Par Joan Carrero
L'HORA
19.08.2021
Le 15 août est une date que tu n’aurais jamais dû mépriser.
Ce jour-là, en 1982, la Mère du Verbe a annoncé à des jeunes de Kibeho les
terribles événements qui allaient se produire dans ton pays, le Rwanda. Pendant
huit heures angoissantes, elles ont contemplé les massacres qui allaint se
produire quelques années plus tard. En 2022, cela fera quarante ans jour pour
jour. Un cycle se referme. Le temps qui avait été convenu est arrivé à son terme.
Tu aurais dû écouter l’appel de la Mère du Verbe au peuple
rwandais : pardonnez-vous et réconciliez-vous. Mais, au contraire, tu as été
toi-même l’exécuteur le plus féroce des terribles événements futurs que la Mère
du Verbe a montré aux voyantes. Et c’est précisément à Kibeho que tu as
perpétré l’un de tes massacres les plus pervers et les plus incompréhensibles.
Est encore frais le sang de ces êtres humains sans défense, environ 10 000, que
tu as si cruellement assassiné là-bas, devant les casques bleus de l’ONU,
étonnés et impuissants.
Mais, d’après ta logique sinistre, je peux comprendre tant
de cruauté envers ces pauvres gens qui campaient dans le Kibeho sacré. Parce
que ta haine n’est pas seulement contre la plèbe hutue. Ni seulement contre les
colonialistes blancs qui, selon toi, n’auraient jamais dû permettre la fin de
la domination séculaire des tiens, l’aristocratie féodale tutsie. Pas seulement
contre tes frères de l’ethnie Tutsi qui ont accepté le résultat du référendum
sur la fin de la royauté et sont restés au Rwanda au lieu de s’exiler. Le
contraire de ce que faisaient vos familles d’élite féodales, pleines de
frustration et de ressentiment. Ta haine a toujours été dirigée bien plus haut:
elle a toujours été dirigée contre la Lumière, contre Dieu lui-même.
Dans ton orgueil maladif, c’est contre Lui que tu t’es
battu toute ta vie. Comme Lucifer lui-même, l’ange lumineux qui a osé affronter
Dieu. Il t’a permis pendant près de trente ans d’opprimer les peuples du Rwanda
et du Congo. Comme il a permis à Pilate de condamner son propre fils à la mort
sur une croix. Mais maintenant, ton temps arrive à échéance. Un cycle se
referme. C’est le message que tu dois entendre aujourd’hui.
Les tiens, infiltrés jusque dans le Vatican, ont même
réussi à faire trébucher le pape François lui-même: le successeur de Pierre t’a
demandé pardon pour la haine des Hutus, à toi qui es la personnification même
de la haine, une haine de beaucoup de Hutus que tu as toi-même provoquée avec
ton projet sanglant de retour à l’ancienne soumission de la plèbe! Le 6 avril
1994, tu t’es réjoui devant tes camarades d’avoir abattu le Falcon présidentiel
et d’avoir ainsi réussi à déclencher le bain de sang que tu cherchais tant!
Et enfin, tu viens de réussir à faire nommer par le pape
François un de tes camarades, aussi fanatique et aveugle que toi, comme le
premier cardinal de l’histoire du Rwanda. Tu as pu tromper même le successeur
de Pierre. Mais tu es un idiot si tu penses que tu peux tromper Dieu. Toute ta
ruse manipulatrice et même criminelle, que toi et tes semblables considèrent
comme la grande vertu et que vous appelez ubwenge, ne te sera plus d’aucune
utilité. Bientôt, la Lumière exposera toute ta perversion et tes délires.
Les puissances des ténèbres qui dominent ce monde t’ont
élevé au plus haut niveau. Ton délire de suprématie raciale et
d’autodivinisation personnelle a été renforcé au point de devenir une paranoïa
dont il te sera pratiquement impossible de te libérer. Mais sache ceci, tes
jours arrivent à leur fin. Ces pouvoirs des ténèbres t’ont aidé à cacher au
monde tous tes horribles crimes. Leur culpabilité est encore pire que la
tienne. Mais tout cela prend fin.
Depuis la Lumière où aucune obscurité n’est possible,
l’ambassadeur italien Luca Attanasio et son escorte Vittorio Iacovazzi t’ont
pardonné. Comment as-tu pu assassiner un être aussi bon que lui? Et Kizito
Mihigo t’a également pardonné. Comment as-tu pu assassiner un être aussi
céleste que Kizito, qui était un véritable don divin? Et il n’est pas
nécessaire de remonter le temps et d’énumérer les millions de tes victimes,
rwandaises ou congolaises, dont tu as détruit la vie à jamais avec une grande
cruauté. Tu les connais déjà. Ils t’ont tous pardonné.
Les ministres et les prophètes de Dieu, que tu as sauvagement
assassinés, t’ont également pardonné. Les Espagnols et les autres missionnaires
et travailleurs humanitaires t’ont pardonné. L’archevêque de Kigali, les deux
évêques, neuf prêtres et un religieux que tu as fait assassiner à Gakurazo le 5
juin 1994 t’ont pardonné. Tu les as désignés par le terme “déchets”. “Je vous
ai déjà dit de nettoyer ces déchets”, as-tu réprimandé les bourreaux
déconcertés qui ne pouvaient pas croire que tu pouvais leur donner un tel
ordre. Mais ils t’ont pardonné. Le lucide et courageux Monseigneur Munzihirwa,
archevêque de Bukavu, que tu as assassiné au moment même où tu as envahi
l’ancien Zaïre, t’a pardonné.
Mais cette gentillesse et cette générosité ne servent à
rien, car tu es toujours gravement malade dans un délire d’arrogance et de
rancœur. Tu continues à choisir ton pacte avec les Ténèbres. Le sang des
victimes coule encore en torrents. Le nouveau rejoint l’ancien, toujours frais.
Leur cri s’élève continuellement vers le trône de Dieu. Mais Lui-même ne peut
rien faire face à ton choix terrible. Il a fait de toi un être libre, à son
image et à sa ressemblance, capable d’aimer et d’établir avec lui une relation
paternelle et filiale. Mais il ne peut pas vous forcer à l’aimer.
Avant de mourir et d’affronter le jugement divin, tu
pourrais encore démanteler le système criminel que tu as créé. Tu pourrais
libérer tous ceux que tu détiens si injustement dans tes prisons. Tu pourrais
ouvrir une nouvelle ère de consolation pour le peuple rwandais, en favorisant
un véritable dialogue entre tous les Rwandais et une véritable démocratie. Il
te reste peu de temps, mais ce serait encore possible. Seras-tu capable
d’opérer un changement radical à la fin de ta vie misérable et ténébreuse?
Choisiras-tu d’entrer dans l’histoire comme l’un des tyrans
les plus sanguinaires de tous les temps ou comme quelqu’un qui, à la fin, a pu
redresser sa propre vie et le destin de tout son peuple? Comme le voleur et
criminel Dismas, crucifié aux côtés de Jésus, seras-tu assez rusé pour te faire
pardonner et voler le bonheur éternel dans les dernières heures de ta vie?
Seras-tu capable de transformer ta vieille ruse, l’ubwenge de l’aristocratie
féodale tutsie, en un puissant instrument pour le bien plutôt que pour
l’oppression et la domination?
Si tu ne le fais pas, tout ce mal institutionnalisé, ton
œuvre, continuera au-delà de ta mort. Et ta propre responsabilité maléfique
sera encore pour toi plus insupportable pour toute l’éternité. Car tu es
toi-même immortel, comme le sont les millions d’êtres humains que tu as
assasiné. Tu devrais le savoir. Écoute, Paul: il est encore temps, mais c’est
votre dernière chance!
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