Rwanda: les métamorphoses d'un tyran
Par Cécile Kami
DHR Group
Le 28 Décembre, 2012
Sous la
plume de Jacqueline Umurungi, le président du Rwanda nous est révélé sous tous les aspects
de sa mugabisation.
« Is Rwanda under Kagame becoming the next Zimbabwe? »
C'est sous
ce titre (paru ce 26 décembre 2012 sur le site http://http://www.inyenyerinews.org/)
que l'auteure de l'article explique les misères qui
guettent le peuple rwandais suite à l'entêtement de leur
président. Les aventures belliqueuses de ce dernier ont déjà fait se fâcher
plusieurs donateurs qui ont fermé le robinet des aides pourtant si précieuses
au budget du Rwanda. Malgré
le signal d'alarme que tire son ministre des Finances par rapport à cette
situation, le premier des afande se comporte toujours en l'enfant gâté
qu'il était encore hier, lorsqu'il faisait chanter le monde entier suite au
génocide rwandais.
Les temps changent et là où l'historien Gérard Prunier voyait un régime qui se habyarimanise à la vitesse grand V, l'on croit
aujourd'hui découvrir une réplique du Zimbabwe périclitant de RobertGabriel Mugabe. Sauf que, en grattant un peu
plus le portrait, on voit apparaître... Staline.
Tout dans Kagame rappelle en effet le « petit père
des peuples », grand bourreau des Soviétiques devant l’Éternel. De
l'enfance à ses guerres en passant par une gestion dictatoriale du pays, les
similitudes entre les deux personnages sont éminemment frappantes qu'il n'est
pas vain de s'y arrêter un instant. Tout d'abord leur enfance. L'un et l'autre
ont vécu une enfance dans la misère. Staline naît dans un village
pauvre ; Vissarion,
son père, est cordonnier. Il est aussi alcoolique et n’éprouve pour son fils
rien d’autre que de l’indifférence. L’enfance du dictateur est rude, sans
chaleur. L’argent manque. Son
équivalent rwandais n'est pas mieux loti : en exil, Kagame perd son père et mène une vie de
réfugié dans un camp, celui de Nshyungerezi.
Il ne peut être scolarisé normalement par manque de moyens. (He benefited from financial assistance via a family friend based in Belgium that enabled him to continue his schooling).
Ensuite,
tout comme Staline, Kagame prend le pouvoir alors que ses amis
s'y attendent le moins. Le
premier passe pour un personnage insignifiant pour ses camarades et personne ne
s'imagine qu'il pourra succéder au grand Lénine et qu'il exécutera dix ans après tous
les prétendants sérieux à cette succession. L'un de ceux-ci déclare :
« Staline est la plus éminente médiocrité de
notre parti », un autre confirme : « nous ne craignons pas Staline, aussitôt qu'il voudra prendre
de grands airs, nous l'éliminerons ». Presque les mêmes remarques qui ont
été formulées à l'endroit du chétif Kagame.Mentally and physically unfit disaient ses camarades de lutte. (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili sera surnommé Staline (l'homme de fer), Paul Kagame se contentera du peu glorieux Pilate.
Dans leur
ascension, les deux hommes ont du s'appuyer sur des icônes dans le sillage
desquels ils ont patiemment attendu leur heure. Lénine pour Staline et Museveni pour Kagame.
Alors que l'un a participé avec Lénine en 1917 à la grande révolution qui a
renversé le tsar, l'autre a participé en 1981 avec Museveni à la guérilla qui a eu raison de Milton Obote. Tous deux ont par ailleurs
réussi, grâce à des manœuvres dans leurs partis, à écarter l'homme le plus
important du moment. Trotski en 1924 etRwigema en 1990 puis Kanyarengwe en 2001. Lorsqu'ils arrivent au
pouvoir, la volonté chez les deux de faire table rase du passé est on ne peut
plus manifeste. Alors que Staline supprime brutalement les traces de la
vieille Russie,
qu'il décrète que la religion est contraire aux intérêts du peuple, qu'il fait
décrocher les vieilles icônes orthodoxes dans tout le pays avant de les
détruire, Kagame,
lui, a déterré le président Dominique Mbonyumutwa,
a débaptisé l'aéroport, fête le 4 au lieu du 5, a changé le découpage
administratif du pays, etc. Pour l'Urss, Staline éprouve une ambition sans bornes alors
queKagame se plaît à défier ses bailleurs de
fonds, attaque le Congo,
menace son ancien parrain,l'Ouganda. Ils ont, ce faisant, gagné
les titres de « guide éclairé des communistes » pour Staline et « afande Political Coordinator » ou « Mzee kijana » pour Kagame.
Par des
gigantesques chantiers, le soviétique voudra moderniser
la Russie à marche forcée pour en faire le
paradis des ouvriers tandis
que le rwandais est guidé par une
fixation : celle de transformer son pays en un tigre économique selon le
modèle de Singapour.
Au fil de
leurs règnes respectifs cependant, des mauvaises nouvelles s'invitent : la
pauvreté se généralise, le manque de logements devient criant, la malnutrition
s'installe. Le rêve communiste se fissure, mais Staline fait la sourde oreille et cherche des
coupables chez les responsables de l'économie. Expérimentant pareille épreuve, Kagame commence par s'emporter contre les génocidaires qu'il a vaincus et les rend
responsables de tout ce qui ne fonctionne pas au Rwanda. Il s'en prend ensuite à tous
les Occidentaux qui dénoncent sa main de fer, mais surtout les guerres qu'il
provoque chez son voisin pour mieux le piller.
Alors qu'une
famine sévit dans la riche Ukraine, Staline interdit aux paysans affamés de
quitter leurs villages pour les grandes villes, condamnant ainsi 5 millions de
personnes (un des plus grands massacres du siècle dernier). Ceci ne l'empêche
pas d'inviter des étrangers (le député français ÉdouardHeriau visitera ainsi en train le pays, il
est satisfait et hausse les épaules lorsqu'on lui parle de famine) qui viennent
voir (come and see ?) les progrès du communisme.
Ces millions de morts rappellent les quelques 5,4 millions de personnes mortes
à cause du conflit et de la crise humanitaire provoqués dans la République
démocratique du Congo par la cupidité du président Kagame (selon un rapport del'International Rescue Committee).
On peut
égrener comme cela les points qui rapprochent les dictateurs Paul Kagame et Joseph Staline :
-les techniciens : les journalistes et
les cinéastes doivent désormais décrire le monde non pas comme il est, mais
comme il devrait être ! Des chiffres truqués, invente des héros.
« Falsifier les chiffres, les factures, les rapports est courant dans les
services de l’État rwandais à qui ces pratiques font perdre des
milliards ». (Fulgence Niyonagize sur le site
http://syfia-grands-lacs.info )
-Kolkhoze
/ imidugudu
-Gigantesque état policier (agents de Staline sont partout, embarquant et déportant
la population n'entrant pas dans le moule du régime vers des camps de travail,
les goulags). L'omniprésence des services de sécurité de Paul Kagame fait dire à beaucoup que le Rwanda est tout simplement un état-garnison. Des enlèvements, des
internements ou des déportations vers divers camps dont celui d'Iwawa sont malheureusement fréquents.
-à l'étranger on est loin d'imaginer l'horreur
stalinien; pourquoi ? Staline a « rendu leur fierté
-Staline liquide toute la génération qui lui
fait encore de l'ombre : son plus proche compagnonBoukharine (un ami de 15 ans mais qui l'a
contredit plusieurs fois) est torturé puis fusillé (et sa famille déportée). Le
compagnon de Kagame,
le général Kayumba est accusé de tous les crimes
(complot, trahison, gabegie, etc.) ; il sera condamné à 24 ans de prison
avant de survivre à des tentatives d'assassinats commandités par Kagame.
-Staline devient paranoïaque, encourage la
délation et compte sur la loyauté d'un homme de mainNikolai,
dit « le Nabot ». Ce chef de la police secrète qui instaure la grande
terreur (1000 personnes exécutées par jour) rappelle les empoisonneurs d'Afandie.
En
conclusion, il y a lieu de se demander jusqu'où ira cette métamorphose ? Y
aura-t-il une prise de conscience de la part de notre Kagame national ? Quelles seront les
conséquences de ce processus ? Dans son insensibilité extrême, Staline n'a pas voulu échanger son fils fait
prisonnier par les Allemands contre un maréchal nazi. Le pauvre mourra en
essayant de s'échapper. La honte pour un père. Prions pour que le soldat Cyomoro ne puisse un jour se retrouver dans
pareille situation. Et surtout qu'à la mort de son général de père, il n'y ait
pas ceux, comme les déportés du camp de Borkuta,
qui disent « Que le diable emporte son âme » et « aujord'hui,
grâce à Dieu, l'homme à la moustache est parti en enfer »...
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