La chute mardi 20 novembre 2012 de la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, entre les mains des rebelles du M23, a provoqué des mouvements spontanés de révolte et des manifestations violentes dans toute la République. Kinshasa, Kisangani, Bunia, Lubumbashi, ou encore Bukavu : partout la colère du peuple s'est déversée sur le régime de Joseph Kabila et tout ce qui s'y apparente ou le symbolise, sans épargner une "communauté internationale" jugée à juste titre de complaisante et d'hypocrite dans les événements de l'Est de la RDC.
Ce mercredi, alors que la cité de Sake, 30km au sud de Goma, est aussi tombée entre les mains de ceux que le gouvernement de Kabila jugeait hier de "simples indisciplinés", les congolais n'en démordent pas. Nombreux sont ceux qui tiennent Joseph Kabila pour responsable de ce qui arrive (et qui était hélas prévisible !). Et ils ont raison. C'est lui qui, depuis près de douze ans qu'il est au pouvoir, n'a pas réussi (ou voulu) à organiser une armée digne de ce nom; c'est lui qui a renforcé le système de prédation des ressources de la RDC, la mafia et la corruption, alors qu'il ne cesse de prétendre les combattre (en seulement une décennie, il aurait accumulé plus que ce que Mobutu a accumulé en trois décennies); c'est encore lui qui a fraudé les dernières élections; qui a instauré un régime d'oppression et de terreur, ...
Les FARDC ont été blâmées, voire humiliées, accusées de n'être pas capables de combattre contre quelques centaines de mutins. Mais, même si l'on mettait de côté les prétentions selon lesquelles les FARDC seraient infiltrées par des fidèles du M23, quelle est cette armée qui, au XXIème siècle, peut mener une guerre sans munitions, sans moyens de communication, sans moyens de transport, et le comble, sans que les soldats soient suffisamment nourris ? Je ne parle pas de leurs familles... Et un président, un gouvernement qui ne fait que crier à l'agression, à des complots, etc., comme si lorsqu'un Etat est agressé il lui est interdit de se défendre ! Un président, un gouvernement qui courent dans tous les sens pour trouver des bienfaiteurs qui viendraient résoudre tous les problèmes.
On pourrait même aller plus loin et regarder les causes profondes de ces conflits à répétions dans l'Est : les tensions ethniques, la mauvaise gouvernance et le lot de mécontentements et d'injustices qu'elle génère, la corruption, l'absence ou l'extrême faiblesse de l'autorité, l'impunité délibérée des criminels (comme Bosco Ntaganda), les raccourcis dans la "gestion des conflits armés" comme l'intégration des rebelles, ... Qui pouvait arrêter ou empêcher tout ça ?
Entre changer un régime et abattre un système : le peuple doit choisir !
Ce mercredi, alors que la cité de Sake, 30km au sud de Goma, est aussi tombée entre les mains de ceux que le gouvernement de Kabila jugeait hier de "simples indisciplinés", les congolais n'en démordent pas. Nombreux sont ceux qui tiennent Joseph Kabila pour responsable de ce qui arrive (et qui était hélas prévisible !). Et ils ont raison. C'est lui qui, depuis près de douze ans qu'il est au pouvoir, n'a pas réussi (ou voulu) à organiser une armée digne de ce nom; c'est lui qui a renforcé le système de prédation des ressources de la RDC, la mafia et la corruption, alors qu'il ne cesse de prétendre les combattre (en seulement une décennie, il aurait accumulé plus que ce que Mobutu a accumulé en trois décennies); c'est encore lui qui a fraudé les dernières élections; qui a instauré un régime d'oppression et de terreur, ...
Les FARDC ont été blâmées, voire humiliées, accusées de n'être pas capables de combattre contre quelques centaines de mutins. Mais, même si l'on mettait de côté les prétentions selon lesquelles les FARDC seraient infiltrées par des fidèles du M23, quelle est cette armée qui, au XXIème siècle, peut mener une guerre sans munitions, sans moyens de communication, sans moyens de transport, et le comble, sans que les soldats soient suffisamment nourris ? Je ne parle pas de leurs familles... Et un président, un gouvernement qui ne fait que crier à l'agression, à des complots, etc., comme si lorsqu'un Etat est agressé il lui est interdit de se défendre ! Un président, un gouvernement qui courent dans tous les sens pour trouver des bienfaiteurs qui viendraient résoudre tous les problèmes.
On pourrait même aller plus loin et regarder les causes profondes de ces conflits à répétions dans l'Est : les tensions ethniques, la mauvaise gouvernance et le lot de mécontentements et d'injustices qu'elle génère, la corruption, l'absence ou l'extrême faiblesse de l'autorité, l'impunité délibérée des criminels (comme Bosco Ntaganda), les raccourcis dans la "gestion des conflits armés" comme l'intégration des rebelles, ... Qui pouvait arrêter ou empêcher tout ça ?
Entre changer un régime et abattre un système : le peuple doit choisir !
Les congolais qui expriment dans les rues leur colère ont amplement raison de désigner Joseph Kabila et son gouvernement d'irresponsables. Mais ce serait une erreur que de s'arrêter là. Les coupables sont beaucoup plus nombreux que cela. L'opposition politique a-t-elle jamais formulé des alternatives concrètes et réalistes à la résolution de la crise de l'Est ? Il me semble que ses soi-disant leaders sont juste des opportunistes, aptes à accuser, mais qui n'ont d'autre souci que de remplacer la "majorité" pour traire à leur tout la vache-à-lait qu'est devenue la République Démocratique du Congo. D'autres font du bruit juste pour avoir leur "droit au chapitre", toucher leur part sur la manne de la prédation qu'ils font semblant de décrier.
Et puis il y a la société civile, atteinte elle aussi par le cancer de la main tendue, l'égoïsme, et la loquacité. Elle danse sur tous les pieds, accuse sans jamais rien proposer en échange, se laisse emporter par le sentimentalisme et le fanatisme, s'engage dans le populisme, court de manière effrénée derrière les financements, ... Comme elle, la magistrature a vendu ses lettres de noblesse (même la Cour Suprême de Justice, la Haute Cour militaire !). Des parlementaires sans loi, sans foi ni scrupule qui n'ont d'autre âme que leur poche; des officiers obnubilés par les affaires, parfois incultes et analphabètes; etc.
Je disais que les congolais qui manifestent leur colère auraient tort d'en vouloir au seul Kabila, car il pourrait tomber, sans que ne s'effondre le système dont il n'est que le plus parfait et le plus visible des symboles. Un système corrompu jusqu'à la moelle, qui a élu le vice, dans son expression la plus accomplie, au rang de la vertu. Il faut que ce système s'effondre, et que renaisse un nouveau Congo, un Congo neuf, innocent, mais friand de sa grandeur, de son honneur, et de la prospérité de ses filles et fils.
Ainsi, le peuple pourra donner un sens, le sien, aux événements de l'Est de la RDC. Ainsi, le peuple cesserait d'être la victime silencieuse, presque consentante, de la bassesse et de l'insouciance de ses dirigeants. L'occupation de Goma et d'autres parties du Nord-Kivu aurait alors le mérite d'impulser ce changement que les Congolais attendaient de tous leurs vœux, et le sang des congolais tombés vaillamment sur les champs de bataille n'aurait pas été versé pour rien. Enfin, le peuple prouverait à la face du monde qu'il n'est pas aussi amorphe et démissionnaire qu'on le croit, et qu'il n'a pas encore renoncé à son honneur et à ses rêves.
Jean-Mobert N'Senga
Et puis il y a la société civile, atteinte elle aussi par le cancer de la main tendue, l'égoïsme, et la loquacité. Elle danse sur tous les pieds, accuse sans jamais rien proposer en échange, se laisse emporter par le sentimentalisme et le fanatisme, s'engage dans le populisme, court de manière effrénée derrière les financements, ... Comme elle, la magistrature a vendu ses lettres de noblesse (même la Cour Suprême de Justice, la Haute Cour militaire !). Des parlementaires sans loi, sans foi ni scrupule qui n'ont d'autre âme que leur poche; des officiers obnubilés par les affaires, parfois incultes et analphabètes; etc.
Je disais que les congolais qui manifestent leur colère auraient tort d'en vouloir au seul Kabila, car il pourrait tomber, sans que ne s'effondre le système dont il n'est que le plus parfait et le plus visible des symboles. Un système corrompu jusqu'à la moelle, qui a élu le vice, dans son expression la plus accomplie, au rang de la vertu. Il faut que ce système s'effondre, et que renaisse un nouveau Congo, un Congo neuf, innocent, mais friand de sa grandeur, de son honneur, et de la prospérité de ses filles et fils.
Ainsi, le peuple pourra donner un sens, le sien, aux événements de l'Est de la RDC. Ainsi, le peuple cesserait d'être la victime silencieuse, presque consentante, de la bassesse et de l'insouciance de ses dirigeants. L'occupation de Goma et d'autres parties du Nord-Kivu aurait alors le mérite d'impulser ce changement que les Congolais attendaient de tous leurs vœux, et le sang des congolais tombés vaillamment sur les champs de bataille n'aurait pas été versé pour rien. Enfin, le peuple prouverait à la face du monde qu'il n'est pas aussi amorphe et démissionnaire qu'on le croit, et qu'il n'a pas encore renoncé à son honneur et à ses rêves.
Jean-Mobert N'Senga
21/11/2012
Source: Le Site de Musabyimana
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