent livre intitulé "Rwanda: les virages ratés", pp.34-35, le génie historien Rwandais, Ferdinand Nahimana, fait lire ceci:

[...] Mibambwe Mutabazi a utilisé ses relations matrimoniales avec la lignée régnante du clan des Ababanda pour conquérir le royaume du Nduga. À ce sujet, Alexis Kagame (1972, pp.79-80) a écrit:

"Tandis qu'il entreprenait son voyage de retour au pays, Mibambwe I dépêcha des messagers vers Mashira, monarque du Nduga, son gendre. Il lui demandait l'hospitalité et le libre passage à travers le Nduga. Mashira avait sa résidence au sommet de Rwesero; et il tint à fêter son beau père en la capitale même du Nduga. Mibambwe I y fut donc invité et il trouva un logement préparé à son intention à Nyamagana, dans les abords immédiats de Nyanza [non loin du palais de Mashira. Tandis que Mashira s'affairait dans l'arrangement des festivités, il fut arrêté à l'improviste, avec tous ses enfants mâles. Ils furent traîtreusement massacrés, ce qui mettait fin à la lignée régnante des Ababanda."

Le massacre à la cour de Mashira fut suivi par d'autres à travers le royaume du Nduga. Mibambwe et ses hommes s'employèrent à supprimer toute personne ayant eu quelque rôle dans la gestion du pouvoir. La répression fut dure et longue; elle créa chez les habitants du Nduga conquis un profond ressentiment contre les nouveaux conquérants tutsi et une grande méfiance du Hutu envers le Tutsi, surtout envers le sommet de la hiérarchie politique et administrative.

Depuis cette époque, certainement à cause de l'importance de Mashira évincé par perfidie, et à cause de sa crédulité dans ses relations avec ceux qui ont été finalement ses tueurs, attitude que ces derniers ont qualifiée de naïve, il existe chez le peuple rwandais un climat de suspicion permanent entre les Hutu et les Tutsi. Le Hutu a peine à croire à l'existence de sincérité chez le Tutsi. Quand le Tutsi l'approche pour n'importe quelle affaire, il est toujours réticent car il pense qu'il veut lui tendre un piège. De son côté, le Tutsi considère le Hutu comme naïf, trop attaché au respect du pacte conclu dans le domaine du mariage ou de l'amitié, peu regardant et rarement calculateur. [...]

Ce récit ainsi que d’autres monstruosités de la monarchie tutsie au Rwanda ne serait-il pas en mirroir avec les tragédies en cours au Rwanda depuis 1994?

SI LA REPONSE A CETTE QUESTION DEVAIT ETRE AFFIRMATIVE, QUELLE LUMIERE EN TIRER ET QUELLE MEDICATION?

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Rwanda: les virages ratés
Par Ferdinand Nahimana
Préface de Helmut Strizek, 
Collection: Le droit à la parole
Editeur: Sources du Nil

L'auteur de l'ouvrage inventorie et analyse les occasions manquées de dialogue et de prise de décisions importantes utiles, éclairées et concertées garantissant à l'homme tous ses droits dans la société. Il dresse le tableau des causes profondes du drame "rwandais" parmi lesquelles on retrouve notamment le refus de l'autre et le mépris d'autrui, déclencheurs de conflits et de malheurs.

Il met en relief les multiples opportunités que le peuple rwandais n'a pas saisies pour cimenter son unité et éviter le cycle de la violence qui a finalement abouti aux massacres massifs de 1994 qualifiés de génocide par l'ONU. Les événements qui ont conduit à cette hécatombe ne sont pas soudainement tombés du ciel ni subitement sortis de l'enfer. Ils sont le résultat d'un long processus que beaucoup d'analystes taisent volontairement ou par méconnaissance. Il analyse de nombreux faits et gestes d'acteurs sociaux, politiques et militaires rwandais et étrangers dans les deux dernières décennies du 20ème siècle qui constituent un dernier précipitant. Cet ensemble permet de comprendre comment le Rwanda s'est projeté sous les feux de l'actualité depuis 1994.