Fin Mai 2022: Nième tension entre la RDC et le Rwanda.
Par Emmanuel Neretse
Bruxelles, Belgique
Le 3 Juin 2022
Contexte et situation du moment
Depuis le 27 mai 2022, la presse internationale a fait état de l'offensive lancée par la rebellion tutsi congolaise du M23 au Nord Kivu où des combats acharnés se sont déroulés à vingt kilomètres du chef lieu de cette province, à savoir la ville de Goma frontalière avec le Rwanda. Dans ses communiqués de victoire, le M23 a déclaré depuis son Etat-Major à Kigali avoir conquis à l'intérieur de la RDC, pluseurs positions tenues par les FARDC et avoir saisi beaucoup d'armes et de matériels. Peu après, le commandement des FARDC déployées au Nord Kivu a exhibé devant la presse internationale du matériel militaire étiquetté rwandais et deux militaires de l'armée régulière de Kagame la RDF capturés à l’intérieur du territoire de la RDC à plus de vingt kilomètres de la frontière rwandaise. Lapresse révèle que: « Des éléments RDF furent capturés au front avec des effets militaires de la RDF récupérés dont des mortiers 60 mm, une AK 81, 8 roquettes anti-tanks, une chaîne de munitions PKM, une paire de tenue militaire de la RDF, un casque et des gourdes militaires jamais utilisées par les FARDC.”
Pour une fois, les autorités politiques et diplomatiques de la RDC ont pris leur courage en mains et ont osé dénoncer cette agression et même convoqué l'ambassadeur de Kagame à Kinshasa, l'arrogant Vincent Karega, pour le réprimander. La RDC a dans la foulée interdit les vols de la compagnie aérienne de Kagame “Rwandair” d'opérer en RDC.
Comme à son habitude, le régime dictatorial de Kagame a balayé ces accusations d'un revers de la main et même est allé jusqu'à affirmer que les deux militaires de son armée exhibés avaient été enlevés par les FARDC opérant conjointement avec les FDLR, leurs ennemis héréditaires et boucs émissaires parfaits, qui même disparus, sont rescussités et brandis en cas de besoin pour justifier tout crime du régime Kagame. Curieusement, on notera que les services de Kagame ont attendu que la RDC exhibe des soldats rwandais, capturés au front à l'interieur de la RDC deux jours avant, pour que et les hauts-parleurs du régime (Porte-parole adjoint du gouvernement, porte-parole de l'armée) et même le ministre des affaires étrangères, annoncent que deux soldats de leur armée avaient été kidnappés au Rwanda par les FARDC opérant conjointement avec les FDLR. Trouvez l'erreur!
Le fond du problème
Au delè du constat sur le terrain, nous tenterons de répondre à la question de fond suivante: “Qui sont réellememnt à la base de cette destabilisation permanente de cette région par un Paul Kagame depuis 1990?”
A cette question qui paraît complexe et à laquelle il serait difficile de répondre, nous osons répondre spontanément que: Ce sont les Puissances Occidentales ainsi que les Organisations censées promouvoir et assurer la paix dans le monde comme l'ONU qui tirent les ficelles et qui ont donné carte blanche au dictateur sanguinaire Kagame.
Pour appuyer notre affirmation, nous nous limiterons dans cet article à l'énumération des faits et attitudes qui s'y rapportent sans les développer davantage tellement un tel exercice demanderait la publication des dizaines de manuels de plusieurs centaines de pages chacun.
Crimes et violations du Droit International commis par Paul Kagame et sa clique depuis 1990 avec l'aval et même le soutien des Puissances occidentales et de l'ONU.
1. Le 01 octobre 1990. Invasion du Rwanda par les troupes régulières d'un pays voisin présentés comme des “réfugiés” rentrant (en armes!) dans leur pays.
2. 1990-1994. Guerre de près de quatre ans ayant fait des milliers de victimes civiles innocentes et le déplacement de plus d'un million de paysans chassés de leurs biens par Paul Kagame, pour devenir “des réfugiés internes”.
3. Le 06 avril 1994. Assassinat par Paul Kagame de deux Chefs d'Etats hutu en exercice, ce qui constituera l'élément déclencheur des massacres interethniques au Rwanda.
4. Le 04 juillet 1994. Conquête militaire totale du Rwanda par Kagame et sa bande, en y chassant les dirigeants légitimes et en provoquant un exode de plus de trois millions de réfugiés rwandais vers les pays voisins.
5. Novembre 1996. Attaque et destruction par Kagame, des camps de réfugiés hutu installés au Zaire pourtant sous la protection du HCR et du pays hôte.
6. Décembre 1996-Mai 1997. Conquête par Kagame et sa clique, du grand Zaire pour y installer un régime à sa solde et surtout confier les organes de sécurité (armée et police...) aux seuls tutsi. Ex: James Kabarebe, Chef d'Etat Major des Armées de la RDC de 1997-1998.
7. 1998-2001. Provoquer ce que certains ont appelé: “La Première Guerre mondiale Africaine” (une dizaine de pays engagés) pour mettre au pas le “rebelle” Laurent Désiré Kabila que Paul Kagame avait installé au pouvoir mais qui manifestait une volonté de s'émanciper de l'emprise tutsi. Le congolais pas docile fut assassiné par les sbires de Kagame infiltrés dans sa sécurité rapprochée.
8. 2001-2003. Paul Kagame installe dans le fauteuil présidentiel à Kinshasa le “fils de Kabila” à peine âgé de 29 ans et ayant mis les pieds au Congo pour la première fois quelques mois auparavent. Joseph Kabila va donc avaler toutes les couleuvres que lui sert Kagame mais que son “supposé” père Laurent Désiré avait refusé d'avaler ce qui lui coûta la vie. Ainsi, croyant vouloir arrêter la guerre surtout à l'Est de la RDC, Joseph Kabila aiguillonné par Kagame va accepeter d'intégrer toutes les rebellions tutsi et leurs chefs militaires aux grades qu'ils déclareront. C'est ainsi que l'on a vu dans l'armée Congolaise des généraux qui ne savaient même pas où se situe la RDC en Afrique car n'ayant pas dépassé le niveau de l'école primaire ou qui ne parlaient aucune des langues nationales de ce vaste pays qui en a au moins cinq. Le cas de Jean Bosco Ntaganda qui, au CPI à la Haye devait avoir un interprète venu du Rwanda pour lui traduire et l'interpréter, car il ne comprends ni le Français, ni le Swahili ni le Lingala, ni le Tshiluba, sans parler de l'Anglais... alors qu'il se présente comme “Général de l'Armée Congolaise”!
9. Depuis 2003 après l'accord dit de Sun City qui signifiait que la RDC de Kabila-fils devait intégrer dans ses instances politiques et militaires toute rebellion en échange de la paix à l'Est de la EDC, Paul Kagame toujours bien conseillé par ses créateurs et maîtres occidentaux va s'engouffrer dans la brèche. Il va pratiquement chaque année créer une rebellion ou recycler une ancienne et chaque fois la faire intégrer dans les instances politiques et de sécurité de la RDC. Ainsi le CNDP de Laurent Nkunda donnera naissance au M23. Pour opérer en Ituri, le même Kagame a utilisé le prétexte du conflit séculier entre Hema (éleveurs) et Lendu (agriculteurs) qu'il a assimilé au conflit ethnique au Rwanda et au Burundi en faisant comprendre que les Hema étaient des tutsi à défendre et que les Lendu étaient des hutu à dominer ou à exterminer. C'est le Général analphabète tutsi Jean Bosco Ntaganda (Terminator) qui fut chargé de faire le sale boulot.
10. En 2013, le CNDP de Laurent Nkunda redevenu le M23, lance de sa base du Rwanda, une offensive spectaculaire et parvient même à conquérir le Chef lieu de la Province du Nord Kivu (province cinq fois plus étendue que le Rwanda) la ville de Goma. Pour une fois la Communauté Internationale à travers l'ONU et sa force MONUSCO va accepter de mettre sur pied une Brigade spéciale composée des troupes de la Tanzanie, de la Namibie et d'Afrique du Sud ayant pour mission de chasser le M23. C'est ainsi que ce groupe constitué de combattants tutsi provenant du Rwanda, de la RDC, de l'Ouganda..., va battre en retraite et se replier certains au Rwanda et d'autres en Ouganda.
11. C'est dans la foulée de cette défaite provisoire du M23, que l'ancien Président de la Tanzanie qui assurait la présidence tournante de la Conférence des pays des Grands Lacs, avait proposé à tous les gouvernements des pays ayant des rebellions opérant en RDC d'écouter leurs revendications et au besoin, résoudre les problèmes par un dialogue politique. Il avait nommément cité le régime de Paul Kagame qui devrait écouter et dialoguer avec les FDLR, un groupe que Kagame avance chaque fois comme prétexte pour envahir et occuper la RDC. La réponse de Paul Kagame fut immédiate, peu diplomatique et cinglante: il a publiquement menacé de mort Jakaya Kikwete qui alors était Chef d'un état voisin du Rwanda d'une superficie de plus de 940.000 km2 et d'une population de 60 millions d'habittants. Du jamais vu dans l'histoire diplomatique du monde!
12. 2013-2017. Paul Kagame va profiter de ce moment de
flottement politique en RDC consécutive aux préparatifs de l'après Kabila-fils
pour réactiver la revendication ou plutôt l'accaparement par les tutsi congolais, désormais connus sous le sobriquet de “Banyamulenge”, des
territoires appartenant aux autres tribus en les y chassant et en tuant leurs
chefs traditionnels (les Bami). Le cas emblématique
est celui du groupement ou commune dit “Minembwe” au Sud Kivu que les
Banyamulenge s'attribuent alors qu'en RDC on n'a jamais
connu ni une langue ou dialecte dite “kinyamulenge” ni un chef traditionnel
“munyamulenge” dans l'Histoire du Congo.
13. En 2018, Félix Tshisekedi accède au pouvoir en RDC dans des circonstances obscures. Le
nouveau président de la RDC ayant été instruit que c'est grâce à l'aval de Paul
Kagame qu'il a pu passer, une fois installé au fauteuil présidentiel, il va redoubler de zèle pour satisfaire à son redoutable petit voisin de l'Est qu'est Paul Kagame. Ses
conseillers lui suggéreront de tout faire pour convaincre le même spectre Kagame
que lui, Tshisekedi, est plus soumis que son prédécesseur Kabila-fils.
14. 2018-2019. Décapitation et démentèlement de ce qui restait des FDLR par le tout nouveau régime Tshisekedi.
Pour frapper un grand coup, les services secrets des Puissances derrière Kagame ont fourni des renseignements permettant de localiser et accéder aux abris du Haut Commandement des FDLR. Il a suffit à Tshisekedi de permettre que les Forces Spéciales de Kagame pénètrent en RDC et tuent le Commandant en Chef des FDLR, le Général Sylverstre Mudacumura et brandissent dans les médias les images en attribuant le coup aux FARDC comme geste de bonne volonté envers Kagame en éliminant ses ennemis. Dans la foulée, des dizaines d'autres cadres civils comme militaires des FDLR furent arrêtés et livrés à Paul Kagame qui entend leur faire dire n'importe quoi avant de les éliminer. Bref, ces premières années du mandat de Tshisekadi sont les plus humiliantes pour le peuple congolais par rapport à Paul Kagame, mais surtout désastreuses pour les peuples bantou de la région et les réfugiés hutu en RDC en particulier.
15. Mars 2022. Mal inspiré ou en visionnaire, Tshisekedi a permis a l'armée de l'Ouganda d'entrer en RDC pour traquer la rebellion d'origine ougandaise des ADF qui sévit au Nord-Kivu et en Ituri depuis une vingtaine d'années. Paul Kagame toujours aux aguêts et conseillé par ses maîtres saute sur l'occasion pour exiger à son tour l'entrée en RDC pour traquer ses FDLR, sachant bien que lui et son ami Tshisekadi avaient déclaré les avoir annéantis!
16. Mai 2022: Le M23 renaît de ses cendres et conquiert des positions situées à plus de 20 km à l'intérieur de la RDC à partir de la frontière avec le Rwanda. Encore une fois le chef lieu du Nord Kivu, la ville de Goma est menacée d'être reconquise par le M23 ressuscité car les combats se situent à moins de 10 km du centre de la ville et que la principale voie de ravitaillement qu'est la route Goma- Rumangabo- Rutshuru- Butembo ou/et Bunagana est coupée par ce M23.
Hélas, le président congolais Tshisekadi que les rwandais appellent moqueusement “ Gisekeramwanzi” a encore descendu d'une marche pour s'agenouiller devant Paul Kagame. En effet, Kagame qui n'avait pas fait état de la capture de ses soldats en RDC avant que le Congo lui-même ne le signale, a saisi l'occasion pour demander leur libération immédiate et inconditionnelle et leur retour au Rwanda. Ce 01 juin 2022, le président Tshisekedi s'est exécuté et a ordonné la libération et la remise à Kagame de ses soldats. Même si certains analystes considèrent que c'est une décision sage, il n'en demeure pas moins qu'il a non seulement surpris et étonné le commandement de son armée au Nord Kivu, mais aussi le mécanisme de la Conférence des Etats des Grand Lacs qui dans ces missions, c'est à lui que la RDC devait remettre ces prisonniers de guerre pour une suite appropriée.
Erreurs graves et attitudes criminelles des Puissances occidentales qui ont créé et qui soutiennent le dictateur Paul Kagame
1. Les erreurs et appréciations graves de ces puissances occidentales sont celles
consistant à considerer:
–
Que la Région des Grands Lacs en Afrique serait comme le Proche Orient d'Asie.
–
Que donc les
Territoires couvrant le Rwanda, le Burundi et
l'Est de la RDC seraient la Palestine.
–
Que l'Etat
Rwandais actuel serait l'Israel de cette région.
– Que les Tutsi seraient des Juifs de la région.
1. Ayant conclu à ses
fausses convictions, ces Puissances en sont arrivées à décréter:
–
Qu'il faut
surarmer l'état tutsi personnifié par Paul Kagame de façon à ce qu'il puisse défaire militairement n'importe quel état (arabe -
bantou) voisin, comme Israel en est capable au Moyen Orient.
–
Lui assurer
l'impunité en fermant les
yeux sur ses violations des Droits de l'Homme et du Droit International.
– Imposer les dogmes à quiconque parlerait de cet état et des sujets tabous à ne jamais évoquer en profondeur (Shoah = Génocide tutsi).
3. Ces puissances et lobbies s'égarent en voulant trop jouer sur la légèreté et la corruption légendaire de la classe politique en RDC.
Mais en tirant trop sur la corde, celle-ci risque de casser! Et c'est ainsi que certains congolais par communautés entières commencent à prendre conscience que les postes politiques ou les grades militaires ne valent pas leur honneur et leur patrimoine culturel et surtout leur âme.
4. Enfin, ces Puissances occidentales négligent et marginalisent complétemement les peuples majoritaires de leur Moyen Orient et Palestine africaine qu'est la Région des Grands Lacs en Afrique. Ainsi:
- Même au Rwanda, les hutu et les twa sont et resteront majoritaires dans cet état non tutsi contrairement à Israel qui est officiellement un état juif. Le Rwanda ne pourrait être considéré comme un “état tutsi” contairememt à l'état juif qu'est Israel.
- Au Nord Kivu et en Ituri, le Hutu, les Nande, les Hunde, les Lendu... resteront majoritaires quand bien-même ils seraient sous le joug des tutsi.
- Au Sud Kivu les Bembe, les Bashi, les Bafulelo,... resteront majoritaires même quand les tutsi Banyamulenge s'approprient la terre de leurs ancêtres.
- Au Burundi, les Hutu et les Twa sont restés majoritaires même sous le règne des Tutsi.
- Même en Ouganda, les Baganda, les Bafumbira, les Langi, les Basoga, les Bakiga, les Bagisu, les Lugbara etc... resteront majoritaires même sous et après le long règne des Hima-Banyankole personnifée par Joweri Museveni et son héritier et fils Muhozi Kainerugaba.
Bref, tous ces peuples bantou ne devraient être assimilés aux “arabes du Moyen Orient” qui devraient donc absorber et intégrer chez eux les palestiniens que sont les hutu rwandais pour laisser le Rwanda aux seuls tutsi pour en faire un état tutsi, comme l'ont conçu les créateurs de l'état juif d'Israel en 1948. Et même là, le processus a échoué car non réaliste.
En conclusion
Cette ébauche d'analyse de la destabilisation de la région des Grands Lacs d'Afrique constitue d'abord une réaction de révolte vulgairement appelée «coup de gueule » lancée contre les pompiers-pyromanes que sont les Puissances occidentales et les Organisations censées promouvoir la paix et l'assurer dans le monde. En créant le monstre Kagame et en lui donnant carte blanche pour tuer au Rwanda et ravager la région et en lui donnant les moyens pour le faire et surtout en lui garantissant l'impunité, les Puissances Occidentales et l'ONU sont pour nous les pires cyniques pompiers-pyromanes. Il s'agit aussi de prévenir ces puissances que l'Histoire les observe et que les peuples soumis à leurs fausses analyses que ce soit au Rwanda, en RDC ou au Burundi, observent et notent tout.
Parallèlement pour exprimer aux élites des peuples de la région qui souffrent depuis 30 ans de cette injustice, de ne pas se décourager mais au contraire d'oeuvrer chacun dans son domaine, pour interpeller les Pompiers-pyromanes (les Puissances Occidentales et leur machin l'ONU) qu'elles se sont trompées en misant sur Paul Kagame. Leur dire que ce que ce criminel leur offre ou leur permet, les peuples qu'il écrase peuvent leur offrir au moins le double sinon plus. Mais leur signifier qu'elles peuvent se racheter en lachant et en condamnant la dictature de Kagame, au lieu de perséverer dans l'erreur car un dicton dit: “Errare Humanum est, Perseverare diabolicum”.
Enfin pour signifier à ces puissances qu'il leur suffit de retirer leur soutien aveugle et
cynique au dictateur Paul Kagame pour se racheter devant l'Histoire et surtout devant les peuples des Grands
Lacs qui souffrent de cet errement depuis trois décennies.
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