Thursday, December 27, 2012

FPR : 25 ans déjà et c'est (presque) fini...


Par Cécile Kami
Le 26 Décembre 2012.

Alors qu'une effervescence planétaire concernant la fin du monde a distrait tout ce que le monde compte de crédules, le parti politique qui a fait main basse sur le Rwanda a offert un énorme spectacle aux allures de chant du cygne. Les festivités célébrant les 25 ans de ce qui est devenu le Front patriotique du Rwanda n'ont ainsi laissé personne indifférent ; tous les discours prononcés à cette occasion ont juste évité de reconnaître la faillite idéologique du leadership de ce mouvement, mais ont remarquablement trahi un triple souci : celui d'abord de séduire ses membres, de tromper ensuite (c'est devenu une habitude) l'opinion internationale et enfin de faire peur à tous ceux (affiliés ou non) qui ont démasqué le Front. Le clou de ce festival sera cet aveu d'impuissance, frustration présidentielle s'il en est : « nous sommes prêts à nous cacher encore dans des trous pour faire face à nos ennemis » ! Ce n'est bien sûr qu'une paraphrase, mais comment ne pas y voir un clin d’œil à la triste fin de Saddam Hussein (déniché dans un trou) et de son compère Mouammar Kaddafi (débusqué dans un tunnel) ?

Ibisa birasabirana dit-on en kinyarwanda. Il n'arrête pas en effet depuis un bout de temps déjà d'étaler, à la face de son peuple, toute la peur qui le tourmente. Le despote de Kigali ne sait plus en effet à quel saint se vouer depuis que, la main dans le sac, il a été pris en plein accouplement avec les bandits du M23, une organisation dont le chef est un clone de Joseph Kony, c'est-à-dire, un mangeur d'enfants. De jérémiades en goujateries et de menaces en autosatisfaction, le chef du Fpr a pris les vomissures qu'il débite à longueur de journée pour une rhétorique nationaliste. Sentant une partie de ses compatriotes moins intéressée par son comportement immodéré, narcissique et immature, Paul Kagame a voulu ruser en lançant un appel du pied à tous les Africains qu'il doit prendre pour des amnésiques. Car, et c'est cela le plus révoltant dans toutes les manifestations de « joie » du jubilé d'argent du Fpr, les forfaits qui émaillent l'histoire sanglante de ce mouvement ne peuvent et ne pourront jamais être effacés par les fastes imaginés et mis en place par les rapaces qui, sous des airs de notables se parent du drapeau national en se faisant applaudir par ceux qu'ils viennent d'endeuiller.

Lorsqu'en ce début d'octobre 1990 le commandant Fred Rwigema lançait le retour armé des siens qu'une politique brouillonne avait dénaturalisé, il était loin de s'imaginer que le parti sous la bannière duquel il ouvrit les hostilités deviendrait 22 ans plus tard, un moribond se nourrissant du sang de ceux dont il était sensé assurer protection et prospérité. Il ignorait surtout que le power hungry des plus débiles de ses camarades allait plonger le pays dans les abysses d'un génocide dont on n'a pas fini d'entendre les conséquences. Comment les dignitaires au pouvoir aujourd'hui peuvent-ils se regarder chaque matin dans une glace en ayant à l'esprit le nombre de Tutsi qu’ils ont sacrifiés pour avoir leur maudite « omelette » ? Par la suite ils ont, toute honte bue, invité les rescapés à planquer leurs sentiments dans des réfrigérateurs avant de rappeler par une cynique phrase qu'ils n 'étaient pas la Croix-Rouge... Quelle image ont-ils d'eux-mêmes, ces inkotanyi, après les massacres des Hutu à Kibeho et les actes de génocide commis entre Tingi-Tingi et Lukolela ?

Ceux qui ne connaissent pas la vraie nature de ces charognards qui continuent d 'écumer les forets du Kivu ont voulu croire que les milices de Kagame ne tuaient que par vengeance (eux disent éhonteusement « légitime défense » ou « droit de poursuite »). La vérité est que l'organe décideur du Fpr est constitué d'authentiques hématophiles, des vampires qui ne peuvent survivre sans s'abreuver du sang du peuple. Comment expliquer sinon la mort des héros comme Kayitare, Nduguteye, Biseruka, Mvunanyambo, et j'en passe et des plus valeureux. Les griots et autres idiots utiles du Cyama peuvent-ils nous dire l'affront que vengeait la mort de ces valeureux fils du Rwanda ? Peuvent-ils nous dire pourquoi leur souvenir a été soigneusement banni des commémorations des 25 ans d'un parti que leur sang a aidé à triomphé ? Peuvent-ils surtout nous dire pourquoi la localité de Mulindi (QG de Kagame) dame le pion à celle de Matimba (QG et cimetière du général Rwigema)?

Réponse : la volonté d'un seul homme. Paul Kagame. Le même qu'honnissaient ses hôtes ougandais au point de le surnommer Pilatus, du nom de ce ponce romain qui ordonna l'exécution et la crucifixion de Jésus de Nazareth. Le même par la zizanie duquel le Front patriotique rwandais a rendu l'âme avant même d'entrer dans Kigali. Le même que le général Kayumba Nyamwasa a sauvé la vie par 2 reprises avant de se voir récompensé par un second exil et une tentative d'assassinat. Kagame, le même qui, en septembre 2010, déclarait qu'une opposition sans armes ne lui faisait pas peur... Le même qui a embastillé toutes les voix dissonantes, assassiné plus de journalistes qu'aucun autre de ses voisins. Kagame qui a assassiné 3 présidents en exercice et qui en a déterré un quatrième. Kagame, le présumé génocidaire qui se demande ce que sera son statut juridique après le terme de son actuel mandat. Kagame, le président le plus malpoli (avec ses expressions irrespectueuses) de tous ceux qui ont présidé aux destinées du Rwanda.

En fêtant donc les 25 ans du Fpr, Kagame a voulu assumer, publiquement et devant l'histoire, son hold up. Sa suprématie face aux nostalgiques du Fpr originel (historique). Par la ruse et par l'assasinat, une clique d'afande obéissant au major Kagame a miné un parti que Rwigema voulait national et que les Rwandais croyaient moderne. Ont fait scission-défection les Kimenyi, Sendashonga, Gahima, Micombero, etc. Les plus chanceux vivent en exil, les autres ont succombé sous les balles des fameux techniciens du régime, ces tueurs qui sillonnent le monde à la recherche des victimes à fusiller ou à empoisonner. Ce jubilé n'est donc rien d'autre qu'un exercice pour faire table rase du patriotisme prôné par les compagnons de Rwigema, le grand absent de ces festivités. Ces dernières interviennent quelques mois seulement après le cinquantième anniversaire du pays que le gouvernement Kagame n'a pas voulu célébrer prétendument parce que la lutte pour l'indépendance fut une occasion de pas mal de douleur parmi les Rwandais. Et l'attaque d'Octobre 1990 ? Et l'assassinat du président Juvenal Habyarimana ? N'ont-ils provoqué que des bonnes suites ?

Il n'est de ce fait pas injuste de dire que l'arrivée du Fpr sur la scène politique rwandaise a causé plus de tort que de bien aux Rwandais et à toute la sous-région. Et que cela, la plupart des observateurs, en ce compris les « amis » du Rwanda, ont fini par (heureusement) le comprendre. Les usurpateurs du Fpr essaient de se forgent une conscience de stoppeurs du génocide, mais omettent soigneusement de dire que leur responsabilité est clairement engagée dans ce dossier. Ils crient développement tous les jours, mais leurs rapports savamment techniqués ne résistent pas aux analyses honnêtes ainsi qu'à la réalité quotidienne que vivent les Rwandais. Ils se targuent d'avoir l'armée la mieux disciplinée, mais doivent envoyer cette dernière commettre des exactions chez les voisins quand elle n'est tout simplement pas en train de « blanchir » certains officiers sales qui au Darfour, qui au Soudan du sud, qui en Haïti. Ils propagent l'évangile du bien-être du peuple, mais s'ingénient à lui extorquer ses maigres revenus, via moult mécanismes (agaciro étant la toute dernière trouvaille) de taxation. Voilà le Fpr.

25 ans après donc et c'en est presque fini. La plus belle fille du monde n'a donné que ce qu'elle avait, c'est-à-dire la mort et le mensonge. Ces deux maux finiront tôt ou tard par achever la bâtisse Fpr-version Kagame. Ce n'est pas pour rien que le retour dans son trou a été évoqué par le président Kagame. La question qui reste est de savoir la vraie motivation de ceux qui applaudissent cette prophétie présidentielle. Le font-ils parce qu'ils sont séduits par la permanente et redondante autosatisfaction du Cyama ? Par la peur des oeuvres des gros bras du Fpr ou parce qu'ils se préparent (déjà) tant mieux que mal à ce retour des afande dans des trous ? N'est-ce pas Gérard de Rohan Chabot qui disait que la suffisance était une façon pour certains d'accabler les autres de leur infériorité ? En cette fin 2012 il n'y a pas eu de fin du monde, mais le Fpr est en train de vivre la fin d'une époque : celle du bénéfice du doute lui accordé par beaucoup de Rwandais. Le début surtout d'une fin.

Source: DHR

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