Minembwe, RDC |
Par Marcelin CIKWANINE
Patriote-DDH
consciencecbm@gmail.com
06 Octobre 2020
Ces derniers temps je suis en mode observation sur les réseaux sociaux mais aussi le fait que la question des terres et pouvoir coutumier à Uvira, à Fizi et à Mwenga fasse partie d'un ouvrage en chantier je préfère depuis un moment réserver à mes lecteurs la primaire de lire le contenu de mes travaux scientifiques.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je n'ai pas répondu aux documents qui m'avaient été adressé à ce sujet par, entre autres, deux personnes dont un compatriote Munyamulenge, Maître Oscar Niyongabo, et Docteur Gaston RWASAMANZI, un Tutsi qui se dit du Nord-Kivu mais qui ,en réalité,est un agent des services secrets rwandais. Par rapport à la commune de Minembwe je voudrais souligner deux choses importantes:
1. Il n'y a pas du mal à créer une entité
administrative dans un coin quelconque de la RDC pour rapprocher la population
de l'administration publique. Minembwe est congolais ,et ne sera jamais
rwandais, qu'il soit proche ou loin du territoire rwandais. Minembwe n'est pas
la première entité administrative du Kivu peuplée en majorité par les
Banyarwanda et administrée par un Munyarwanda, Tutsi ou Hutu.
Ce n'est pas pour autant que ces entités sont
devenues rwandaises ou sont susceptibles d'être balkanisé bien qu'elles se
trouvent à la frontière avec le Rwanda. Si non, tout Rutchuru serait
aujourd'hui rwandais. Ceux qui habitent Minembwe sont des congolais, qu'ils
soient Banyarwanda dits «Banyamulenge» ou Babembe, ou Bashi,ou Bavira... Il
faut donc éviter la désinformation à ce sujet !
2. Certes, les Banyamulenge sont majoritaires à Minembwe comme ailleurs dans plusieurs villages d'Uvira et Itombwe, mais celà ne fait pas de ces villages leurs terres ancestrales/coutumières. Minembwe n'est pas et ne sera jamais la terre des ancêtres des Banyamulenge pour la simple raison que leurs ancêtres n'ont jamais habités cette terre.
Cette vérité fait souvent mal à nos compatriotes Banyamulenge qui aiment brandir abusivement les termes «terres de nos ancêtres» pour tenter d'usurper l'autorité coutumière des tribus autochtones, mais il est important de la leur rappeler afin de les conscientiser à ne pas créer des conflits inutiles dans cette zone meurtrie. En plus,il est essentiel de le signifier à nos autorités de Kinshasa pour éviter qu'elles prennent dans l'ignorance des décisions politiques qui puissent coûter chères à notre pays.
Par définition «ancêtre» veut dire:« Aïeul, celui de qui on descend par le sang et qui est plus éloigné que le grand-père ». Ce mot fait allusion aux générations anciennes et appel sociologiquement au respect et/ou vénération qu'on leur doit. L'ancêtre est différent du grand-père,il est plus éloigné dans la généalogie familiale et a un caractère purement historique.
Comment peut-on faire des terres qu'on a occupé pour la première fois dans les années 1940-1950 des terres ancêtrales ? C'est impossible! Si l'on tient compte de la tradition orale des Banyamulenge eux-mêmes sur base de laquelle les rares écrivains Banyamulenge ont écrit mais aussi des écrits de certains écrivains belges dont Gorges Weis (1959) qui a écrit «Pays d'Uvira» il est important de noter ces dates significatives :
- Les premiers Banyamulenge (Banyarwanda) sont arrivés à Bijombo et Kishembe en 1947 et 1946 pour fonder ces villages qui ont été reconnu par l'administration coloniale qu'en 1952.
- Les premiers Banyamulenge se sont établis à
Minembwe entre 1946 et 1947
- Le premier Munyamulenge à arriver à Itara (Itombwe savane), selon la tradition de Banyamulenge, est Mr Muhire en 1938. Or cette date est contestée par d'autres sources qui évoquent les années 45-50 comme l'installation des bergers dans cette région d'Itombwe savane.
Considérons même la date des Banyamulenge pour ne pas polémiquer inutilement. Donc le premier Munyamulenge s'est établi à Itombwe savane seulement 22 ans avant l'indépendance du Congo et 75 ans après la création du Congo. Pour le cas de Minembwe,les Banyamulenge s'y sont établi 87 ans après la création du Congo et seulement 18 ans avant l'indépendance du Congo.
Mr Muhire, actuelchef du village portant le même nom, est le fils du premier habitant Munyamulenge de l'Itombwe savane. Certaines personnes de la génération des premiers habitants banyamulenges de Bijombo, Tulambo et Minembwe sont vivants et ont entre 80 et 90 ans si l'on tient compte des dates de la tradition Banyamulenge et, plus ou moins 70 et 60 ans pour le cas du groupement de Bijombo (Uvira) et Minembwe (Fizi)
Peut-on alors considérer qu' Itombwe savane est la terre ancêtrale des Banyamulenge, comme il le disent, que celle des Babembe qui ont occupés Itombwe plusieurs siècles avant? On dirait que 75 à 87 ans après l'existence du Congo il y avait encore sur le territoire congolais des «Terra Nullus» (terres sans maître) que les gens venus d'ailleurs(au Congo et au Rwanda-Urundi car jusque dans les années 1950 il y avait encore des mouvements migratoires isolés en provenance du Rwanda-Urundi. Jean Harnaux,1956, parle de la moitié des Tutsi de Rurambo, faisant l'objet d'une étude démographique en 1954, qui étaient nés au Rwanda. Voir aussi Georges Weis,1959) pouvaient venir occuper et les transformer en terres coutumières. C'est inconcevable! La paix que nous cherchons doit être fondée sur le respect de la vérité historique et les droits de souveraineté territoriale des communautés congolaises.
Voila pourquoi je rappel parfois à nos compatriotes Banyamulenge de ne pas oublier que leurs ancêtres dont il s'agit sont encore vivants et/ou sont à peine décédés. Que certains villages portent les toponymes de Kinyarwanda ça ne change en rien le fait que ce sont des villages fondés dans les années 1950 sur les terres inoccupées et trouvées sur des territoires ancestraux d'autruis. Que ces terres aient été inoccupées celà en plus ne veut pas dire qu'elles étaient des « terres sans maître » Je rappelle que jusqu' aujourd'hui 3/4 de la RDC est inoccupé.
Ma position est donc simple par rapport à la question Minembwe et terres associées : D'un côté, on ne peut pas disputer l'autorité coutumière et/ou administrative avec des communautés qui ont plusieurs siècles d'existence sur ces terres, de l'autre côté, ces communautés ne doivent pas prendre en otage le développement de la région au nom de l'autorité coutumière et, surtout, refuser aux Banyamulenge le droit de jouir de leurs droits fonciers sur les terres qu'ils ont mis en valeur.
Voilà pourquoi ,en plus de tenir compte du
contexte particulier ,le processus décisionnel de la création de la commune de
Minembwe devrait plutôt chercher à consilier ces deux facteurs : la nécessité
de développement de la zone en rapprochant les administrés de l'administration
et les droits de souveraineté coutumière que détiennent les Babembe sur
Minembwe. Toute décision administrative ou politique qui ne tient pas compte
ces deux éléments est de nature, non seulement à envenimer la situation
sécuritaire dans la région mais aussi à cautioner la falsification de notre
histoire. Et c'est inacceptable.
En plus, seules les nouvelles autorités sont
responsables de l'indignation actuelle. Celà m'amène à m'interroger encore une
fois de plus sur ceux qui assistent le Président de la république sur les
questions sécuritaires et conflictuelles de l'Est de la RDC. Car leurs
agissements ne font qu'accentuer les conflits qu'elles sont censés résoudre et
font preuve de l'amateurisme si pas la volonté manifeste de torpiller les
initiatives de la paix.
Lorsqu'on accuse le nouveau régime d'avoir vendu le pays, la réplique qui revient souvent est que: «C'est sous Joseph Kabila que cette commune a été créée», «Le président Félix n'y ait pour rien», dit-on! Bien sûr que c'est sous Kabila, mais pourquoi, devrait-on se demander, ça n'avait pas créé tant des bruits au sein de la population sous le règne de Joseph Kabila? Pourquoi c'est ce que fait le nouveau régime qui provoque la colère de la population?
Apparemment, par ignorence ou à dessein, Kinshasa a décidé de jeter de l'huile sur le feu et, il va certainement en récolter les résultats sur le plan politique et sécuritaire. Le Congo compte des centaines des nouvelles communes et villes créées ,mais on a choisi de mobiliser tout un gouvernement de la république, le haut commandement de l'armée,la présidence de la République,le parlement et gouvernement provincial du Sud-Kivu pour aller installer le chef d'une petite commune rurale, chose qu'on a jamais fait pour l'installation des maires des grandes villes et autres communes.
Quel est le message qu'on a voulu lancer à l'opinion? N'y avait-il pas possibilité,s'il le fallait nécessairement, d'investir le bourgoumestre de Minembwe sans trop des bruits ? Cette attitude vise tout simplement à frustrer la majeur partie de la population étant donné qu'on savait déjà que c'est une commune contestée. Sur le plan politique et sécuritaire,on vient inutilement de poser un acte de nature à radicaliser certains acteurs armés et non armés et porter atteinte à une potentielle base électorale alors qu'il était possible d'agir avec tact.
Je me fait un «calculateur» politique pour rappeler en parenthèse que Fizi constitue la principale base électorale de l'UDPS au Kivu depuis 2011. C'est la première zone où le Feu Tshisekedi avait obtenu plus des voix au Sud-Kivu. Avec des tels agissements il faut dire À DIEU au moindre soutien populaire dans cette partie du pays. Or dans un contexte congolais au delà de l'obligation de prendre les décisions courageuses en homme d'État le Président Félix Tchisekedi a intérêt à ne pas frustrer le peu de la population sur laquelle il pourrait compter prochainement. Et surtout que ce que lui fait perdre une telle décision sur le plan politique ne peut jamais être compensé par le soutien de ceux en faveur dequels cette décision a été prise.
Sur cette question il faut dire que Joseph Kabila savait comment se comporter. On peut se demander pourquoi, lui qui est réputé aussi proche des Banyamulenge, n'avait pas procédé à l'installation de cette commune. Et même s'il l'avait fait ça se serait passé sans clocher pour ne pas toucher à certaines sensibilités. Les gens se sont précipités dans une dite «mission de paix » sous les frais de l'État pour aller plutôt torpiller la paix avec leur attitude irresponsable.
Cette importante mission en marge de laquelle ce bourgoumestre a été installé est un coup foiré de la communication. On aurait pu éviter tout celà. Ce n'est pas pour rien que Matata Ponyo avait signé un décret pour sursoir le décret de la création de cette commune. Il y avait des préalables, notamment un travail de sensibilisation communautaire et des mesures appropriées à prendre sur le plan sécuritaire et politique. C'est Bruno Tshibala, un autre ignorant des enjeux du Kivu qu'il n' a connu qu'à peine nommé premier ministre comme la plupart des autorités de Kinshasa, qui est venu levé cette surseance.
Enfin,je conseillerais à nos autorités de ne pas s'hasarder sur les questions aussi sensibles du Kivu. Car elles risquent de semer les germes du conflit qui va coûter des millions de vie aux congolais. Mobutu s'était laissé induit en erreur à son époque pour prendre les décisions qu'il a regretté amèrement jusqu'à la fin de son règne. Un demi siècle après, le Congo continu à en payer le prix fort. Les autorités doivent savoir que les simples décisions politiques qu'elles prennent ont une influence considérable sur la cours de nos vies.
Je n'ai jamais été contre la création en soit de la commune qui, normalement, doit constituer un pôle de développement de ce milieu enclave; c'est une bonne chose pour les communautés locales. Mais je suis contre la procédure de création, le contexte dans lequel cette commune a été créée et la gestion de cette commune. Tout porte à croire qu'on a crée plus une «commune des Banyamulenge» qu'une entité administrative pour le besoin du développement du milieu. C'est l'image qu'on fait circuler à dessein,et c'est frustrant pour les communautés locales.
Je déplore aussi le triomphatelisme dont font preuve les Banyamulenge. Nous sommes dans une région où l'attitude trimphaliste créée souvent des frustrations depuis 1996. Des messages et audios qui circulent sur les réseaux sociaux sont de nature à attiser le feu. On dirait qu'ils viennent de gagner des terres propres au détriment des autres communautés alors que dans la conception même d'une commune, rurale soit-elle, il s'agit d'une entité administrative qui appartient à tout congolais,un centre cosmopolite dans le milieu rural.
Cette attitude triomphateliste et les revendications actuelles des Banyamulenge qui visent à usurper l'autorité coutumière des terres sur lesquelles ils sont les derniers arrivants prouvent à suffisance qu'ils ne cesseront jamais, à moins de les décourager par des mécanismes appropriés, à surenchérir sur les revendications communauristes et de nature à troubler davantage la paix au Kivu.
Hier c'était la malheureuse question de
nationalité dont ils furent victimes et c'est fut heureusement réglé. Puis, il
s'est agit du territoire de Minembwe créé des toutes pièces par la rébellion
pro-rwandaise du RCD en empiétant sur trois territoires (Fizi, Uvira et Mwenga)
et qui avait en plus fabriqué les chefs coutumiers. Heureusement que le territoire
avait été supprimé par le gouvernement après avoir provoqué un bain de sang.
La population du Kivu n'est pas dupe pour ignorer que le créateur de ce territoire de Minembwe sous cette rébellion , à savoir, Azarias Ruberwa, est celui qui gère aujourd'hui le ministère de la décentralisation au moment où Minembwe est formalisée définitivement comme une commune avec autant de zèle. Ils ont passé du territoire de Minembwe à la commune de Minembwe, réveillant ainsi des mauvais souvenirs de la rébellion du RCD.
Après l'avoir obtenu ils revendiquent maintenant le rétablissement des «anciennes chefferies autonomes» Banyamulenge qui n'ont jamais existé au Congo. C'est fut la principale revendication à l'issue du forum intracommunautaire des Banyamulenge de Kinshasa en février 2020. Demain, vont-ils encore revendiquer quoi? Au delà de l'ignorence,les émotions et la manipulation politicienne qui se manifestent sur cette question de Minembwe il faut comprendre que les inquiétudes de la population sont légitimes vu les menaces extérieures et intérieures qui pèsent sur l'existence même du Congo.
Les Banyamulenge ont près de deux siècles au
Kivu si l'on tient compte de 19 siècle comme date de leur installation à
Mulenge, après le passage à Kakamba (Luvungi), dans la plaine de la Ruzizi.
Faudrait-il encore combien des siècles pour achever ce processus de
construction identitaire ? S'agit-il d'un processus en perpétuelle continuation
lorsque plutôt il aurait fallu s'inscrire dans la logique de renforcement de
l'identité nationale au lieu de construire une nouvelle indentité éthnique 135
ans après l'existence du Congo?
Par ces deux questions je voudrais tout simplement dire à nos compatriotes et frères de cesser de croire que c'est l'acquisition des nouvelles terres, de la nouvelle autorité coutumière et administrave qui fera d'eux des congolais accomplis. Ils le sont déjà par leur identité originelle (celle qu'ils détiennent avant et après la colonisation et qui n'implique aucune autorité coutumière, moins un entité administrative propre. ) qu'ils devraient plutôt assumer au lieu de s'enfoncer dans la confusion identitaire et contribuer à maintenir notre région dans les conflits inutiles.
Aux membres des autres communautés de ne pas
aussi , par leur attitude et parole, conditionner l'identité congolaise par les
droits de souveraineté coutumière ou chefferies coutumières autonomes. Parfois
notre attitude de rejet vis-à-vis des autres les pousse à adopter une attitude
réactionnaire. Un notable Munyamulenge m'avait dit un jour que leur
revendication des chefferies est une réponse opposée à ceux qui remettent en
cause leur identité congolaise parce qu'ils n'ont pas des chefferies.
Peut-on le leur reprocher lorsqu'on ne leur donne pas la possibilité de se sentir en sécurité dans leur identité ?Chacun de nous a donc une part de responsabilité dans la consolidation de la paix et de notre identité nationale congolaise. Changeons le regard vis-à-vis des autres pour une paix durable au Congo.
Source: Infoplusdrc drc
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