Tuesday, January 22, 2013

Rwanda: Kagame accepte enfin l’envoi des drones en Rdc


Par L'Avenir
Mardi 22 janvier 2013


Opposé au déploiement de trois drones pour surveiller l’Est de la Rd Congo, Paul Kagame a enfin accepté la proposition de la Monusco, disant qu’il ne trouvait aucun inconvénient. Mais qu’est-ce qui justifie ce virage à 180°, lorsqu’on sait que le 9 janvier dernier, le vice-ambassadeur du Rwanda à l’Onu disait que l’Afrique ne deviendra pas un laboratoire pour des engins d’espionnage de l’étranger ?

Entre-temps, le Mouvement du 23 mars (M23), rébellion active dans l’Est de la République démocratique du Congo, est accusée par des ONG locales d’étendre son emprise dans sa zone, malgré l’arrêt des combats avec l’armée et la tenue de pourparlers de sortie de crise actuellement à Kampala.

Depuis Kampala où a lieu présentement l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009, nous apprenons que les travaux ont effectivement commencé depuis le vendredi dernier. Dix membres du M23 et dix autres de la délégation gouvernementale travaillent d’arrache-pied pour aboutir à un accord qui devra être présenté aux chefs d’Etat et de Gouvernement de la CIRGL.

Coup de théâtre hier à Kigali. En effet, dans un point de presse qu’il a animé, Paul Kagame, président de la République du Rwanda, a enfin accepté la proposition de la Monusco de déployer trois drones pour surveiller l’Est de la Rd Congo. « En quoi vont-ils contribuer à restaurer la paix en Rdc ? Si l’ONU doit utiliser les drones en Rdc, c’est son choix », a dit Paul Kagame. Cette position intervient pendant que le 09 janvier dernier, M. Olivier Nduhungirehe, vice-ambassadeur du Rwanda à l’ONU déclarait qu’il n’est pas sage d’utiliser un engin sur lequel nous n’avons pas suffisamment d’informations. Et d’ajouter que l’Afrique ne deviendra pas un laboratoire pour des engins d’espionnage de l’étranger.

A ce jour, l’on cherche à savoir ce qui a poussé le président rwandais à faire un virage à 180°, lorsqu’on sait que selon Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix, la Mission de maintien de la paix des Nations Unies au Congo, prévoyait de déployer trois drones pour surveiller l’Est de la Rdc. Selon les diplomates à l’ONU, la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni sont favorables à l’utilisation de ces avions de surveillance sans pilote. Au sujet des drones, disons que la Rd Congo n’a trouvé aucun inconvénient à leur déploiement, d’autant plus qu’ils vont mettre un terme aux accusations sans fondement du Rwanda.

« Le Gouvernement congolais salue cette proposition puisqu’elle tend visiblement à améliorer les capacités des forces internationales impliquées dans la sécurisation de l’Est de la RD Congo. A l’Est en effet, la Force Onusienne agissant au nom de la communauté internationale devrait, pour la crédibilité de cette dernière, améliorer ses capacités opérationnelles pour arrêter la catastrophe humanitaire qui se joue au Kivu », a déclaré Lambert Mende le 11 janvier 2013, avant d’ajouter que le déploiement de trois drones non armés pour surveiller l’Est de la RDC paraît d’autant plus utile au renforcement de la paix dans la région qu’il permettra d’affiner la maîtrise par les forces internationales des mouvements le long de la frontière à problèmes qui sépare la RD Congo et la République du Rwanda.

Avec cette unanimité, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon devrait soumettre dans les prochaines semaines des recommandations sur les moyens d’améliorer la Monusco, dont la réputation a été sévèrement entamée par la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23 en novembre dernier, sous les regards impuissants des Casques Bleus de l’ONU.

Des Ongs chargent encore le M23

Le Mouvement du 23 mars (M23), rébellion active dans l’Est de la République démocratique du Congo, est accusée par des ONG locales d’étendre son emprise dans sa zone, malgré l’arrêt des combats avec l’armée et la tenue des pourparlers de sortie de crise actuellement à Kampala. Le mouvement contrôle une partie du territoire de Rutshuru, un territoire de la province riche et instable du Nord-Kivu adossé au Rwanda et à l’Ouganda voisins - deux pays accusés par l’ONU de soutenir le M23.

Désormais, les rebelles y perçoivent des taxes et, selon de récentes accusations de la société civile, ils nomment des chefs pro-M23 à la place des chefs traditionnels légaux - qui ont pour certains fui avec l’arrivée des rebelles. Ces ex-mutins de l’armée régulière, qui campent aux portes de Goma, s’étaient soulevés au printemps 2012. Après une occupation d’une dizaine de jours, ils ont quitté la capitale provinciale, début décembre sous pression internationale et en échange de contacts directs avec le gouvernement de Kinshasa.

Étienne Kambale, de la fédération d’ONG Société civile du Nord-Kivu, accuse les rebelles d’avoir remplacé le chef coutumier reconnu par la loi M. Makombe, "dans le groupement de Buhumba, en chefferie de Bakumu", par "un évadé de la prison Munzenze de Goma". "Croyez-vous que des personnes qui placent à la tête d’un groupement un criminel condamné sont (...) sérieuses ?", demande M. Kambale.

Sous couvert d’anonymat, un proche du chef déchu nuance ces allégations. "Makombe, pour de raisons de sécurité, n’a pas préféré rester dans la zone sous contrôle rebelle. Il y a des assoiffés du pouvoir qui sont à notre recherche", explique-t-il, mettant nommément en cause le M23. Chef de division de l’Intérieur du Nord-Kivu, Aloys Majune, se refuse à tout commentaire : "C’est une rébellion. Nous ne pouvons rien dire". Les rebelles avaient déjà nommé Benjamin Bonimpa administrateur du Rutshuru après leur capture de Rutshuru et Kiwandja le 25 juillet. Mais l’administrateur légal, Justin Mukanya, gère pour sa part la partie "libre" du Rutshuru, frontalière du territoire de Lubero.

Des taxes sur les marchandises et les transports ulcèrent aussi les commerçants. Si des pourparlers de sortie de crise se sont ouverts début décembre à Kampala et les combats ont cessé, le M23 continue à percevoir des impôts. Plus encore, les rebelles utilisent les formulaires de la Direction générale des impôts (DGI) auxquels ils ont ajouté leur sigle M23, selon un entrepreneur local.

Une taxe de dédouanement de trop

Certes "sur le plan sécuritaire, le M23 s’efforce (d’améliorer la situation) mais ce que nous détestons, c’est le paiement d’une taxe de dédouanement de nos marchandises. Comment voulez-vous expliquer le dédouanement de nos marchandises qui viennent de Goma, qui est en RDC ? C’est une blague", regrette Janvier, un commerçant. "Nous payons 40% de nos recettes au M23 chaque jour (...) Le véhicule paie pour le péage 5 dollars et, pour le libre passage, il paie 5 dollars à la police de la brigade routière du M23", tempête un responsable de l’Association des chauffeurs du Congo. "Il ne manque pas d’autres tracasseries, dit-il. Au total, le chauffeur paye 15 dollars pour les bus. Pour les camions, c’est grave : il faut 320 dollars pour chacun, dont 20 de péage et 300 pour la taxe sur la marchandise."

"Ces taxes ne nous favorisent pas. Les transporteurs ougandais qui venaient acheter notre soja ne viennent plus et un sac de soja revient maintenant à 18 dollars. Qu’allons-nous gagner en tant qu’agriculteurs ?", s’inquiète le responsable d’un marché de vivres du Rutshuru.

L’espoir est permis à Kampala

Depuis Kampala où a lieu l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009, nous apprenons que les travaux ont effectivement commencé depuis le vendredi dernier. Dix membres du M23 et dix autres de la délégation gouvernementale travaillent d’arrache-pied pour aboutir à un accord qui devra être présenté aux chefs d’Etat et de Gouvernement de la CIRGL.

Disons que l’Accord de paix de Goma comporte 15 articles articulés autour des principaux points suivants : la transformation du CNDP. Le CNDP s’était engagé à ne plus reprendre des armes (article 1) ; la libération des prisonniers politiques [sous-entendu du CNDP] (article 2) ; la promulgation d’une loi d’amnistie couvrant la période allant de juin 2003 ; la mise en place d’un mécanisme national de réconciliation (article 4) et des Comités locaux de conciliation (article 5) ; la création d’une « police de proximité » ; l’érection du Nord-Kivu et du Sud-Kivu en « zones sinistrées » ; la réforme de l’armée et des services de sécurité (article 10) et le retour des réfugiés et des déplacés internes.

Mais comme il a été rappelé dans le préambule de l’accord du 23 mars 2009, à Kampala, les deux parties doivent penser au caractère intangible et inaliénable des principes fondamentaux de la Constitution de la République, particulièrement ceux relatifs : A la souveraineté nationale ; A l’intégrité territoriale ; A l’inviolabilité des frontières nationales, conformément au tracé en vigueur au 30 juin 1960 ; Aux droits humains, libertés fondamentales et devoirs du citoyen et de l’Etat ; Au caractère républicain et apolitique des forces armées et de la police nationale.

Les Musulmans prônent la paix dans les Grands Lacs

C’est le grand « Mufti », chef de la religion musulmane en RDC, qui est président du conseil des musulmans de la région des Grands-Lacs et l’Afrique de l’Est, Cheik Abdallah Mangala, qui a amené le secrétaire général de son organisation auprès du ministre Raymond Tshibanda. « On implore Dieu pour que la République Démocratique du Congo ait la Paix pour son développement », a lancé Cheik Mangala.

Les croyants ont un programme de faire éclore la paix dans toute la région, a ajouté Ibrahim Salim au sortir de la rencontre avec le chef de la délégation du gouvernement congolais au dialogue de Kampala. « Nous avons été impliqués dans la recherche de la paix contre des différends au Soudan, en Lybie, Darfour, Somalie et nous avons porté notre voix jusqu’aux Nations Unies ».

C’est la phrase principale du secrétaire général des musulmans de l’Ouganda et du conseil régional qui s’est félicité que la RDC a pensé aux hommes de Dieu dans cette recherche de la paix. Ibrahim Salim a annoncé le plan de faire réunir les chrétiens et musulmans pour une grande rencontre afin d’affermir cette recherche d’une paix durable dans la région.

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