Un témoignage d'une réfugiée rwandaise au Mozambique
Nous sommes entre 700 et 800 réfugiés rwandais inscrits au Mozambique. Les restes sont des migrants économiques et demandeurs d’asile récemment arrivés. Tous les réfugiés inscrits ont un statut de refugié en vigueur, une carte d'identification et un passeport. Certains réfugiés sont dans le camp de Nampula, au nord du Mozambique, mais la plupart sont touchés par des activités économiques informelles, telle que des épiceries, taxi, etc., et certaines d’autres sont employés dans la capitale, Maputo. Ainsi, la majorité a été bien intégrée dans la société mozambicaine.
Le problème avec les rwandais est que certains sont réfugiés et réellement ont des raisons pour avoir peur de retourner au Ruanda, d’autres sont envoyés par le régime [du gouvernement de Kagame] pour déstabiliser la communauté des réfugiés, pour détruire n'importe quelle association, détruire les affaires des réfugiés afin que cela n’évolue jamais bien… et si à cela on ajoute des opportunistes typiques à qui des grandes quantités d'argent sont données pour réaliser ces actions, on a le chaos. Ils font cela au moyen des associations de diaspora, qui se créent dans chaque pays où il y a des réfugiés, il s'agit du vieux adage «diviser pour mieux régner».
Nous avons informé le HCR de tout cela, mais il ne nous croit pas… Il dit que toutes ces choses sont le résultat d'un trouble de stress post-traumatique!
Nous avons essayé de faire tout ce qui était à notre pouvoir pour inverser cette situation et essayer d'unir les réfugiés. Le HCR dit qu'il l’étudiera cas par cas, avant le rapatriement et que seulement ces cas exceptionnels maintiendront le statut de refugié. Mais je me demande: quels sont les cas spéciaux? Le général Nyamwasa? Un criminel de guerre connu, a-t-il lui-même avoué, est toujours là et libre? Nous avons fui notre pays à cause de lui et ses amis… maintenant il a plus des droits et plus de compassion que nous; c’est quelle genre justice ça? Qu'est-ce qui compense les criminels et condamne à mort des gens innocents?
Le HCR dit que ceux qui accomplissent les conditions requises pour obtenir la nationalité [mozambicaine] l'obtiendront… mais cela serait une minorité, de plus le gouvernement du Mozambique doit décider là dessus (et étant donné que ce n'est pas une priorité, ils n'en ont même pas encore parlé). Alors, ceux qui ne remplissent pas les conditions requises pour l’obtention de la nationalité recevront la résidence permanente, mais, pour obtenir la résidence permanente au Mozambique, il faut disposer d’un passeport en vigueur, et avec la clause de cessation, nous perdons nos passeports de HCR. Donc, il sera demandé à ces gens, pour avoir la résidence permanente, de renter d’abord à leur pays d’origine -Rwanda, ainsi qu'à la fin, on finit par être rapatrié de toute façon. On va encourager ceux qui ne remplissent pas les conditions requises pour la nationalité ou la résidence, financières ou autres, à être rapatriés volontairement. Ceux qui ont encore peur et ne veulent partir deviendront des sans papiers, (sans carte d'identité ni passeport de HCR), par conséquent comme des immigrants illégaux, le pays qui les accueille a le droit de les rapatrier à leur pays d'origine: Ruanda! Tous les chemins mènent au Ruanda: n'est-ce pas?
Qu'en est-il de ceux qui travaillent et ont construit leur vie au Mozambique? Qu’en est-il des étudiants d'université qui sont sur le point de finir? Qu’en est-il des jeunes adultes qui après tant de fuites ont enfin réussi à s'assurer un poste de travail? Qu’en est-il des enfants qui ne savent absolument rien de Ruanda, sauf que c’est le pays de ses parents? Qu'en est-il de notre peur de l'oppression, de l'emprisonnement et d’une mort probable si nous sommes rapatriés?
Les nouvelles que nous avons en provenance de Ruanda, de ceux qui viennent de rentrer, sont que la situation est pire qu’avant, on vit dans la peur constante. Si ici, très loin du pays, je vis avec peur de mon propre terroir, j'imagine la peur d'une personne qui vit dans le pays. Si ici, loin du pays, nous avons des espions et des personnes dont l’intention est de détruire quiconque est en désaccord avec l’actuel régime, j’imagine que sera à l’intérieur du pays.
Pourquoi est-il si difficile au HCR de comprendre le monde?
Plus de 6 millions de personnes tuées et le chiffre continue d'augmenter chaque jour, des leaders de l'opposition et des journalistes dans la prison, des gens innocents sont en train de peupler les prisons, pendant que les criminels sont libres dans la rue, les gens qui disparaissent et les autres sont assassinés…
De Combien de preuves a-t-il besoin le HCR et le Conseil de Sécurité de l'ONU?
--
www.bastadeimpunidadenruanda.org
www.stopimpunityinrwanda.org
www.stopalaimpuniteinrwanda.org
No comments:
Post a Comment