Par Charles Malick SARR
Wal Fadjri
14 Octobre 2011
Photo:
Ancien President Tchadien, Hissène Habré.
L’Union des ressortissants rwandais au Sénégal n’est pas du tout contente de la décision prise par l’Union africaine de faire juger l’ancien président tchadien, Hissène Habré, dans leur pays. En conférence de presse hier, à la Raddho, le président de ladite union, Samuel Hakizimana, qui dit avoir appris avec ‘étonnement’ cette décision, a souligné que le Rwanda n’est pas du tout un Etat de droit et ne devrait donc pas servir de modèle pour une justice équitable.
L’Union des ressortissants rwandais au Sénégal (Urrs) parviendra-t-elle à faire changer à l’Union africaine sa décision de faire juger dans leur pays, l’ancien président tchadien, Hissène Habré, accusé de crimes contre l’humanité ? Après la tentative de le faire juger au Sénégal qui a échoué, c’est le Rwanda qui a été choisi par l’Union africaine pour abriter un tel procès. Mais les ressortissants du ‘pays des mille collines’ vivant au Sénégal, tout en exprimant leur étonnement, se disent opposés à cette initiative pour plusieurs raisons. Selon Samuel Hakizimana, président des ressortissants rwandais, qui faisait face à la presse hier, ‘le Rwanda n’est pas du tout un Etat de droit et ne devrait donc pas servir de modèle pour une justice équitable’.
A titre de rappel, il a souligné que ‘le Rwanda a refusé de ratifier la convention créant la Cour pénale internationale (Cpi)’ non sans ajouter que le 1er octobre 2010, la Commission des Nations unies aux droits de l’Homme a publié un rapport sous le nom de ‘Mapping report’ relatant et documentant les massacres et les exactions perpétrés sur les réfugiés rwandais et les civils congolais en République démocratique du Congo de 1993 à 2003 par les hauts responsables de l’Armée patriotique rwandaise (Apr). Et selon Samuel Hakizimana, ‘il a été prouvé dans ce rapport que les autorités rwandaises actuellement au pouvoir sont sérieusement impliquées dans ces massacres’.
Sur les raisons de leur opposition, le président de l’Urrs signale que ‘l’actuel président de la République rwandaise a déclaré publiquement que l’espace politique de son pays est saturé’. La preuve, avance-t-il, ‘l’emprisonnement de Victoire Ingabiré dont le seul tort est d’avoir voulu se présenter comme candidate aux élections présidentielles contre Kagamé’. Une autre raison avancée par Samuel Hakizimana, est relative à ‘la liberté d’expression qui est inexistante au Rwanda’. ‘Et nous doutons de la transparence des autorités actuelles qui n’admettent aucune voix discordante’.
A l’en croire, ‘le système judiciaire du Rwanda, que l’Union africaine voudrait présenter comme modèle, est totalement dépendant du pouvoir exécutif, et il est devenu inopérant’. En plus de cela, ajoute-t-il, ‘les organisations de défense des droits de l’homme sont interdites au Rwanda. Seules sont opérationnelles sur le terrain, celles qui se mettent à la solde du pouvoir en place’.
Pour Me Assane Dioma Ndiaye, ‘cette décision de l’Union africaine va nous ramener dix ans encore en arrière’. Tout en qualifiant cette décision de ‘diversion’, l’avocat soutient que ‘l’Union africaine est dans la même position que le Sénégal’ et que les présidents africains n’accepteraient pas que Habré soit jugé. Ce qui serait, selon lui, un ‘précédent’ parce que le même sort risque de les rattraper. A défaut du Sénégal, Me Ndiaye mise sur la Belgique car, ce qui importe, selon lui, est la tenue de ce procès.
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