Friday, December 16, 2011

PROCÈS DE MME INGABIRE : LES DÉCLARATIONS DE KAGAME À KAMPALA

Par Marie Madeleine BICAMUMPAKA
Sit-in-at-Rwanda house 

VENDREDI 16 DÉCEMBRE 2011

Kagame-Museveni
Selon Monsieur KAGAME, Madame Victoire INGABIRE UMUHOZA ne saurait plus à quel saint se vouer, ses conseils seraient en train de la lâcher, a tel point qu’elle voudrait demander pardon et bénéficier de la grâce présidentielle.

Rien d’étonnant que le président KAGAME fasse de telles déclarations, car à y regarder de près, c’est plutôt lui qui en réalité est à bout de ses forces, par rapport au procès de la présidente des FDU, et ce, malgré sa capacité de nuire : faire disparaître les gens, les tuer, les empoisonner, les torturer, les harceler de la façon la plus abjecte. Toute personne qui a suivi son speech au cours de cette conférence de presse à Kampala, quand il parlait de Madame Victoire INGABIRE, a vite compris que Monsieur KAGAME  ne faisait que relayer ce qu’on qualifierait de « amakuru y’ibyifuzo » - « wish news » - « nouvelles fiction » ! Abattu par la façon dont cette combattante pour la démocratie, cette mère courage qui se défend de façon  méthodique et  intelligemment argumentée, il n’était sans doute jamais arrivé au président KAGAME de penser que quand Madame INGABIRE Victoire allait s’exprimer devant la cour, elle serait la porte parole des millions de sans voix rwandais que le pouvoir du FPR a rendu muets.

Fidèle à sa ligne argumentaire dépourvu de toute distinction, Monsieur KAGAME a rembarré, jouant au procureur, lorsqu’un journaliste lui a posé une question sur ce procès. Il aurait pu répondre diplomatiquement en insistant sur le fait que le pouvoir judiciaire est indépendant des pouvoirs exécutif et législatif, que lui aussi attend le prononcé de l’arrêt, que dès lors il ne pouvait se prononcer là-dessus. Mais au lieu de cela,  il s’est perdu dans des explications peu claires, tel un témoin à charge qui a mal appris sa leçon de la part des fabricants de fausses preuves. Ceci rappelle justement le fameux couac à propos des heures où les emails que soi-disant Madame INGABIRE Victoire aurait envoyés à certains témoins formés par le DMI et les bureaux du procureur MUKURARINDA Alain pour la charger. Il s’est avéré que les réponses ont été reçues aux heures antérieures à celles où les courriels auxquels elles étaient supposées faire suite ont été envoyés ! Puis à la partie adverse de tenter d’expliquer  que ces heures différées affichées par les ordinateurs sont la conséquence des décalages horaires, selon les pays où l’expéditeur et le destinataire se trouvaient ! Plus comédien de mauvais goût que le système judiciaire rwandais, allez savoir…

Même si l’indépendance du pouvoir judiciaire ne peut être nulle part un acquis total, pour la simple raison que les juges prononcent les arrêts sur base des lois et de la constitution de chaque pays, lorsque ce ne sont pas eux-mêmes qui les font ; tout de même cet acharnement qui pousse le pouvoir de Kigali à se ridiculiser à ce point démontre qu’il n’y a pratiquement pas de preuves sérieuses confirmant ce dont on accuse la présidente des FDU. Si vraiment Madame INGABIRE Victoire avait suivi la mode actuellement en vigueur au Rwanda de demander pardon à Monsieur KAGAME quand on est prisonnier, afin d’être libéré, le monde entier aurait déjà pu lire cette lettre de demande de pardon. En réalité ce que Monsieur KAGAME  a dit dans cette conférence de presse à Kampala, c’est une expression de son souhait. Le fait d’avoir chargé cette combattante de la démocratie avec tant de véhémence, devant toute cette assemblée, allant jusqu’à affirmer que l’avocat de Madame INGABIRE est en train de la lâcher, c’est une manipulation très calculée où se mêle une pression terrorisante, en espérant jouer sur la vulnérabilité mais surtout l’isolement dans laquelle on l’a confinée. Et pourquoi ne pas espérer ainsi la mettre en conflit avec son conseil Maître EDWARDS !

Cette tactique de Monsieur KAGAME  a parfois porté ses fruits. C’est ainsi qu’en avril 2006 il a dit aux journalistes de l’agence Hirondelle à propos de Monsieur Pasteur BIZIMUNGU qui moisissait dans la prison 1930 de Kigali : « je pourrais considérer toute demande de pardon en faveur de l’ancien président BIZIMUNGU. Mais comment puis-je pardonner quelqu’un qui ne l’a pas demandé » ? – a-t-il insisté, s’adressant à un journalise. Quelque temps après, cet ex-farouche ténor du FPR a dû s’incliner car son successeur était en train de le faire mourir à petit feu dans cette geôle. Ceux qui ont pu écouter le résumé du déroulement du procès de Madame INGABIRE par le journaliste de la BBC GAHUZAMIRYANGO mardi le 13 décembre 2011 ont très bien compris qu’elle n’a aucune intention de demander pardon ! Aussi a-t-elle insisté auprès de ceux qui en ont la compétence au sein de son parti pour qu’ils fassent un démenti clair et net à ce sujet.  Désormais c’est chose faite.

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