Monday, December 31, 2012

Rwanda: Une lettre à mon frère Déo...


Par Cécil Kami
Le 31 Décembre, 2012

Cher frère,

Dans seulement quelques heures, nous embrassons une année nouvelle et passons en 2013. C'est pour beaucoup une occasion de festoyer et d'apprécier les cadeaux reçus, de prendre des résolutions (qu'ils oublieront peut-être le mois d'après) et surtout de formuler des vœux à ceux qui leur sont proches. C'est là toute la difficulté à rédiger cette lettre : de là où tu es, il paraît que le temps ne passe pas ; je ne sais donc pas si nous passerons le cap en même temps. Il paraît aussi que l'idée même de fête est une aberration dans ce bagne où ils t'ont confiné. Pour les cadeaux, je sais que tu n'en reçois que de Rurema. Ta vie par exemple ainsi que l'indéfectible soutien des tiens. Tes calomniateurs et tortionnaires savent tous que tant que tu resteras couvert par la main du Créateur, ils ne pourront rien contre toi.Iyakaremye niyo ikamena. Cadeau de Nyir'ibiremwa. Pour concurrencer ce dernier, je t'écris ces lignes que Lui se chargera de mettre au pied de ton sapin.

Je noircis ainsi cette page pour narguer ceux-là qui ont cru t'éloigner de moi. De nous. Pour leur rappeler que je ne t'oublie pas. Même lorsque des hobereaux qui ne pigent mot à ton combat essaient, tels des moutons de Panurge, de jeter ton nom en pâture. Car de cette obscurité qui te sert de cadre de vie aujourd'hui, il nous parvient tout de même un petit faisceau de lumière et celle-ci est dorée de par la force que tu lui a imprimée. Je t 'entend encore tordre le cou à l'ethnisme de certains ; tu disais alors et toujours : « ubuhutu, ubututsi si umushinga ». Je me surprend tous les jours en train d'admirer le courage qui t'a fait quitter et dénoncer la malfaisance de nos bourreaux. Une de tes phrases passera, je n'en doute pas, à la postérité : « Ils sont capables d’écraser nos corps mais aucune de leurs armes, aussi sophistiquée soit-elle, ne pourra atteindre notre conscience ». Je me demande bien souvent si ton vrai et seul crime n'est pas d'avoir eu raison très tôt...

Tu as vaillamment dénoncé leur cupidité, tu as constamment fustigé leur félonie, tu as mis à nu et abhorré leurs mensonges, tu as systématiquement cassé les barrières ethniques, tu as prêté une oreille de compassion à toutes les souffrances, tu as refusé le facile character assassination, tu as toujours privilégié la force de l'argument au détriment de l'argument de la force. Tu es digne du Rwanda. Celui de nos ancêtres, eux qui n'avaient qu'une parole. Jamais de langue fourchue. Tu es digne du Rwanda. Celui de nos rêves, celui chanté par feu Philip Lucky Dube lorsqu'il interroge : « the cats and the dogs have forgiven each other, what's wrong with us ? All these years fighting each other but (there is) no solution ». Celui annoncé par Enrico Macias qui déclarait : « Je vous apporte la nouvelle : tous les loups tous les agneaux, plus jamais ne se querellent au bord du même ruisseau ».

Cher frère,

tu es certainement au courant, mais depuis qu'ils t'ont kidnappé et qu'ils t'ont emmuré, le camp de la Vérité a pris un coup et surtout a peur; s'organiser efficacement relève désormais plus du tâtonnement que d'une stratégie de lutte bien rodée pour faire partir Serwakira. Dans son mutisme, le peuple veut bien croire que les choses se passent bien et en toute discrétion. La vérité est que le spectacle qui nous est épisodiquement offert par tes partenaires d'hier fait désespérer plus d'un et, malgré l'accumulation des bourdes et autres provocations d'Arbre-dans-l'oeil, le socle de la tyrannie ne se lézarde que très lentement. Avec la courageuse Ingabire et le téméraire Ntaganda, vous devez vous posez beaucoup de questions. Je n'en ai pas les vraies réponses, juste des suppositions. Mieux, des vœux. Celui par exemple de voir émerger une figure charismatique qui fédérera toutes les forces qui auront un jour (mais définitivement alors) raison des afande qui nous ont aliéné nos voisins et n'arrêtent pas de mortifier les nôtres.

Parlant toujours des vœux, je reviens sur le plus important à mes yeux pour 2013 : ta liberté. Et celle de tous tes codétenus. La liberté des Rwandais. Tous, sans exception. Après tout, un régime qui sait organiser ta filature pour ensuite techniquer l'acte de ton accusation ne manquerait nullement d'arguments ni d'ingéniosité pour mettre un frein (pourquoi pas un coup fatal?) à sa machine à moudre et ainsi entamer ta remise en liberté. Je crois en ton innocence et je le répète ici. Je l'écrirais jusqu'à ce que les touches de mon clavier mémorisent ton nom. J'exprime le vœu de voir tes geôliers le reconnaître, même à leur façon. C'est-à-dire sans perdre la face (le masque, lui, il y a belle lurette qu'ils l'ont perdu). Cela signifierait qu'enfin « ils » comprennent que le sort de leur pouvoir est intimement lié à la (in)justice qu'ils appliquent au peuple. « Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous », disait Montesquieu.

L’autre (que je ne veux pas citer aujourd’hui) va tantôt s’adresser à la nation et certainement qu’il va s’épancher comme à son habitude. Il y a longtemps que mes yeux n’y sont plus (nakuyeyo amaso), sinon j’allais me mettre à rêver d’un sursaut humain et authentiquement patriotique de sa part. D’une grandeur d’esprit. Rêver d’un discours audacieux dans lequel, au lieu de nous parler du M23, il parlerait de grâce présidentielle. La magnanimité ça s’appelle, mais à moins d’une inspiration de dernière minute, ce concept reste étranger dans les pratiques des afande. A croire qu’avec tout le sang innocent qu’ils ont versé, une étrange métamorphose a solidifié leurs cœurs. Tiens donc bon mon frère car à chaque jour suffit sa peine et demain sera un autre jour. Bucya bwitwa ejo, comme le disait notre tante bien-aimée. Au dernier jour, ils sauront qui tu es réellement : Invictus.

Tout récemment encore, « ils » ont convié un ami dans une ruée vers les ors d'Afandie. Come and seedisaient-ils alors. En guise de commission, j'ai demandé à l'ami de faire un petit détour par Mpanga et, plus zélé que ses pourvoyeurs de billets et de slogans, il m'a dit et redit qu'il viendra te faire un coucou de ma part. Il est parti, il a vu, il est revenu et s'est tu. A son retour en effet, quel ne fût pas mon étonnement de le voir baragouiner, tête basse, des explications genre « burya ibintu ntibyoroshye nk'uko nabikekaga n'uko babitwizezaga» et d'ajouter « nzakubwira »... J'attends toujours le récit de son excursion, même si j'ai fini par comprendre. Qu'entre les lignes de ses phrases se cachait une gêne, une honte ; celle d'avoir cédé aux sirènes d'une propagande malicieuse. D'avoir été berné, manipulé. Puisse donc l'année qui débute voir délivrées toutes ces consciences abusées. Puissent surtout certains mots retrouver toute leur pleine signification.

Agaciro par exemple. En as-tu entendu parler ? Je parie que non. Ils en font un usage qui n'a rien à voir avec les traditions de notre culture. Cela ne les empêche pas de rouler leurs nouveaux amis dans la farine en traduisant ce qui n'est pour eux que vantardise de m'as-tu-vu par « dignité » ! Sans blague. Ils écrasent l'orphelin et outragent la veuve : agaciro. Ils se pavanent dans nos villes en parvenus : agaciro. Ils agressent et pillent nos voisins : agaciro. Ils crachent dans la main des donateurs qui leur fournissent la soupe : agaciro. Ils tranchent les têtes de ceux qui pensent autrement qu'eux : agaciro. Ils exilent les journalistes : agaciro. Ils sont même insatisfaits des verdicts par leur cours prononcés : agaciro. Ils harcèlent et surtaxent le paysan : agaciro. Ils commettent des attentats à l'étranger : agaciro. Vivement le jour où tout cela arrivera à terme et que s'accomplira ta prophétie : « J’annonce ici et maintenant une nouvelle forme de révolution. Celle de la vérité, de l’amour, de la tendresse et de la fraternité retrouvée ».

En attendant cette bonne nouvelle, je continuerai de penser à toi pendant que je me prépare à faire le saut dans l'année qui s'annonce. Je ne sais pas s'ils te laisseront prendre un verre pour la circonstance, si non sois sûr que lorsque mourra 2012, je porterai un toast et mangerai un bout (akantu gato) à ta santé pour que vive 2013 et que vive la flamme que tu as allumée dans les cœurs de tous ceux qui ont connu ta simplicité et la clarté de tes principes.

Meilleurs vœux cher Déo.

FDU-INKINGI IRIFURIZA ABANYARWANDA UMWAKA MUSHYA MUHIRE WA 2013, UMWAKA WO GUSHIKAMA TUGAHARANIRA UBURENGANZIRA BWACU

Ijambo rya Boniface  Twagirimana
Visi-Prezida w'agateganyo
FDU-Inkingi

Kigali, Ku wa 31 Ukuboza  2012.



Banyarwanda, banyarwandakazi, barwanashyaka ba FDU-INKINGI, namwe nshuti z’uRwanda,

Komite nyobozi y'agateganyo ya FDU-INKINGI iyobowe na Madame Victoire Ingabire ishimishijwe no kubifuriza umwaka mushya muhire wa 2013. Ishyaka rirazirikana  kandi rinashima by’umwihariko mwe mwese mwariteye inkunga uko mushoboye mu gufata mu mugongo imfungwa za politiki ndetse n'abandi bose bitangiye uru rugamba rwa demokarasi, iyubahirizwa ry’uburenganzira bwa muntu, n’ubutegetsi bugendera ku mategeko mu Rwanda.
Uyu mwaka dutangiye wongeye gusanga ku nshuro ya gatatu umuyobozi wacu Madame Victoire Ingabire Umuhoza ari muri gereza nkuru ya  Kigali azira  igikorwa cye cy’ubutwari n’ibitekerezo bye bya politiki bigamije  guha ubwisanzure abanyarwanda. Intsinzi yacu iri mu kugumya gufatana munda, kwitanga ndetse no gukomeza gushyigikira ibikorwa bitandukanye by’ishyaka.

By’umwihariko ishyaka FDU-INKINGI rirashimira  abarwanashyaka b’imbere mu gihugu kuba baritabiriye ibikorwa byo gusura Umuyobozi Victoire  Ingabire buri wagatanu, kwitabira imanza, gusura izindi mfumgwa za politiki, kugaragaza ibyifuzo by’ishyaka ku miryango mpuzamahanga itandukanye.

Turashima abarwanshyaka bari hirya no hino ku isi  ku bw’ibikorwa by’ubuvugizi, byo gushyigikira ishyaka bakomeje gukora. Turashimira byimazeyo abarwanashyaka 8 bafungiye muri gereza ya Muhanga bazira ubutwari bwo kuganira kubitagenda mugihugu ubwo bahuraga n’umunyamabanga mukuru w'agateganyo  w’ishyaka. Turanashimira n’abandi batari mu ishyaka FDU – INKINGI baba abo mu gihugu imbere baba n’abari hanze yacyo bakomeje gukora iyo bwabaga ngo akarengane abanyarwanda bakorerwa n’ubutegetsi karanduke burundu.

Uyu mwaka urangiye kandi waranzwe n’ikibatsi cya benshi mu barwanashyaka mu kwereka ubutegetsi bw’igitugu bwa FPR ko abanyarwanda hari ibyo barambiwe ko ndetse binatuma batagomba gukomeza kurebera no guhera ku ngoyi y'ubwoba maze benshi biyemeza  guhaguruka mu mahoro bereka ubutegetsi ko hari ibyo bugomba guhindura byanze bikunze n’ubwo ubwo buyobozi bwa FPR bukomeje kuvunira ibiti mu matwi ahubwo bukerekana ko budatezuka mu guhiga, gufunga no kubuza amahwemo uwo ariwe wese unenga imikorere mibi yabwo bwifashishije inzego zitwa ko zishinzwe umutekano ariko zitabasha kwitandukanya no kuba ibikoresho by’ishyaka FPR aho gukorera inyungu z’abanyarwanda bose.

Turazirikana kandi n'abana b'Abanyarwanda bakomeje gushorwa mu ntambara mu gihugu cy'abaturanyi cya Kongo nk’uko bitangazwa na raporo y’impuguke za Loni.

Twifatanije kandi n'abakomeje guhatirwa bose gutanga ku ngufu amafaranga mu kigega cy'agaciro ndetse n’indi misanzu itagira ingano abanyarwanda bakwa umunsi ku wundi mu gihe ubu bugarijwe n’inzara n’ubukene.

Muri uku gusoza umwaka wa 2012 no gutangira uwa 2013 ishyaka rirazirikana ubutwari bwa benshi bagiye bahutazwa n’izo nzego zose za FPR ariko bakerekana ko batazatezuka kubungabunga ubusugire bw’urumuri rwa demokarasi bacaniwe n’umuyobozi wabo umwaka ushize utangira ubwo bamusuraga aho afungiye ari nabwo yabasabaga  kutazatuma ruzima.

Uyu mwanya kandi turazirikana n’abandi banyapolitiki bafungiye ibya politiki  barimo ba Nyakubahwa Bernard NTAGANDA, Deogratias MUSHAYIDI , na Dr. Theoneste NIYITEGEKA. Turazirikana kandi n’abandi bahutazwa n’ubutegetsi bw’igitugu bwa FPR banamburwa uburenganzira bwabo haba mu Rwanda no hanze.

By’umwihariko, ishyaka rirashima uburyo ku wa 21 Ukuboza 2012  abarwanashyaka benshi bagiye kuri gereza kwifuriza umuyobozi mukuru w’ishyaka Noheri nziza n’umwaka mushya muhire wa 2013 n’ubwo  batemerewe kwinjira no kubonana na we bakoze ikimenyetso gifite agaciro gakomeye. Abo hanze y’igihugu namwe intashyo zanyu  zatugezeho kandi zikomeje kuduha imbaraga. By’umwihariko umuyobozi w’ishyaka arabashimira ko mukomeje kumuzirikana aho ari  mu gihome.

Kugeza ubu Ishyaka ryacu FDU – INKINGI ntiriremerwa n'amategeko yashyizweho n'ingoma ya FPR Inkotanyi. Nyamara Itegeko – Nshinga ry’igihugu cyacu ryemera amashyaka menshi. Abarwanashyaka bacu iyo bahuye biganirira barafatwa bagafungwa. Ingingo ya 36 y’Itegeko – Nshinga ry’igihugu cyacu ibitangira uburenganzira. Izi ngero nke zigaragaza ikibazo gikomeye dufite mu gihugu cyacu aho ubuyobozi bwashyizeho amategeko yo kugaragariza amahanga ko dufite igihugu kigendera ku mategeko, nyamara FDU – INKINGI turi abahamya b’uko mu Rwanda hari ubutegetsi bw’igitugu butubahiriza n’amategeko bwishyiriyeho. Tuzakomeza kuba abahamya b’ako karengane kari mu gihugu ari nako dukomeza guhuza imbaraga hirya no hino, ari imbere mu gihugu cyangwa hanze yacyo kugira ngo tugeze ubwisanzure na demokarasi mu gihugu cyacu, kuko nibyo mizi y’iterambere rirambye n’ubwiyunge nyakuri bw’Abanyarwanda. Tuzi neza twese ko nta wundi ufite igisubizo cy’ibibazo byacu usibye twe ubwacu.

Nimushikame, dukenyere dukomeze, duharanire mu mahoro uburenganzira bwacu.

Umwaka mushya muhire kuri mwese.  Imana ikomeze kutubera urumuri.

Sunday, December 30, 2012

Rwanda: les métamorphoses d'un tyran

Par Cécile Kami
DHR Group
Le 28 D
écembre, 2012



Sous la plume de Jacqueline Umurungi, le président du Rwanda nous est révélé sous tous les aspects de sa mugabisation
« Is Rwanda under Kagame becoming the next Zimbabwe? » 
C'est sous ce titre (paru ce 26 décembre 2012 sur le site http://http://www.inyenyerinews.org/) que l'auteure de l'article explique les misères qui guettent le peuple rwandais suite à l'entêtement de leur président. Les aventures belliqueuses de ce dernier ont déjà fait se fâcher plusieurs donateurs qui ont fermé le robinet des aides pourtant si précieuses au budget du Rwanda. Malgré le signal d'alarme que tire son ministre des Finances par rapport à cette situation, le premier des afande se comporte toujours en l'enfant gâté qu'il était encore hier, lorsqu'il faisait chanter le monde entier suite au génocide rwandais. Les temps changent et là où l'historien Gérard Prunier voyait un régime qui se habyarimanise à la vitesse grand V, l'on croit aujourd'hui découvrir une réplique du Zimbabwe périclitant de RobertGabriel Mugabe. Sauf que, en grattant un peu plus le portrait, on voit apparaître... Staline.

Tout dans Kagame rappelle en effet le « petit père des peuples », grand bourreau des Soviétiques devant l’Éternel. De l'enfance à ses guerres en passant par une gestion dictatoriale du pays, les similitudes entre les deux personnages sont éminemment frappantes qu'il n'est pas vain de s'y arrêter un instant. Tout d'abord leur enfance. L'un et l'autre ont vécu une enfance dans la misère. Staline naît dans un village pauvre ; Vissarion, son père, est cordonnier. Il est aussi alcoolique et n’éprouve pour son fils rien d’autre que de l’indifférence. L’enfance du dictateur est rude, sans chaleur. L’argent manque. Son équivalent rwandais n'est pas mieux loti : en exil, Kagame perd son père et mène une vie de réfugié dans un camp, celui de Nshyungerezi. Il ne peut être scolarisé normalement par manque de moyens. (He benefited from financial assistance via a family friend based in Belgium that enabled him to continue his schooling).

Ensuite, tout comme Staline, Kagame prend le pouvoir alors que ses amis s'y attendent le moins. Le premier passe pour un personnage insignifiant pour ses camarades et personne ne s'imagine qu'il pourra succéder au grand Lénine et qu'il exécutera dix ans après tous les prétendants sérieux à cette succession. L'un de ceux-ci déclare : « Staline est la plus éminente médiocrité de notre parti », un autre confirme : « nous ne craignons pas Staline, aussitôt qu'il voudra prendre de grands airs, nous l'éliminerons ». Presque les mêmes remarques qui ont été formulées à l'endroit du chétif Kagame.Mentally and physically unfit disaient ses camarades de lutte. (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili sera surnommé Staline (l'homme de fer), Paul Kagame se contentera du peu glorieux Pilate.

Dans leur ascension, les deux hommes ont du s'appuyer sur des icônes dans le sillage desquels ils ont patiemment attendu leur heure. Lénine pour Staline et Museveni pour Kagame. Alors que l'un a participé avec Lénine en 1917 à la grande révolution qui a renversé le tsar, l'autre a participé en 1981 avec Museveni à la guérilla qui a eu raison de Milton Obote. Tous deux ont par ailleurs réussi, grâce à des manœuvres dans leurs partis, à écarter l'homme le plus important du moment. Trotski en 1924 etRwigema en 1990 puis Kanyarengwe en 2001. Lorsqu'ils arrivent au pouvoir, la volonté chez les deux de faire table rase du passé est on ne peut plus manifeste. Alors que Staline supprime brutalement les traces de la vieille Russie, qu'il décrète que la religion est contraire aux intérêts du peuple, qu'il fait décrocher les vieilles icônes orthodoxes dans tout le pays avant de les détruire, Kagame, lui, a déterré le président Dominique Mbonyumutwa, a débaptisé l'aéroport, fête le 4 au lieu du 5, a changé le découpage administratif du pays, etc. Pour l'Urss, Staline éprouve une ambition sans bornes alors queKagame se plaît à défier ses bailleurs de fonds, attaque le Congo, menace son ancien parrain,l'Ouganda. Ils ont, ce faisant, gagné les titres de « guide éclairé des communistes » pour Staline et « afande Political Coordinator » ou « Mzee kijana » pour Kagame.

Par des gigantesques chantiers, le soviétique voudra moderniser la Russie à marche forcée pour en faire le paradis des ouvriers tandis que le rwandais est guidé par une fixation : celle de transformer son pays en un tigre économique selon le modèle de Singapour.

Au fil de leurs règnes respectifs cependant, des mauvaises nouvelles s'invitent : la pauvreté se généralise, le manque de logements devient criant, la malnutrition s'installe. Le rêve communiste se fissure, mais Staline fait la sourde oreille et cherche des coupables chez les responsables de l'économie. Expérimentant pareille épreuve, Kagame commence par s'emporter contre les génocidaires qu'il a vaincus et les rend responsables de tout ce qui ne fonctionne pas au Rwanda. Il s'en prend ensuite à tous les Occidentaux qui dénoncent sa main de fer, mais surtout les guerres qu'il provoque chez son voisin pour mieux le piller.

Alors qu'une famine sévit dans la riche Ukraine, Staline interdit aux paysans affamés de quitter leurs villages pour les grandes villes, condamnant ainsi 5 millions de personnes (un des plus grands massacres du siècle dernier). Ceci ne l'empêche pas d'inviter des étrangers (le député français ÉdouardHeriau visitera ainsi en train le pays, il est satisfait et hausse les épaules lorsqu'on lui parle de famine) qui viennent voir (come and see ?) les progrès du communisme. Ces millions de morts rappellent les quelques 5,4 millions de personnes mortes à cause du conflit et de la crise humanitaire provoqués dans la République démocratique du Congo par la cupidité du président Kagame (selon un rapport del'International Rescue Committee).

On peut égrener comme cela les points qui rapprochent les dictateurs Paul Kagame et Joseph Staline :

-les techniciens : les journalistes et les cinéastes doivent désormais décrire le monde non pas comme il est, mais comme il devrait être ! Des chiffres truqués, invente des héros. « Falsifier les chiffres, les factures, les rapports est courant dans les services de l’État rwandais à qui ces pratiques font perdre des milliards ». (Fulgence Niyonagize sur le site http://syfia-grands-lacs.info )

-Kolkhoze / imidugudu

-Gigantesque état policier (agents de Staline sont partout, embarquant et déportant la population n'entrant pas dans le moule du régime vers des camps de travail, les goulags). L'omniprésence des services de sécurité de Paul Kagame fait dire à beaucoup que le Rwanda est tout simplement un état-garnison. Des enlèvements, des internements ou des déportations vers divers camps dont celui d'Iwawa sont malheureusement fréquents.

-à l'étranger on est loin d'imaginer l'horreur stalinien; pourquoi ? Staline a « rendu leur fierté 

-Staline liquide toute la génération qui lui fait encore de l'ombre : son plus proche compagnonBoukharine (un ami de 15 ans mais qui l'a contredit plusieurs fois) est torturé puis fusillé (et sa famille déportée). Le compagnon de Kagame, le général Kayumba est accusé de tous les crimes (complot, trahison, gabegie, etc.) ; il sera condamné à 24 ans de prison avant de survivre à des tentatives d'assassinats commandités par Kagame.

-Staline devient paranoïaque, encourage la délation et compte sur la loyauté d'un homme de mainNikolai, dit « le Nabot ». Ce chef de la police secrète qui instaure la grande terreur (1000 personnes exécutées par jour) rappelle les empoisonneurs d'Afandie.

En conclusion, il y a lieu de se demander jusqu'où ira cette métamorphose ? Y aura-t-il une prise de conscience de la part de notre Kagame national ? Quelles seront les conséquences de ce processus ? Dans son insensibilité extrême, Staline n'a pas voulu échanger son fils fait prisonnier par les Allemands contre un maréchal nazi. Le pauvre mourra en essayant de s'échapper. La honte pour un père. Prions pour que le soldat Cyomoro ne puisse un jour se retrouver dans pareille situation. Et surtout qu'à la mort de son général de père, il n'y ait pas ceux, comme les déportés du camp de Borkuta, qui disent « Que le diable emporte son âme » et « aujord'hui, grâce à Dieu, l'homme à la moustache est parti en enfer »...

Does the U.S. Support Destabilization in the DR Congo?


The assassinations of three Presidents in the Central African region are linked to President Paul Kagame.

Kambale Musuvuli
Kambale Musuvuli
(WASHINGTON DC) - One of the most profound and saddening statements I have read recently was made by Kambale Musuvuli, a Congolese activist and spokesperson for Friends of the Congo; he said, “Congo is a test for humanity. Future generations will ask why it took two decades to stop killing of Congolese reaching 6 million dead.”
Why indeed.
Johnnie Carson
The more one follows the developments in Central Africa the angrier one should become. Weeks ago a subcommittee hearing of the U.S. House of Representatives was held with guest speakers including Assistant Secretary of State Johnnie Carson, John Prendergast, activist and co-founder of the Enough Project as well as Steven Hege, former leader of the Group of Experts to the UNSC and Congolese citizen Mvemba P. Dizolele, Visiting Fellow, at Hoover Institution on War, Revolution and Peace.
While watching this hearing it was obvious that Assistant Secretary of State Johnnie Carson was struggling to articulate any understanding of the Rwandan government’s backing for the M23 rebel group currently terrorizing the Eastern DRC and it was apparent that he supports and works closely with this government.
Susan Rice
Ambassador Susan Rice’s political relationship with President Kagame of Rwanda was exposed in numerous media reports including one by this writer.
A simple Google search of Susan Rice’s political relationship with Paul Kagame will yield a days’ worth of reading on the topic. Shortly after this media frenzy Ambassador Rice announced that she was withdrawing her name from consideration  for the position of Secretary of State.
While the follow up reports of her withdrawal speculated that she did so because of her statements regarding the attack in Benghazi others believe she did so due to the connection with President Paul Kagame and how this situation would affect the Senate confirmation hearings required for her being appointed to the position of Secretary of State.
Rwanda President Paul Kagame, Minister of Defense James Kabarebe and Brigadier General Jack Nziza
Numerous human rights organizations have been taking to twitter, email and phone calls to her office calling for her to sanction high ranking Government of Rwanda Officials including President Paul Kagame, Minister of Defense James Kabarebe, Brigadier General Jack Nziza who is the current Directorate of Military Intelligence.
The blood on the hands of these three men is dripping with hypocrisy, and yet Ambassador Rice continues to remain silent on this option. Politics certainly makes for strange bed-fellows. All three of these men have committed murder, intent to commit murder or are guilty of planning and ordering the assassinations of numerous individuals both political and innocent civilians while the international community has turned a blind eye.
But why?
Rwandan Defense Minister James Kabarebe, President Paul Kagame, Chief of Land-Forces Gen. Charles Kayonga
Kagame: connected to the assassinations of President Juvenal Habyarimana of Rwanda,
President Cyprien Ntaryamira of Burundi and President Laurent Desire Kabila of DR Congo
The assassinations of three Presidents in the Central African region are linked to President Paul Kagame which includes President Juvenal Habyarimana of Rwanda, President Cyprien Ntaryamira of Burundi and President Laurent Desire Kabila  of DR Congo.
How can three sitting presidents be killed in cold blood with no international outcry, investigation or justice for these murders? For a person to get away with murder they would have to have friends in very high political places who are covering up those crimes or are complicit in them.
The relationship of President Paul Kagame with his US and UKsupporters goes back to when the RPF was still a rebel group being formed in Uganda
Researcher and Human Rights Watch Researcher Alison Des Forges documented the many crimes of Paul Kagame and was one of the first to acknowledge that genocide was committed in 1994 in Rwanda when the rest of the world would not apply such a label because they would then have to intervene.
'Faces of Paul Kagame' - all photographs by Jennifer Fierberg Salem-News.com
With the mountain of evidence against Paul Kagame and his continuous crimes in the DR Congo over the last 17 years, including the most recent reports by the UN Group of Experts  it begs the question as to why the world is covering for Kagame. What secrets does he hold that they don’t want exposed?
DRC Congo - UN photo
The Eastern DR Congo is in absolute crisis with the population at risk on a daily basis of death, displacement and rape. The Rwandan backed M23 rebels are terrorizing the region in a strategic fight for minerals and power.
The Rwandan Government vehemently denies any and all accusations made in UN Group of Experts report yet continues to remain silent when called upon to denounce the activities of the M23.
So, what poker hand is Kagame holding that the US is willing to basically remain silent on the atrocities being committed in the DR Congo?
Over 6 million lives have been lost and countless women have been raped but yet all the US has done is to sanction inconsequential members of the Rwandan backed M23. This move is laughable because it is a smoke screen of an attempt to show the world the US government is concerned about the innocent lives of the DRC.
In an attempt to take a bolder step, last week President Obama made a phone call to President Kagame which in part stated, “President Obama underscored that any support to the rebel group M23 is inconsistent with Rwanda’s desire for stability and peace.” Obama also made this same call to President Kabila of the DR Congo.
Rally for “Obama Law” or PL 109-456
None of these actions will stop Kagame. Sanctions must be placed on the top Government officials of the Rwandan Government named in the Group of Experts report to the UNSC in order to stop the atrocious acts continuously being committed in theEastern Congo.
President Obama needs to enforce his “Obama Law” or PL 109-456 which clearly states that “The Secretary of State is authorized to withhold assistance made available under the Foreign Assistance Act of 1961 (22 U.S.C. 2151 et seq.), other than humanitarian, peacekeeping, and counterterrorism assistance, for a foreign country if the Secretary determines that the government of the foreign country is taking actions to destabilize the Democratic Republic of the Congo.” This has been documented time and time again in numerous reports yet the US government continues to give a free pass to President Kagame.
What more evidence does the US government need? If the US Government refuses to implement this bill and apply sanction to the Government of Rwanda officials including but not limited to President Kagame, then there is no question that, indeed, the US is in support of the destabilization of the DR Congo, as this option seems to serve more its strategic interests, and has turned its back on  the Congolese innocent lives suffering every day.
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Jennifer Fierberg is a social worker in the US working on peace and justice issues in Africa with an emphasis on the crisis in Rwanda and throughout the central region of Africa. Her articles have been published on many humanitarian sites that are also focused on changing the world through social, political and personal action.
Jennifer has extensive background working with victims of trauma and domestic violence, justice matters as well as individual and family therapy. Passionate and focused on bringing the many humanitarian issues that plague the African Continent to the awareness of the developed world in order to incite change. She is a correspondent, Assistant Editor, and Volunteer Coordinator for NGO News Africa through the volunteer project of the UN. Jennifer was also the media co-coordinator and senior funding executive for The Africa Global Village. You can write to Jennifer at jfierberg@ymail.com. Jennifer comes to www.Salem-News.com with a great deal of experience and passion for working to stop human right violation in Africa.

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Thursday, December 27, 2012

Acquittés sans terre d'asile : le cas Kabiligi


Par Cécile Kami
Le 27 Décembre 2012

Avec les inégalités de ce monde, l'on connaissait les SDF, ces personnes sans domicile fixe qui exposent la face peu reluisante (euphémisme) des pays développés ; voici maintenant les STA. Il s'agit des personnes sans pays d'accueil, des acquittés sans terre d'asile qui font la honte de la justice pourtant dite internationale. Avec le cas du général Gratien Kabiligi, le Tribunal pénal international pour le Rwanda vient de justifier tout le mal qu'on pense de ses méthodes de travail, surtout le peu de cas que font ses bailleurs des décisions qui sortent de ses délibérations. Les Rwandais, eux, s'étaient, avant l'heure, détournés de cette juridiction depuis belle lurette. Les vainqueurs du Fpr car ils estiment que ce tribunal ne joue pas à fond leur jeu de diabolisation et de crucifixion de tout adulte par eux-mêmes pointés. Les vaincus car ils n'arrêtent pas de réclamer la mise en examen des assassins qui font la pluie et le beau temps dans leur pays. C'est à vraiment se demander l'utilité et la crédibilité de ce schmilblick...

Déjà en 2005, deux de ses enquêteurs avaient malmené à mort un présumé « pas innocent », mais coupable de génocide, feu Uwilingiyimana Juvénal. Convoqué et ré-convoqué à plusieurs reprises, cet ex-ministre du président Habyarimana écrivait quelques jours seulement avant son assassinat : « Je suis prêt à supporter toutes les conséquences telles qu’elles m’ont été précisées par les enquêteurs Tremblay et Delvaux : je serai lynché, écrasé, mon cadavre sera piétiné dans la rue et les chiens me pisseront dessus ». Cette prophétie s'est malheureusement accomplie et plus de 7 ans après ce drame, ni le Tpir ni la Belgique n'en ont à ce jour fourni aucune explication convaincante. Dans ce même dossier, apparaît le nom d'un certain Michel Bagaragaza : avec le rôle d'une balance zélée, on le retrouve en train de vouloir « forcer » Uwilingiyimana à avouer. Ce Bagaragaza-là affirmera avoir appartenu au petit cercle des fossoyeurs de la deuxième république, la fameuse akazu. Il s'en tirera pourtant avec une libération anticipée tandis qu'un autre gros poisson (et éminent membre de la même structure) qu'il avait chargé, Protais Zigiranyirazo, sera acquitté !

Drôle de justice peut-on être tenté de dire. Et il n'y a pas que les premiers concernés (les Rwandais) à être interpellés par les intrigues made in Arusha. Le professeur Bernard Lugan dénonçait en son temps la principale faiblesse de ce tribunal : il soutint qu'on y faisait de « l’autisme scientifique » en étant enfermée dans un postulat, en écartant tout ce qui était contradictoire, allant jusqu'à nier l’évidence pour appuyer la thèse d’un génocide planifié. L'écrivain Pierre Péan parle, lui, d'« une machine monstrueuse, partiale et ethniciste, fonctionnant avec des faux témoins, envoyés sous la contrainte par des responsables rwandais manipulateurs. Monstrueuse parce qu’elle fabrique des jugements truqués. Partiale parce qu’elle garantit l’impunité de l’appareil dirigeant du Fpr, incriminé de crimes de génocide par la justice espagnole. Ethniciste parce qu’elle ne juge que des Hutus et oublie les criminels tutsi du Fpr. L’Onu et son bras armé le Tpir ont systématiquement refusé d’instruire l’attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie à Juvénal Habyarimana, le président du Rwanda, qui est pourtant considéré comme le facteur déclenchant du génocide ».

L'absurde nous est toutefois révélé par le cas de ce général de brigade acquitté par les instances du Tpir, mais qui peine à trouver un simple visa pour rejoindre sa famille dans cette France des lumières. Il est vrai qu'entre-temps cette dernière est devenue celle de la guéguerre Copé-Fillon, celle que fuit (à tort ou à raison) Gérard « Obélix » Depardieu et surtout celle qui décline irrésistiblement tel que décrit par un éditorialiste du « Point »[1]. Il est vraiment loin le temps où cette terre accueillait les Abolhassan Bani Sadr, Chapour Bakhtiar, Ezzedine Kalak, etc. Rien à voir donc avec la terre d'asile qu'elle était pour les Grecs fuyant la dictature des colonels en 1967 - 1974 et les Espagnols fuyant la dictature franquiste. Les choses ont changé et les persécutés ne trouvent presque plus de compassion dans l’Hexagone, même si, comme le général Kabiligi, ils ont été blanchis par un tribunal rendant compte au conseil de sécurité des nations unies. Et pourtant...

L'homme symboliserait pourtant bien, s'il était accueilli, le sérieux de ceux-là qui n'ont rien fait en 1994 alors que se commettait le génocide. Revenu d’Égypte où il effectuait un stage, cet officier n'a juste eu le temps que de concevoir l'opération « champagne » qui sauva la vie à plus d'un million de personnes encerclés dans la capitale Kigali et que ciblaient les obus d'un Fpr enragé. Permettre au général Kabiligi de rejoindre les siens prouverait que l'Occident a encore une âme et qu'il n'est pas que impérialiste et négrier. Il y a exactement 4 ans que j'écrivais ceci : il est donc temps d'effectuer un virage radical dans les orientations de la politique en Afandie; il est temps que les courtisans de Kagame incitent par tous les moyens leur patron à saborder l'organisation criminelle qui les regroupe (l'Afandie) au profit d'un Rwanda de tous les Rwandais. L'acquittement du général Kabiligi est une formidable opportunité qui s'offre à la clique du Fpr. La façon dont il sera abordé et intégré dans les affaires de son pays décidera de la capacité des afande à se maintenir au pouvoir. Le cas Kabiligi est vraiment une aubaine pour une dictature consciente qui veut réparer certaines de ses fautes à l'égard des Rwandais, des voisins et de toute la communauté internationale.

Et de conclure par cette phrase de Pierre Dehaye (dans « Un même mystère ») : « Un pouvoir est faible s'il ne tolère pas qu'on l'avertisse de ses erreurs ».

Source: DHR

Note: 

[1] 
http://www.lepoint.fr/economie/l-irresistible-declin-de-la-marque-france-22-11-2012-1532242_28.php

Le Point.fr - Publié le 
Malgré de nombreux atouts, la France peine à promouvoir son image de marque dans le monde.

La France ne sait pas promouvoir ses atouts à l'étranger.
La France ne sait pas promouvoir ses atouts à l'étranger. © AFP

À l'heure ou le gouvernement travaille à l'établissement d'une "marque France" pour inciter le consommateur à acheter français, quelle image la France renvoie-t-elle à l'étranger ? C'est à cette question à laquelle a voulu répondre l'étude Nation Goodwill Observer, menée par Havas Design+, le cabinet Ernst & Young, la grande école de commerce HEC et Cap, société de conseil spécialisée dans la stratégie d'opinion. Pour y répondre, ces derniers ont commandé à Harris Interactive une enquête d'opinion menée au début de l'été auprès de 1 000 "leaders économiques et leaders d'opinion internationaux*".
Pointée du doigt pour sa perte de compétitivité - on ne compte plus les études ou les articles de presse dressant ce constat amer, du rapport Gallois à celui du FMI, en passant par la une de The Economist sur la bombe au coeur de l'Europe -, la France peut-elle encore compter sur son "capital immatériel" ? 

En déclin ?

À première vue, oui. L'Hexagone dispose de nombreux atouts pour affronter la compétition généralisée. À l'aune de la stabilité de son système, de ses performances économiques, de sa capacité d'innovation, de sa créativité culturelle et artistique, de la qualité de vie et environnement, la France se classe au 7e rang sur 26 aux yeux des leaders interrogés. Elle arrive même en tête pour sa créativité culturelle et artistique ! C'est sans doute ce qui lui permet de devancer le Japon et les États-Unis. La France est donc toujours perçue comme une puissance, certes, mais une "puissance fragilisée". Elle est largement distancée par la Suède, la Canada et surtout l'Allemagne, première du classement, avec 88 % d'image positive.
La capacité de l'irrésistible village gaulois, inquiet face à une mondialisation jugée hostile, à trouver sa place dans la compétition généralisée, fait beaucoup plus douter les sondés. Sans surprise, c'est à l'Asie qu'ils promettent l'avenir le plus prometteur. La Chine, en tête, mais aussi l'Inde ou la Corée du Sud. Parmi les puissances anciennes, l'Allemagne et l'Australie tirent leur épingle du jeu. Ce n'est pas le cas de la France, qui arrive au 19e rang, juste devant les grands pays latins que sont l'Italie et l'Espagne. 
Malgré ses atouts objectifs, donc, la France a du mal à convaincre qu'elle saura les exploiter à l'avenir. Or, l'image d'un pays "a un impact sur son attractivité aux yeux des investisseurs et des talents, sur la vente de biens et services provenant de ce pays", juge l'étude. Elle "contribue aussi à la fierté nationale, à la cohésion d'une nation, à sa confiance dans l'avenir".
De quoi faire réfléchir le gouvernement. Peut-être devrait-il s'occuper autant de la "marque France" à l'étranger que de son label "made in France".

* Il s'agit d'individus parmi les plus prospères d'une population, ainsi que de ceux exerçant des responsabilités dans les médias, les associations, les syndicats patronaux et de salariés, les institutions étatiques, les partis politiques, les métiers du conseil et des études, et disposant d'un haut niveau de diplôme.