Saturday, December 7, 2013
Samedi 7 Décembre 2013
Source : Le Blog Officiel de Bernard Lougan
Né le 18 juillet 1918 dans l’ancien Transkei, mort
le 5 décembre 2013, Nelson Mandela ne ressemblait pas à la pieuse image que le
politiquement correct planétaire donne aujourd’hui de lui. Par delà les émois
lénifiants et les hommages hypocrites, il importe de ne jamais perdre de vue
les éléments suivants :
1) Aristocrate xhosa issu de la lignée royale des
Thembu, Nelson Mandela n’était pas un « pauvre noir opprimé ». Eduqué à
l’européenne par des missionnaires méthodistes, il commença ses études
supérieures à Fort Hare, université destinée aux enfants des élites noires,
avant de les achever à Witwatersrand, au Transvaal, au cœur de ce qui était
alors le « pays boer ». Il s’installa ensuite comme avocat à Johannesburg.
2) Il n’était pas non plus ce gentil réformiste que
la mièvrerie médiatique se plait à dépeindre en « archange de la paix » luttant
pour les droits de l’homme, tel un nouveau Gandhi ou un nouveau Martin Luther
King. Nelson Mandela fut en effet et avant tout un révolutionnaire, un
combattant, un militant qui mit « sa peau au bout de ses idées », n’hésitant
pas à faire couler le sang des autres et à risquer le sien. Il fut ainsi l’un
des fondateurs de l’Umkonto We Sizwe, « le fer de lance de la nation », aile
militaire de l’ANC, qu’il co-dirigea avec le communiste Joe Slovo, planifiant
et coordonnant plus de 200 attentats et sabotages pour lesquels il fut condamné
à la prison à vie.
3) Il n’était pas davantage l’homme qui permit une
transmission pacifique du pouvoir de la « minorité blanche » à la « majorité
noire », évitant ainsi un bain de sang à l’Afrique du Sud. La vérité est qu’il
fut hissé au pouvoir par un président De Klerk appliquant à la lettre le plan
de règlement global de la question de l’Afrique australe décidé par Washington.
Trahissant toutes les promesses faites à son
peuple, ce dernier :
- désintégra une armée sud-africaine que l’ANC
n’était pas en mesure d’affronter,
- empêcha la réalisation d’un Etat multiracial
décentralisé, alternative fédérale au jacobinisme marxiste et dogmatique de
l’ANC,
- torpilla les négociations secrètes menées entre
Thabo Mbeki et les généraux sud-africains, négociations qui portaient sur la
reconnaissance par l’ANC d’un Volkstaat en échange de l’abandon de l’option
militaire par le général Viljoen.
4) Nelson Mandela n’a pas permis aux fontaines
sud-africaines de laisser couler le lait et le miel car l’échec économique est
aujourd’hui total. Selon le Rapport Economique sur l’Afrique pour l’année 2013,
rédigé par la Commission économique de l’Afrique (ONU) et l’Union africaine (en
ligne), pour la période 2008-2012, l’Afrique du Sud s’est ainsi classée parmi
les 5 pays « les moins performants » du continent sur la base de la croissance
moyenne annuelle, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le
Swaziland (page 29 du rapport).
Le chômage touchait selon les chiffres officiels
25,6% de la population active au second trimestre 2013, mais en réalité environ
40% des actifs. Quant au revenu de la tranche la plus démunie de la population
noire, soit plus de 40% des Sud-africains, il est aujourd’hui inférieur de près
de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994. En 2013, près de
17 millions de Noirs sur une population de 51 millions d’habitants, ne
survécurent que grâce aux aides sociales, ou Social Grant, qui leur garantit le
minimum vital.
5) Nelson Mandela a également échoué politiquement
car l’ANC connaît de graves tensions multiformes entre Xhosa et Zulu, entre
doctrinaires post marxistes et « gestionnaires » capitalistes, entre
africanistes et partisans d’une ligne « multiraciale ».
Un conflit de génération oppose également la
vieille garde composée de « Black Englishmen », aux jeunes loups qui prônent
une « libération raciale » et la spoliation des fermiers blancs, comme au
Zimbabwe.
6) Nelson Mandela n’a pas davantage pacifié
l’Afrique du Sud, pays aujourd’hui livré à la loi de la jungle avec une moyenne
de 43 meurtres quotidiens.
7) Nelson Mandela n’a pas apaisé les rapports
inter-raciaux. Ainsi, entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l’ANC était
"en guerre" contre le « gouvernement blanc », une soixantaine de
fermiers blancs furent tués. Depuis avril 1994, date de l’arrivée au pouvoir de
Nelson Mandela, plus de 2000 fermiers blancs ont été massacrés dans l’indifférence
la plus totale des médias européens.
8) Enfin, le mythe de la « nation arc-en-ciel »
s’est brisé sur les réalités régionales et ethno-raciales, le pays étant plus
divisé et plus cloisonné que jamais, phénomène qui apparaît au grand jour lors
de chaque élection à l’occasion desquelles le vote est clairement « racial »,
les Noirs votant pour l’ANC, les Blancs et les métis pour l’Alliance
démocratique.
En moins de deux décennies, Nelson Mandela,
président de la République du 10 mai 1994 au 14 juin 1999, puis ses
successeurs, Thabo Mbeki (1999-2008) et Jacob Zuma (depuis 2009), ont
transformé un pays qui fut un temps une excroissance de l’Europe à l’extrémité
australe du continent africain, en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un
océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences, réalité en
partie masquée par quelques secteurs ultraperformants, mais de plus en plus
réduits, le plus souvent dirigés par des Blancs.
Pouvait-il en être autrement quand l’idéologie
officielle repose sur ce refus du réel qu’est le mythe de la « nation
arc-en-ciel » ? Ce « miroir aux alouettes » destiné à la niaiserie occidentale
interdit en effet de voir que l’Afrique du Sud ne constitue pas une Nation mais
une mosaïque de peuples rassemblés par le colonisateur britannique, peuples
dont les références culturelles sont étrangères, et même souvent irréductibles,
les unes aux autres.
Le culte planétaire quasi religieux aujourd’hui
rendu à Nelson Mandela, le dithyrambe outrancier chanté par des hommes
politiques opportunistes et des journalistes incultes ou formatés ne changeront
rien à cette réalité.
À voir, également, sur E&R : « Bernard Lugansur le mythe Nelson Mandela »
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