Sunday, August 5, 2012
C'est la troisième fois que la chef de la diplomatie américaine se rend sur le continent africain depuis le début de l’année. Entamée le 1er août, cette nouvelle tournée la conduit dans sept pays triés sur le volet : le Ghana, le Sénégal, le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Kenya, le Malawi et l’Afrique du Sud. Objectif affiché : promouvoir la stratégie américaine en faveur du développement de l’Afrique présentée en juin par Barack Obama. Une stratégie qui vise à "renforcer les institutions démocratiques, stimuler la croissance et les investissements, donner la priorité à la paix et la sécurité, et promouvoir le développement".
Bons points démocratiques
La visite au Soudan du Sud, plus jeune État du monde, qui a fêté il y a peu le premier anniversaire de son indépendance, vise à soutenir le gouvernement de Juba face au pouvoir intransigeant de son voisin du Nord, dirigé par Omar el-Béchir, sous mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Vendredi, Hillary Clinton a exhorté les deux Soudan à mettre un terme au conflit pétrolier. Son appel a été entendu puisque dans la nuit de vendredi à samedi, le médiateur de l’Union africaine, Thabo Mbeki, annonçait un accord entre les deux pays, après des mois de conflit et des semaines de discussions infructueuses.
Deux jours plus tôt, le 1er août, Hillary Clinton était au Sénégal, seul pays francophone au menu de ce voyage. À Dakar, la secrétaire d’État a "chanté" la démocratie sénégalaise, pour reprendre l’expression du journal Walfadjri. "Contrairement à Nicolas Sarkozy dont le discours à Dakar est resté en travers de la gorge des Africains, Hillary Clinton, elle, a salué, dans le même amphithéâtre […] la démocratie sénégalaise, un modèle, témoigne-t-elle, en Afrique et dans le monde", se félicite le quotidien dakarois. La secrétaire d’État n’a pas été avare en compliments à l’égard du président Macky Sall et de la démocratie sénégalaise, partenaire africain "modèle". Les États-Unis, comme la France, avaient critiqué l’attachement d’Abdoulaye Wade au pouvoir.
Le Ghana, premier pays africain visité par Barack Obama après son élection, fait à nouveau partie des heureux élus. Les États-Unis en font un modèle de démocratie en Afrique et vantent l’efficacité de sa gouvernance. Dans ce pays comme ailleurs sur le continent, bien des Africains se sont pris à rêver, après l’élection du premier président américain noir, d’une profonde réforme de la politique africaine des États-Unis. Une politique qui privilégierait les populations plutôt que les retours sur investissement.
Ombres chinoises et islamistes
La lutte contre le terrorisme en Afrique est également au centre des entretiens de l’émissaire du gouvernement américain. Au milieu de la vaste bande sahélienne qui va du nord du Mali, contrôlée par divers groupes islamistes dont Al-Qaïda au Maghreb islamique, à la Somalie où les faibles institutions de transition sont sous la menace constante des insurgés islamistes Shebab, se trouve le Nigeria, base de la secte Boko Haram qui menace les investissements américains dans l’industrie pétrolière.
L’apparent regain d’intérêt américain pour l’Afrique s’explique aussi par "la présence et l’influence de plus en plus grandissante que la Chine, désormais plus importante menace à la suprématie américaine, exerce sur l’Afrique", note le site internet Guinée Conakry info. L’offensive économique chinoise sur le continent inquiète Washington. "À cet égard, l’étape sud-soudanaise de la tournée actuelle d’Hillary Clinton est plus qu’évocatrice", précise-t-il. Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, avait en effet choisi la Chine, plutôt que les États-Unis, pour son premier voyage officiel en dehors des frontières.
De toutes parts, les États-Unis réalisent qu’ils perdent pied sur le continent africain, alors qu’ils semblaient avoir une certaine avance de par leurs investissements dans les industries pétrolière et gazière. "Les États-Unis se sentent vraiment acculés à agir s’ils ne veulent pas perdre complètement leur place en Afrique", explique Marie-Roger Biloa, directrice de la revue mensuelle Africa international. "Ils se disent qu’il faudrait peut-être faire plus de commerce avec le continent qui, de l’avis de tous, est le prochain pôle de croissance après l’Asie", ajoute-t-elle, expliquant que la Chine bénéficie d’un avantage stratégique : celui de pouvoir concevoir des politiques à long terme du fait de leur mode de gouvernement monolithique là où les États-Unis connaissent régulièrement l’alternance.
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