Saturday, December 5, 2020

Le contrôle du pouvoir au Rwanda entre 1990-1994

Par Seif Omar Dufitemungu
Le 3 Décembre 2020
Source: DHR

Bonjour Connaissances et Amis;

Bonjour Mme Yvette ITUZE.

Je tiens à vous faire part de mon appréhension de cette guerre du Rwanda que j’ai vécue avant, pendant et après; jusqu’en septembre 2004.

Cette loi est universelle : « La guerre repose sur le mensonge et elle a l’intérêt pour ressort ». Oui, le Front patriotique ne visait que le pouvoir, tout le pouvoir et uniquement que le pouvoir. Le reste est du mensonge. Le FPR a proféré rien que des mensonges dès sa création à aujourd’hui. Du retour des réfugiés à « une hypothétique politique d’extermination des Tutsi » comme vous dites.

Des tutsi, parlons-en, plutôt. Vous tombez, la tête la première, dans la nasse du Fpr. Celui qui a pris le pouvoir ne représentait que les tutsi de l’avant 1960, résolus à récupérer le pouvoir à tout prix. Nous nous devons de faire la part des choses. Il y avait les hutu au pouvoir, les tutsi de l’intérieur et le Frp qui recrutait tant les hutu que les tutsi de l’intérieur. Surtout parmi les hutu au pouvoir. L’Histoire dit « Les Romains ne vainquirent les Grecs que par les Grecs-mêmes ». Seulement voilà, pour accéder au pouvoir, les tutsi de l’intérieur devaient mourir. Qu’importait le nom du tueur.

Nous apprenons à travers deux principes de « L’Art de guerre » dont Paul Kagame a largement usé et abusé : « Frappe dans tes rangs aussi fort que tu le feras dans les rangs de l’ennemi, mets-le sur son compte, l’opinion te croira » dit le premier ; et le second qui aussi son corolaire dit « Ce que ton ennemi ne veut pas faire, fais-le en son nom ». Ces principes font encore aujourd’hui les choux gras du Front patriotique. Pendant les quatre ans de la guerre, non seulement Paul Kagame a appliqué les principes de Sun Tzu en plus il leur a allié ceux de la propagande.         

Le 16 avril 1992, fut mis en place un gouvernement censé être une coalition. Lequel gouvernement se devait d’empêcher le Front patriotique d’accéder au pouvoir par les armes. Les dirigeants « des Forces démocratiques pour le changement » se sont mis le doigt dans l’œil en croyant, mordicus, au syncrétisme délibéré des « spécialistes du Rwanda » qui leur ont répété simultanément « coalition et opposition » comme si les deux finalités désignaient une même réalité. Une aberration pourtant que, refusant de se dédire, les mêmes spécialistes reprennent encore aujourd’hui. Et vous avec Madame ! Oui. Et vous avec Monsieur ! Eux, craignant pour leur crédibilité, vous induisent sciemment en erreur. Non ; on n’est pas opposé au gouvernement dont on est membre. Ce syncrétisme induira lesdites forces pour le changement vers un crétinisme pitoyable. A l’époque, deux partis étaient dans l’opposition : le Parti démocrate islamique, le Pdi, et la Coalition pour la défense de la République (la Cdr). Ayons au moins l’honnêteté intellectuelle de reconnaître à la Cdr d’être restée opposée aux deux gouvernements. Son président, Martin BUCYANA, et son petit frère qui le conduisait seront assassinés par le Fpr, le 23/02/1993. Le lendemain de celui du Ministre Félicien GATABAZI. Il les a tués pour que la guerre de lutte de pouvoir devînt une guerre civile. Mais du vivant du Président HABYARIMANA, la guerre de tous contre tous était quasi impensable.

Chacun de nos actes est mu par l’intérêt. Un crétin est celui qui, à la fin, au lieu de bénéficier de ses actions en sera le seul grand perdant ; alors que tous les autres en profiteront. C’est dans cet ordre d’idées que le chef du service central de renseignement, le Dr Augustin IYAMUREMYE, de connivence avec le Fpr et Paul Kagame, refuse un moindre renseignement au Chef de l’Etat et Chef suprême des armées en guerre. Lequel Président sera uniquement abreuvé de la propagande dudit Front. C’est à cause de la machination de cette propagande que le Président HABYARIMANA a snobé les décisions politiques du MDR lors de son Assemblée générale extraordinaire du 21 juillet 1993, entre autres la démission de Mme la 1ère Ministre Agathe UWIRINGIYIMANA. Celle-ci sera contrainte de se dédire. Le lendemain matin et sans un moindre coup de feu, sur plus de 150 km, la guerre maintenue pendant plus de 3 ans à la frontière fut déplacée par le Dr Anastase GASANA, Ministre des affaires étrangères, jusqu’en plein milieu de la capitale, le centre des décisions militaires et le centre de gravité de notre pouvoir, donc l’objet de convoitise du Fpr et la raison d’être de la guerre. Tout ce que M. Boniface NGURINZIRA avait refusé aux hommes d’en face, Anastase GASANA le leur a offert sur un plateau en or, le 27 juillet 1993, après un tête-à-tête dudit Ministre avec les agents du Front patriotique, loin du médiateur et des observateurs, à KINIHIRA. Sans le concours efficace du Secrétaire général du service central de renseignement, Augustin IYAMUREMYE, à l’assassinat du Président HABYARIMANA et du Chef d’état-major, les plans de Paul Kagame seraient tombés à l’eau. Tout simplement. Un principe de l’Art de la guerre explique cette coopération. A cette époque, l’homme fort du pays était bel et bien le Chef d’état-major, un foudre de guerre cet homme. Le Président HABYARIMANA avait, à plusieurs reprises, montré à l’ennemi la limite de sa pensée. Quant au Dr IYAMUREMYE Augustin, il avait mis sous cloche le service central de renseignement. Devenu un ornement inutile.

Les négociations que nous avons prises comme un règlement pacifique du conflit armé étaient pour le Front patriotique une arme de guerre... Dit encore Sun Tzu : « L’ennemi laisse béer une ouverture : on s’y engouffre sans délai et on se rend maître de quelque point vital, sans lui laisser deviner la date choisie pour l’engagement ». La paix se construit par la bonne volonté des parties en conflit et autour de celle -ci. Mais, la guerre résulte de la mauvaise foi de l’une d’elles. La répartition et la distribution des rôles ont été des prétextes pour justifier la reprise des hostilités par le Fpr. En prêtant serment le 5 janvier 1994, le Président avait engagé le pays vers un gouvernement à base élargie. Son assassinat y a fin. Il a plongé le pays dans le coach en vertu d’un autre principe de l’art de la guerre d’opposer à l’ordre du gouvernement le désordre.

Le multipartisme qui a été introduit en 1991 le fut à contre-temps. Il aurait dû l’être le jour même où le Président HABYARIMANA a annoncé dans un discours, en août 1988 : « (…) notre pays va adopter un nouvel aggiornamento politique » ; quitte à ne le suspendre qu’à l’invasions du pays par les forces pour récupérer le pouvoir ou le Fpr. Une fois de plus, le Président HABYARIMANA a montré qu’il ne comprenait qu’à retardement. Le coup d’Etat du Fpr du 06/04/94 n’a pas que mis le feu aux poudres, il a aussi permis audit front de s’improviser sapeur-pompier. Laquelle propagande, qui a fait croire que la guerre opposait "tous contre tous" selon von Clausewitz, a induit aussi en erreur la communauté internationale. 

Expliquer « une hypothétique extermination des tutsi » exige de nous de comprendre et « l’Art de la guerre » et « la propagande » dont Paul Kagame et le Fpr se sont servi pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. La loi sacro-sainte de la propagande consiste à « Simplifier et répéter. Répéter ». A seule fin de créer des automatismes partout. S’en prémunir passe par comprendre son fonctionnement. Le hic est que la plupart d’entre nous ont vite accepté « la servitude volontaire », refusent de douter de tout et reprennent platement la version officielle qui, à mon humble avis, n’est qu’une supercherie.

Mwese mwese mugire amahoro.


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Par Yvette Ituze
Le 22 Novembre 2020
Source: DHR

Au cours de la guerre qui a duré 4 ans environ, le régime Habyarimana et le gouvernement de coalition qui s’est installé en avril 1992 après l’introduction du multipartisme en 1991, n’ont élaboré aucune politique dirigée contre les Tutsi en tant que groupe ethnique. Au contraire, des négociations ont été engagées avec le FPR censé représenter ce groupe en vue du partage du pouvoir.


Les négociations d’Arusha avaient abouti à des accords (4 août 1993) qui donnaient une part considérable du pouvoir au FPR et à ses alliés. Le FPR était parvenu, par des engagements fallacieux de se conformer aux principes d’une démocratie pluraliste, à obtenir l’alliance avec l’opposition démocratique interne regroupée en “Forces Démocratiques de Changement”(FDC). Les deux alliés ont coordonné leurs actions durant les négociations d’Arusha pour dépouiller Habyarimana de son pouvoir et marginaliser son parti, le MRND. Cela leur était d’autant plus aisé que le chef de la délégation gouvernementale appartenait à l’aile radicale des FDC qui courtisait le FPR. Mathématiquement, c’est eux qui devaient contrôler la Transition. Ils comptaient, en effet, conquérir 51sièges de députés à l’Assemblée Nationale de Transition (ANT) sur 70 et 16 postes de ministres au Gouvernement de Transition à Base Elargie (GTBE) sur 21. 


Mais ces calculs se sont avérés aléatoires face à la réalité politique du moment que l’hégémonisme de la tendance la plus extrémiste du FPR a engendrée. Le partage des postes ministériels au GTBE et des sièges à l’ANT s’est heurtée à la bipolarisation ethnique née de la guerre et de la supercherie d’Arusha qui ont mis à nue la volonté hégémonique des Tutsi du FPR. Aussitôt après la signature des Accords d’Arusha, beaucoup de manœuvres politiciennes ont enflammé les différentes directions des partis politiques. Le FPR a continué à faire pression sur les FDC pour maintenir ses chances de dominer la Transition. La mouvance présidentielle s’est démenée pour obtenir au moins le minimum de postes ministériels et de sièges de députés susceptibles de lui permettre de contrer l’hégémonie du FPR. Ce dernier a commis des erreurs tactiques qui ont fait basculer dans l’autre camp, les tenants de l’idéologie républicaine majoritaires au sein des FDC. Par ailleurs, l’assassinat du président hutu burundais démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, par l’armée tutsi avec la complicité du FPR, a convaincu beaucoup de leaders hutu que le FPR continuait à militer pour le pouvoir exclusif de la minorité tutsi. Les partis politiques se sont alors scindés en deux tendances antagonistes, l’une, pro-FPR et généralement tutsi, l’autre, pro-républicain et généralement hutu. Le FPR voulait dominer le pouvoir en excluant les Hutu taxés d’extrémistes, notamment ceux de la CDR mais aussi ceux du MDR, du MRND, du PL, du PSD qui contestaient l’hégémonie tutsi. Il a dès lors refusé d’accepter la réalité de la bipolarisation et a bloqué la mise en place des institutions de la Transition telle que voulue par les organes dirigeants des partis politiques selon leurs statuts et leurs règlements d’ordre intérieur.. C’est ainsi notamment que le FPR a rejeté le compromis atteint le 27 février 1994 par les deux tendances hutu et tutsi du Parti Libéral. Il tenait à ce que tous les postes au gouvernement et tous les sièges au parlement reviennent à la tendance tutsi de Ndasingwa Landouald. En fait, cette bipolarisation mettait manifestement en échec la volonté hégémonique du FPR.


Au lieu des 16 postes ministériels sur 21 et de 51 sièges de députés sur 70 espérés à la signature des accords d’Arusha, c’est seulement sur 9 à 10 postes et 33 sièges que le FPR et ses partisans pouvaient compter après la bipolarisation.


L’échec des accords d’Arusha fut à la mesure de l’échec des négociations qui ont éludé la question principale à la base du conflit: la compétition entre Hutu et Tutsi pour le contrôle du pouvoir. C’est exactement ce conflit qui a engendré les massacres de 1994 et tous les massacres antérieurs et non pas une hypothétique politique d’extermination des Tutsi.


(Tiré du livre à sortir en février 2021)

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2 Comments:

At December 5, 2020 at 5:19 PM , Blogger Mamadou Kouyate said...

By Guillaume Murere
Nov 22, 2020
DHR

Yvette,
Tu écris: .
Cette assertion est totalement fausse. Hutu et tutsi ne sont pas des groupes définis, voire définissables, constitués autour d'objectifs communs. Par conséquent il ne peut y avoir compétition entre ces groupes. Par contre des individus s'identifiant ou identifiés hutu ou tutsi peuvent compétionner pour le pouvoir.

Les accords d'Arusha ont échoué parce que Kagame, qui contrôlait et contrôle toujours le FPR n'en voulait pas. Alors que les négociations d'Arusha étaient en cours, Kagame a dit: . Kagame rero yakoze ibishoboka byose kugira ngo binanirane.

Na none Kagame akiri muri rebellion yaravuze ngo: . Kagame we yaje atekereza Ingoma, Ingoma, Ingoma. Mu gihe abo hakurya bo batekerezaga amoko n'uturere. Ngicyo icyatumye abo hakurya batsindwa. Ikibabaje ni uko, nkuko iyi nyandiko ibyerekana, benshi muri rubanda baracyatekereza amoko. Igihe bikimeze bityo Ingoma y'Umwami izasugira. Bizahinduka igihe benshi muri rubanda bazaharanira INGOMA YA RUBANDA bivuze Ingoma:
1. Yubahiriza uburenganzira bwa muntu;
2. Irwana ku banya ntege nke.

 
At December 5, 2020 at 5:20 PM , Blogger Mamadou Kouyate said...

By Nzinink
Nov 23, 2020
DHR

“Kagame we yaje atekereza Ingoma, Ingoma, Ingoma. Mu gihe abo hakurya bo batekerezaga amoko n'uturere. Ngicyo icyatumye abo hakurya batsindwa”, Guillaume.

Mukomere Guillaume,
FPR itera muri 1990 yaje ivuga ko ikibazo cyari mu Rwanda kitari icy’amoko ko ngo cyari icy’ubutegetsi butagendera ku mategeko (un etat de droit).

Niba Kagame na RPF ye bataraje bavuga amoko kuki bakimara gufata ubutegetsi bahise bimika irondakoko mu nzego zose z’ubuyobozi bw’igihugu, mu kazi ka leta n’abikorera ku giti cyabo) bakanimakaza itsembakoko hutu (kwica, gufunga, gukona, inzara, kanseri, sida, amashuri, akazi, etc) kugeza ubu.

Ikibazo cyacu ntitukagice i ruhande: Kuva na mbere y’ubwigenge ikibazo kiri mu Rwanda ni isaranganya ry’ubutegetsi hagati y’abahutu n’abatutsi.

Abanyarwanda bavuga ko nta moko akiba mu Rwanda bakarenga bakimakaza/ntibamagane irondakoko ritonesha tutsi, bari mu bakomeje gukoma ihanga ubumwe n’ubwitunge nyabwo bw’abanyarwanda.

Igihe cyose iki kibazo kitazabonerwa umuti urambye ( nk’uko mu Burundi babigenje), abanyarwanda tuzahora mu gihirahiro.

 

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