Le 27 Décembre 2012
Avec les inégalités de ce monde, l'on connaissait les SDF, ces personnes
sans domicile fixe qui exposent la face peu reluisante (euphémisme) des pays
développés ; voici maintenant les STA. Il s'agit des personnes sans pays
d'accueil, des acquittés sans terre d'asile qui font la honte de la justice
pourtant dite internationale. Avec le cas du général Gratien Kabiligi, le
Tribunal pénal international pour le Rwanda vient de justifier tout le mal
qu'on pense de ses méthodes de travail, surtout le peu de cas que font ses
bailleurs des décisions qui sortent de ses délibérations. Les Rwandais, eux,
s'étaient, avant l'heure, détournés de cette juridiction depuis belle lurette.
Les vainqueurs du Fpr car ils estiment que ce tribunal ne joue pas à fond leur
jeu de diabolisation et de crucifixion de tout adulte par eux-mêmes pointés.
Les vaincus car ils n'arrêtent pas de réclamer la mise en examen des assassins
qui font la pluie et le beau temps dans leur pays. C'est à vraiment se demander
l'utilité et la crédibilité de ce schmilblick...
Déjà en 2005, deux de ses enquêteurs avaient malmené à mort un présumé
« pas innocent », mais coupable de génocide, feu Uwilingiyimana
Juvénal. Convoqué et ré-convoqué à plusieurs reprises, cet ex-ministre du
président Habyarimana écrivait quelques jours seulement avant son
assassinat : « Je suis prêt à supporter toutes les conséquences
telles qu’elles m’ont été précisées par les enquêteurs Tremblay et Delvaux : je
serai lynché, écrasé, mon cadavre sera piétiné dans la rue et les chiens
me pisseront dessus ». Cette prophétie s'est malheureusement accomplie et
plus de 7 ans après ce drame, ni le Tpir ni la Belgique n'en ont à ce jour
fourni aucune explication convaincante. Dans ce même dossier, apparaît le nom
d'un certain Michel Bagaragaza : avec le rôle d'une balance zélée, on le
retrouve en train de vouloir « forcer » Uwilingiyimana à avouer. Ce
Bagaragaza-là affirmera avoir appartenu au petit cercle des fossoyeurs de la
deuxième république, la fameuse akazu.
Il s'en tirera pourtant avec une libération anticipée tandis qu'un autre gros
poisson (et éminent membre de la même structure) qu'il avait chargé, Protais
Zigiranyirazo, sera acquitté !
Drôle de justice peut-on être tenté de dire. Et il n'y a pas que les
premiers concernés (les Rwandais) à être interpellés par les intrigues made in Arusha. Le professeur Bernard Lugan
dénonçait en son temps la principale faiblesse de ce tribunal : il soutint
qu'on y faisait de « l’autisme scientifique » en étant enfermée dans
un postulat, en écartant tout ce qui était contradictoire, allant jusqu'à nier
l’évidence pour appuyer la thèse d’un génocide planifié. L'écrivain Pierre Péan
parle, lui, d'« une machine monstrueuse, partiale et ethniciste,
fonctionnant avec des faux témoins, envoyés sous la contrainte par des
responsables rwandais manipulateurs. Monstrueuse parce qu’elle fabrique des
jugements truqués. Partiale parce qu’elle garantit l’impunité de l’appareil
dirigeant du Fpr, incriminé de crimes de génocide par la justice espagnole.
Ethniciste parce qu’elle ne juge que des Hutus et oublie les criminels tutsi du
Fpr. L’Onu et son bras armé le Tpir ont systématiquement refusé d’instruire
l’attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie à Juvénal Habyarimana, le
président du Rwanda, qui est pourtant considéré comme le facteur déclenchant du
génocide ».
L'absurde nous est toutefois révélé par le cas de ce général de brigade
acquitté par les instances du Tpir, mais qui peine à trouver un simple visa
pour rejoindre sa famille dans cette France des lumières. Il est vrai
qu'entre-temps cette dernière est devenue celle de la guéguerre Copé-Fillon,
celle que fuit (à tort ou à raison) Gérard « Obélix » Depardieu et
surtout celle qui décline irrésistiblement tel que décrit par un éditorialiste
du « Point »[1]. Il est
vraiment loin le temps où cette terre accueillait les Abolhassan Bani Sadr,
Chapour Bakhtiar, Ezzedine Kalak, etc. Rien à voir donc avec la terre d'asile
qu'elle était pour les Grecs fuyant la dictature des colonels en 1967 - 1974 et
les Espagnols fuyant la dictature franquiste. Les choses ont changé et les
persécutés ne trouvent presque plus de compassion dans l’Hexagone, même si,
comme le général Kabiligi, ils ont été blanchis par un tribunal rendant compte
au conseil de sécurité des nations unies. Et pourtant...
L'homme symboliserait pourtant bien, s'il était accueilli, le sérieux de
ceux-là qui n'ont rien fait en 1994 alors que se commettait le génocide. Revenu
d’Égypte où il effectuait un stage, cet officier n'a juste eu le temps que de
concevoir l'opération « champagne » qui sauva la vie à plus d'un
million de personnes encerclés dans la capitale Kigali et que ciblaient les
obus d'un Fpr enragé. Permettre au général Kabiligi de rejoindre les siens
prouverait que l'Occident a encore une âme et qu'il n'est pas que impérialiste
et négrier. Il y a exactement 4 ans que j'écrivais ceci : il est donc temps d'effectuer un
virage radical dans les orientations de la politique en Afandie; il est
temps que les courtisans de Kagame incitent par tous les moyens leur patron à
saborder l'organisation criminelle qui les regroupe (l'Afandie) au profit d'un
Rwanda de tous les Rwandais. L'acquittement du général Kabiligi est une
formidable opportunité qui s'offre à la clique du Fpr. La façon dont il sera
abordé et intégré dans les affaires de son pays décidera de la capacité
des afande à se maintenir au pouvoir. Le cas Kabiligi est vraiment
une aubaine pour une dictature consciente qui veut réparer certaines de ses
fautes à l'égard des Rwandais, des voisins et de toute la communauté
internationale.
Et de conclure par cette phrase de Pierre Dehaye (dans « Un même
mystère ») : « Un pouvoir est faible s'il ne tolère pas qu'on
l'avertisse de ses erreurs ».
Source: DHR
Note:
Le Point.fr - Publié le
Malgré de nombreux atouts, la France peine à promouvoir son image de marque dans le monde.
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