SOS pour les Réfugiés Rwandais à l’Est de la République Démocratique du Congo
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Réfugiés Hutu Rwandais, Goma-RDC/Photo AFP |
Goma, RDC : Au
moment où une lueur d’espoir semblait poindre à l’horizon - grâce non seulement
aux négociations de paix en cours, parrainées par les États-Unis, mais aussi
aux efforts du président Félix Antoine Tshisekedi et de son gouvernement, qui,
en quelques mois seulement depuis le début de son second mandat, ont réussi à
redorer le blason de la République Démocratique du Congo (RDC) sur l’échiquier
international en exposant les mensonges grossiers des rebelles du M23,
supplétifs des Forces de Défense du Rwanda (RDF), et en affirmant leur rôle
crucial dans la défense de la souveraineté nationale et la stabilité de la
région des Grands Lacs africains - ce mois de mai 2025 a vu une résurgence
dramatique de violences indicibles à l’Est de la RDC.
En effet, des familles entières
ont été enlevées par l’armée rwandaise, arrachées à leurs terres ancestrales.
Leurs cartes d’identité congolaises ont été confisquées puis brûlées, leur
nationalité bafouée avec mépris. Rassemblées comme du bétail, humiliées
publiquement dans la boue du stade de Goma, elles ont été déportées de force
vers le Rwanda. D’autres ont été sommairement assassinées et jetées dans des
fosses communes, dans un silence assourdissant de la communauté internationale.
Le cas le plus flagrant est celui du HCR qui participe à ces rapatriements forcés
alors qu’il devrait protéger ces réfugiés. Selon RFI dans sa sortie du 20 mai
2025, « le HCR à Genève reconnaît que ces retours ne remplissent pas
toutes les conditions d’un rapatriement volontaire, mais ajoute qu’il ne s’agit
pas non plus d’expulsions ou de refoulements ». Ces violences
appellent une intervention urgente, notamment du Haut-Commissariat des Nations
Unies pour les Réfugiés (HCR), ainsi que des gouvernements des pays de la
région des Grands Lacs et de la Communauté de Développement de l’Afrique
Australe (SADC).
Les images en provenance de Goma
et de Bukavu, deux villes récemment conquises par les rebelles du M23/RDF, sont
insoutenables. Les crimes commis par les militaires rwandais à l’encontre des populations
congolaises et des réfugiés hutu rwandais se poursuivent depuis plus de trois
décennies sans réaction significative de la communauté internationale.
Plusieurs rapports des Nations Unies, notamment le Rapport Mapping, ont
documenté ces crimes à plusieurs reprises sans qu’aucune justice ne soit
rendue. Cette culture d’impunité accordée aux rebelles du M23 soutenus par le
Rwanda, et même aux militaires rwandais eux-mêmes, a atteint un point critique
à Goma et à Bukavu où des familles congolaises - femmes, enfants, vieillards -
au faciès bantou, ainsi que des réfugiés hutu rwandais, sont traqués jour et
nuit, arrêtés, torturés, tués ou déportés de force vers le Rwanda sous prétexte
qu’ils seraient hostiles à l’occupation de ces deux villes par les rebelles du
M23/RDF. Ceux qui parviennent à fuir sont poursuivis comme du gibier. Les
rebelles les forcent à rendre leurs cartes d'identité congolaise, les
qualifiant ainsi d’immigrants « irréguliers » en RDC.
Il convient de rappeler que la
présence des réfugiés hutu rwandais en RDC remonte à 1994, après la prise du
pouvoir par les armes au Rwanda par le FPR de Paul Kagame. À cette époque, la
RDC avait accueilli plus de deux millions de réfugiés rwandais. En 2014, un
recensement réalisé par la Commission nationale congolaise des réfugiés, avec
l’appui du HCR, avait identifié plus de 245 000 réfugiés. Aujourd’hui, leur
nombre est estimé à 202 844 selon un rapport du HCR publié le 30 avril 2025. Il
est révoltant de constater que, dès le 30 juin 2013, le HCR avait invoqué la «
clause de cessation » du statut de réfugié pour des réfugiés ayant fui avant le
31 décembre 1998, affirmant que « des changements fondamentaux et durables
» avaient eu lieu au Rwanda. Et pourtant, voici la réalité actuelle.
Ces actes criminels répétés
contre les réfugiés hutu rwandais en RDC et dans les pays de la SADC risquent
de provoquer des catastrophes humanitaires majeures si la communauté
internationale, en collaboration avec les pays hôtes, ne trouve pas rapidement une
solution négociée pour un rapatriement volontaire, sécurisé et digne. La
question des réfugiés hutu rwandais en RDC doit impérativement être intégrée
aux négociations en cours entre le Rwanda et la RDC, sous facilitation
américaine. Si les violences contre ces réfugiés persistent et que le
régime de Kigali continue de les diaboliser en les qualifiant systématiquement
de génocidaires, ces réfugiés n’auront d’autre choix que de chercher à résoudre
leur situation par des moyens extrêmes - comme l’ont fait jadis les dirigeants
actuels du FPR, qui, après trente ans d’exil, ont pris les armes contre un
Rwanda alors paisible, sans antécédents d’assassinats extraterritoriaux de
réfugiés, en violation flagrante des règlements du HCR.
Il est donc impératif que la
communauté internationale, la RDC, le Burundi, la Tanzanie et l’Afrique du Sud
s’unissent pour apporter une solution durable à la crise des réfugiés hutu
rwandais à l’Est de la RDC, victimes des violences indescriptibles perpétrées
par les rebelles du M23/RDF. Une approche inclusive, traitant les causes
profondes de cette présence prolongée, est nécessaire pour instaurer une paix
durable dans la région des Grands Lacs. Cela implique notamment l’inclusion de
ces réfugiés dans les pourparlers de paix. Une justice équitable pour tous est
indispensable, sans oublier la vérité sur le drame rwandais, qui dure depuis le
1er Octobre 1990. La communauté internationale sait pertinemment que
le véritable responsable du génocide rwandais est avant tout celui qui a
ordonné l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril
1994, un acte terroriste à l’origine des souffrances qui affligent encore
aujourd’hui l’ensemble de la région des Grands Lacs, y compris les pays de la
SADC. Le peuple rwandais attend toujours que la vérité soit faite sur l’auteur
de cet attentat, pour qu’il puisse enfin être traduit en justice.
Articles de la même série :
Est de la RDC : près de 800 personnes présentées comme
rwandaises transportées à la frontière pour un rapatriement.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250520-est-de-la-rdc-pr%C3%A8s-de-800-personnes-pr%C3%A9sent%C3%A9es-comme-rwandaises-transport%C3%A9es-%C3%A0-la-fronti%C3%A8re-pour-un-rapatriement
Dénonciation des campagnes de déportation de réfugiés
rwandais depuis la RDC et appel à une prise en charge politique internationale
de la question
https://x.com/NormanIshimwe/status/1925166606423867749
Distress of Rwandan Refugees and Congolese Populations
Threatened with Enforced Repatriation to Rwanda
https://x.com/SOS_Rwanda/status/1925407733559566543
Hundreds of Rwandans who fled to Congo after the 1994 genocide return in
UN repatriation
https://www.washingtonpost.com/world/2025/05/17/congo-rwanda-hutu-refugees-repatriated-un/77d05b54-3347-11f0-8498-1f8214bba2d2_story.html
HCR : La cessation du statut de réfugié approche
pour les Rwandais
https://www.unhcr.org/fr/actualites/briefing-notes/la-cessation-du-statut-de-refugie-approche-pour-les-rwandais
RDC : 245 000 réfugiés rwandais recensés
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20140820-rdc-refugies-rwandais-recenses-nord-kivu
Malawi: Aid cuts spur refugee repatriation proposal
https://times.mw/aid-cuts-spur-refugee-repatriation-proposal/