Monday, February 28, 2022

L’histoire du Rwanda est un perpétuel recommencement: Comme en 1990-1994, la haine et la peur envers Juvénal Habyarimana redevient le dénominateur commun entre le FPR et ses anciens alliés politiques, pour le renversement de son régime.

Par Emmanuel Neretse
Bruxelles, Belgique
28 Février, 2022

Rappel historique

L'on se rappellera qu'après l'invasion du Rwanda par les éléments tutsi de l'Armée régulière de l'Ouganda le 01 octobre 1990 et après l'instauration du multipartisme en 1991, les nouveaux opposants radicaux au régime de Habyarimana ont noué une alliance avec ce groupe armé qui attaquait le pays sous le sigle du FPR. Les calculs des uns et des autres étaient en apparence simples et cohérents. Le FPR disposant d'une force armée s'estimait, et avec raison, n'avoir pas d'impact politique à l'intérieur du pays alors qu'il en fallait pour hâter la chute du régime. De leurs côtés, les opposants radicaux  (ou extrémistes), tout en se jugeant suffisamment forts politiquement, estimaient qu'il leur sera difficile de renverser le régime Habyarimana sans une force militaire, alors que  celui-ci disposait d'une armée qui lui restait fidèle.

C'est alors que par l'entremise de l'ancienne puissance coloniale pour ne pas la nommer, ces deux entités (le FPR et l'opposition radicale), se sont jetées dans les bras en signant le Pacte de Bruxelles de juin 1992 qui stipulait notamment qu'ils menaient un seul et même combat à savoir le renversement de Habyarimana et de son régime incarné par son parti le MRND. [1]

A ceux qui s'inquiétaient de cette alliance contre nature entre un envahisseur et une opposition qui se voudrait démocratique, ces partis politiques répondaient que le but immédiat est  le renversement du régime Habyarimana et qu'après cela, ils se débarasseraient facilement de ces “petits combattants tutsi du FPR”. Après 1994, on sait ce qu'il est advenu à ces mauvais calculateurs. Après les avoir utilisés et usés, le FPR s'en est débarrassé comme du Klinex usagé et les plus perséverants n'ont pas pu tenir au delà de       2003.

Situation actuelle

Actuellement et plus spécialement depuis mi-2021, une intense campagne médiatique contre la personne de Juvénal Habyarimana est menée parallèlement et concomitamment par le régime du FPR et par les anciens et éternels opposants à Habyarimana et actuels opposants à leur ancien allié le FPR. On pourrait penser que cette campagne est coordonnée comme le fut le mariage du même FPR et des mêmes opposants en 1992.

C'est ainsi que la presse de propagande extrémiste du FPR (Igihe.com, Rushyashya, The New Times, Kigali Today, etc.) publie en boucle que Habyarimana aurait tué le “bon Président Gragoire Kayibanda”. Certains observateurs en arrivent à penser que le Président Kayibanda va enfin être repris sur la liste des “Héros du Rwanda” par le FPR.

Quand on pense qu'il n'y a pas longtemps, le même Grégoire Kayibanda était présenté par le même FPR comme “un génocidaire qui aurait commencé à le comettre en 1959 avec son PARMEHUTU”, on croit rêver!

En même temps, les anciens opposants au même Habyarimana sont déchaînés dans les médias classiques et surtout les réseaux sociaux (Youtube...), pour accuser ce dernier d'avoir été en fait un traître qui aurait comploté avec Museveni pour que les éléments tutsi de son armée attaquent le Rwanda et y prennent le pouvoir.

Essai d'explications

Face à cet imbroglio politico-médiatique, toute personne qui suit la situation du Rwanda voudrait savoir les en-dessous de cet agitement subite du régime FPR et de ceux qui étaient ses alliés quand il a conquis le Rwanda entre 1990 et 1994.

Sans prétendre détenir la seule vérité, nous osons exposer à l'opinion publique ce qui nous semble une explication possible à ce qui se joue actuellement.

En ce qui concerne le régime du FPR qui règne sur le Rwanda depuis 1994 et qui quadrille tout et contrôle tout, même jusque dans les lits des foyers conjugaux, ces agents de tous les coins du pays rapportent que la population, surtout parmi ceux qui ont connu le régime Habyarimana, est nostalgique de celui-ci et que sa popularité gagne chaque jour davantage les coeurs même de ceux qui ne l'aimaient pas. Pour le FPR, c'est donc “très grave” et il faut tout tenter pour ternir sa mémoire afin de décourager les nostalgiques qui comparent son régime avec celui du FPR et qui concluent qu'ils souhaiteraient vivre sous le régime du MRND de Habyarimana.

D'un autre côté, des voix s'élèvent dans les milieux de l'opposition, surtout parmi les jeunes qui demandent aux vieux et éternels opposants, comment ils ont osé aller pactiser avec un ennemi qui attaquait le pays de l'extérieur sous prétexte que cet ennemi les aiderait à renverser Habyarimana et donc leur permettrait d'arriver au pouvoir. Tout ce qu'ils peuvent trouver comme échappatoire ou tentative d'explications c'est de colporter que Habyarimana était plus traître qu'eux-memes. Ce postulat posé, ils confectionnent alors des histoires les unes plus farfelues que les autres pour appuyer leurs accusations contre le Président Juvénal Habyarimana.

C'est donc à la lumière de ces éléments qu'il faut comprendre et interpréter la campagne   médiatique contre le Président Juvénal Habyarimana, 28 ans après son assassinat et dans laquelle le régime du FPR et les anciens opposants radicaux à Habyarimana rivalisent de  prouesse pour salir sa mémoire.

Il n'y aurait apparemment aucune coordination concertée, mais chacun défend sa boutique.

Note:

[1] Voir Communique de Bruxelles du 03 juin 1992.

Droit de réponse: James Gasana ou la personnification de la félonie et de la médiocrité de certains “politiciens” qu'a connu le Rwanda.

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