Par Joseph Matata
Le Blog De Gaspard Musabyimana
Jeudi 31 Mars 2011
« Le grand ennemi de la vérité, est très souvent non le mensonge – délibéré, artificiel et malhonnête – mais le mythe –persistant, convaincant et irréaliste ».
Cette définition extraite du discours de remise des diplômes à l’Université de Yale, le 11 juin 1962 par le président américain John Fitzgerald Kennedy (JFK) résume très bien comment le « mythe » du Front Patriotique Rwandais (FPR) continue de détruire le peuple rwandais et de manipuler la communauté internationale. Ce mythe est imposé et entretenu depuis plus de 15 ans par les extrémistes tutsis du FPR soutenus par leurs sponsors occidentaux et par certains médias et plusieurs sociétés multinationales qui s’enrichissent grâce au chaos créé par les guerres et les génocides en Afrique des Grands Lacs.
Le mythe fondateur du FPR a commencé avec la grande campagne publicitaire qui a été lancée au sujet du retour des réfugiés tutsi rwandais en vue de préparer l’invasion du Rwanda et la prise du pouvoir par un noyau dur de chefs militaires et politiques du FPR. L’opinion publique nationale et internationale fut manipulée savamment par des journalistes pro-FPR, séduits ou corrompus par les réseaux FPR qui ne ménageaient aucun effort pour présenter le FPR comme un mouvement politico-militaire crédible. Mais, 15 ans après le déclenchement de la guerre et du génocide rwandais, le mythe FPR s’écroule au vu de son maigre bilan et sa gestion catastrophique des problèmes sociopolitiques et socioéconomiques du Rwanda. Le FPR continue à consolider sa dictature militaro-ethniste par tous les moyens: crimes organisés, terrorisme d’Etat, corruption et séduction généralisée, délation et diffamation institutionnalisée, sabotage et chantage permanent contre les institutions onusiennes dont le Tribunal Pénal International pour le Rwanda et les pays occidentaux, etc.
Le « mythe FPR » est un ensemble de mythes qui peuvent se conjuguer à plusieurs niveaux suivants :
3.1 Le mythe n°1 : La guerre du FPR est justifiée par le retour des réfugiés tutsi dans leur pays :
Personne n’ignore qu’il existe un principe sacré par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) qui interdit à tout réfugié d’attaquer militairement son pays natal. Or, aucun pays, aucune organisation internationale n’a osé condamner la guerre d’invasion du Rwanda et de conquête du pouvoir par le FPR.
3.2 Le mythe n°2 : « Le FPR a arrêté le génocide par sa victoire militaire sur les forces génocidaires Hutu» :
La réalité est tout autre. Non seulement le FPR a déclenché la guerre le 1er octobre 1990 et commis le plus grand crime contre la paix, mais il a participé activement non seulement aux massacres des civils innocents Hutu, mais aussi aux massacres contre des civils innocents Tutsi (Voir interview du 2 mai 2004 du Lieutenant FPR, Josué Abdul RUZIBIZA, sur la Vox of America où il accuse le président Kagame d’avoir renforcé la milice hutu par ses « soldats techniciens » tutsi pour massacrer les tutsi). Sa guérilla meurtrière contre des paysans Hutu a poussé certains d’entre eux à massacrer des tutsi innocents. Le FPR a déclenché le génocide par l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui a tué les deux chefs d’Etat Hutu du Rwanda et de Burundi et leurs collaborateurs. Mi-avril 1994, le FPR a exigé le départ de toutes les troupes étrangères qui pouvaient arrêter le génocide et les massacres. Des milliers de témoignages accablants prouvent la participation des rebelles tutsis du FPR aux crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
3.3. Le mythe n°3 : « Le FPR a mis en place un gouvernement d’unité nationale avec des ministres Hutu et Tutsi de tous les partis» :
Le gouvernement mis en place par le FPR fut longtemps noyauté, contrôlé et paralysé par le noyau dur des chefs militaires et politiques du FPR avant de s’écrouler le 28 août 1995 avec la démission de l’ancien premier Ministre Faustin TWAGIRAMUNGU (ancien Président du Mouvement Démocratique Républicain (MDR) exilé en Belgique depuis 1995) et de son Ministre de l’Intérieur, Monsieur Seth SENDASHONGA (membre du FPR exilé au Kenya et assassiné le 16 mai 1998 par un commando du FPR à Naïrobi au Kenya). Le successeur de F. Twagiramungu, le 2ème Premier Ministre, Monsieur Pierre Célestin RWIGEMA, fut utilisé par la junte militaire pendant 5 ans avant d’être contraint de démissionner et s’exiler en 2000.
Après avoir emprisonné arbitrairement plusieurs adhérents du Parti MDR (Mouvement Démocratique Républicain) dont le Secrétaire général, Monsieur Pierre GAKWANDI, la dissolution du MDR, programmée par la junte militaire, fut proposée le 15 avril 2003 par un parlement complètement contrôlé et paralysé par cette même junte militaire. Dans sa réunion convoquée d’urgence vendredi 16 mai 2003, le gouvernement confirma le rapport du parlement qui avait recommandé la dissolution du MDR pour « divisionnisme » à quelques mois des premières élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées en août et septembre 2003.
3.4. Le mythe n°4 : « Le FPR a remis en place l’appareil judiciaire et innové les tribunaux populaires GACACA pour accélérer les procès et désengorger ses prisons mouroirs» :
Après avoir essuyé une terrible épuration ethnique et politique, la magistrature rwandaise ne jouit d’aucune indépendance et se trouve dans l’étau de la junte militaire du président rwandais, le Général Paul KAGAME. Tous les magistrats courageux et honnêtes qui ont tenté de dire le droit et de défendre la loi, ont été assassinés, portés disparus, torturés, emprisonnés ou forcés de s’exiler.
Selon le journal indépendant UMUSESO n°186 du 1 au 7 août 2004, page 6, dans son article intitulée « Ubutabera bw’u Rwanda mu ihuriro ry’imihanda = La justice rwandaise au croisement des chemins », le journaliste Tharcisse SEMANA dénonce la nomination des magistrats pro-FPR qui ne jouissent d’aucune indépendance dans le cadre de la nouvelle réforme de la justice. Cette réforme a été lancée le 20 juillet 2004 avec 223 magistrats (dont 77 femmes) qui ont prêté serment devant la Cour Suprême du Rwanda. Les candidats magistrats ont été interrogés par téléphone par des agents de la DMI s’ils aimaient le FPR alors que cet interrogatoire ne faisait pas partie du test de recrutement. De cette façon des magistrats expérimentés, courageux et honnêtes n’ont pas été retenus sur avis de la DMI. Par contre des étudiants ou ceux qui venaient juste de terminer leurs études à l’Université Libre de Kigali (ULK) ont été choisis parce que la DMI les trouvait proches du FPR. Rappelons que le journaliste Tharcisse SEMANA fait partie des quatre journalistes de ce journal qui ont été contraints de s’exiler en 2003 (Ismaiël Mbonigaba) et en 2004 (Kalisa Macdowell et Sebufirira Robert).
3.5 Le mythe n°5 : « Le FPR mène une politique de réconciliation nationale » :
Les autorités rwandaises n’ont aucune volonté politique pour favoriser l’unité et la réconciliation dans la mesure où les hutu sont diabolisés et traités globalement de génocidaires. Les familles Hutu n’ont pas le droit de commémorer la mort de leurs proches massacrés par les soldats du FPR. Ils ne peuvent pas porter plainte contre ce mouvement étant donné qu’ils ne sont pas reconnus comme étant des victimes. Les tribunaux GACACA ne peuvent pas juger les criminels du FPR, ils ont été créés pour juger les seuls suspects Hutu évalués à 761.448.
3.6 Le mythe n°6 : « Le FPR a mis en place une commission Nationale des droits de l’Homme (CNDH) » après avoir chassé les observateurs de l’ONU » :
Pour tromper les rwandais et la communauté internationale, le régime FPR a mis en place avec beaucoup de publicité une commission nationale des droits de l’homme.
Voici les critiques de l’ancien Ministre de la Justice, Faustin NTEZILYAYO, sur l’incapacité de cette Commission Nationale des Droits de l’Homme :
Cette ancien Ministre de la Justice a dénoncé l’incapacité et la paralysie de cette commission dans son article intitulé « Enlisement du système judiciaire et dérive des droits humains au Rwanda » publié dans la Revue DIALOGUE n° 213 de Novembre-Décembre 1999. A cette époque il venait de fuir en janvier 1994 et de s’exiler au Canada.
« La Commission Nationale des Droits de l’Homme au Rwanda, mise en place en mai 1999, saura-t-elle répondre à ces attentes légitimes d’un peuple désireux seulement d’avoir un minimum de paix sociale pour s’atteler à son combat quotidien d’assurer sa survie et essayer de ne pas s’enfoncer de plus bel dans une pauvreté devenue endémique ? On peut en nourrir difficilement l’espoir tant le Gouvernement de Kigali semble s’être assuré la création d’une Commission taillée sur mesure et dont l’indépendance et l’efficacité risquent d’être minées par des dispositions légales et réglementaires qui assurent la mainmise de l’exécutif sur son fonctionnement.
…Des inquiétudes concernant l’indépendance de la Commission et sa capacité à mener à bonne fin sa mission en toute objectivité, proviennent surtout des dispositions sur la nomination et la révocation des commissaires. En effet, les commissaires, au nombre de 7, sont choisis par l’Assemblée Nationale de Transition pour une durée de trois ans renouvelable, sur une liste de dix candidats présentés par le Gouvernement. Les actes de nomination sont faits par décret présidentiel. De même, la Commission est dirigée par un président choisi parmi les membres de la Commission par le Gouvernement et confirmé par l’Assemblée Nationale de Transition.
Par ailleurs, la cessation des fonctions d’un ou de plusieurs membres de la Commission intervient à l’initiative du Président de la République, soit du gouvernement, soit de la moitié des députés à l’Assemblée Nationale de Transition.
Ici, le rôle du pouvoir exécutif est exorbitant. Le problème posé par des dispositions similaires dans la nomination des hauts magistrats à la Cour suprême est assez parlant. En effet, la Cour Suprême fut longtemps paralysée par le gouvernement qui voulait placer des magistrats lui acquis notamment dans des sections à compétences politiquement sensibles comme la section de la Cour Constitutionnelle chargée de se prononcer sur la constitutionnalité des lois avant leur promulgation ou celle de la Cour de Cassation, qui est la plus haute juridiction ordinaire du pays. De plus, certains hauts magistrats de la Haute Cour, pourtant dotée d’une grande expérience professionnelle, ont été unilatéralement limogés par le Gouvernement sans même en obtenir confirmation par l’organe législatif comme le requérait le respect d’un minimum de parallélisme des normes.
Il est à craindre alors que les membres de la Commission (CNDH) puissent connaître les mêmes infortunes surtout s’ils dénoncent les violations des droits humains commises par certains organes de l’appareil militaro-politique. Il faut rappeler ici les tracasseries administratives et les multiples obstacles qu’a connus l’Opération sur le Terrain pour les Droits de l’Homme au Rwanda – mise en place par les Nations Unies – surtout à propos du volet de ses activités relatives au monitoring et à l’évaluation de la situation des droits humains. Le Gouvernement a d’abord suspendu les activités de l’Opération au mois de mai 1998 pour ensuite les interdire définitivement en juillet 1998.
L’indépendance et l’objectivité de la Commission dépendront aussi de l’intégrité, l’expertise et la compétence avérées de ses membres en matière des droits humains. Mais la tâche de la commission risque d’être très ardue si, du moins, elle entend contribuer à la promotion des droits humains et non être un simple prolongement du pouvoir politique qui la surveillera de plus près et ne lui accordera que peu de marge de manœuvre. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la volonté de l’appareil politique est de la voir prolonger son discours politique pour faire croire aux observateurs extérieurs qu’un organe de « bonne gouvernance » est opérationnel dans le pays alors que le calvaire de la population civile continue.
Par ailleurs, la Commission devra fonctionner dans un environnement hostile au développement de la SOCIETE CIVILE tant la volonté des pouvoirs politiques d’empêcher la formation d’une société civile responsable et capable de mobiliser la population pour se prendre en charge est manifeste. L’exemple le plus remarquable sont les attaques et le harcèlement de l’Eglise catholique, pourtant pilier incontestable de la société civile à travers ses nombreuses activités dans le domaine de l’éducation, de la santé et des projets de développement du monde rural. En outre, de nombreuses associations ne peuvent plus fonctionner suite aux tracasseries administratives au niveau de l’agrément de leurs représentants légaux. D’autres n’ont pas pu voir le jour suite au refus d’enregistrement. Le contrôle est assez strict à tel point qu’aucune association de ce genre n’a été agréée depuis 1996 sous prétexte que la législation en la matière n’était pas à jour. Le projet de loi initié n’a jamais été soumis à l’organe législatif et un vide juridique de facto était ainsi créé, entraînant la paralysie de nombreuses associations pourtant indispensables au développement, notamment du milieu rural où le niveau de pauvreté ne fait que grandir inexorablement.
S’agissant plus particulièrement des organisations de défense des droits de la personne, elles sont complètement muselées et beaucoup d’entre elles se sont converties en organes de relais de l’appareil politique. Elles n’osent pas lever le moindre petit doigt devant les exactions commises par l’Armée sur des populations civiles, notamment dans le nord-ouest du pays, les disparitions quasi quotidiennes de personnes et leur incarcération dans des endroits inconnus et non accessibles mêmes aux membres de leur famille, les représailles commises par des groupes para-militaires, les fameux « Local Defense Forces », qui n’ont pourtant aucun statut légal ni réglementaire connu.
Comme on le voit donc, le chemin à parcourir au Rwanda pour inculquer une culture des droits humains et une justice, pilier de la restauration de la paix sociale, reste encore assez long et parsemé d’embûches ».
Le contenu de cet article de l’ancien Ministre rwandais de la Justice démontrait à quel point, la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Rwanda est un outil stratégique dont se sert la Junte Militaire du FPR pour tromper l’opinion internationale.
3.7 Le mythe n°7 : « Le FPR a organisé des élections « démocratiques » :
Après avoir imposé la dissolution du principal parti d’opposition en mai 2003, le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), le régime FPR a organisé des élections antidémocratiques qui ont été caractérisées par des fraudes massives, des séquestrations et des emprisonnements d’opposants politiques et d’observateurs de l’opposition. Le principal concurrent du Président Paul KAGAME, l’ancien premier ministre Faustin TWAGIRAMUNGU, a été diffamé et calomnié publiquement dans les médias de l’Etat. La police a menacé de l’inculper pour divisionnisme et les autorités ont saboté et annulé ses meetings durant sa campagne électorale.
Selon la dépêche de l’AFP du 1er août 2003, ce principal opposant rwandais a estimé que la campagne pour l'élection présidentielle du 25 août 2003 commençait « sur de mauvaises bases » et a dénoncé « le début d’une dictature dure » dans ces termes : « Ce n’est pas la fin de la transition, c’est le début d’une dictature dure. Je suis très amer. On ment à la communauté internationale » a-t-il affirmé vendredi 1er août.
3.8 Le mythe n°8 : « Le FPR mène une politique de reconstruction et de reconstitution d’une société viable et équitable pour tous » :
C’est faux car le régime FPR a commandité, à travers deux rapports de deux commissions parlementaires, la destruction de la société civile en s’attaquant aux organisations des droits humains, aux confessions religieuses, aux organisations de développement, aux organisations humanitaires et à certains pays grands bailleurs de fonds de ces organisations etc. (voir mémo du 10 novembre 2004). C’est dans ce cadre que la LIPRODHOR a été neutralisée suite à l’exil de plusieurs de ses dirigeants. L’assassinat de quatre évêques catholiques et de plusieurs prêtres a décapité la société civile.
Plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) rwandaises ont été attaquées par le Rapport du 30 juin 2004 réalisé par la Commission Spéciale du Parlement rwandais chargée d’enquêter sur l’assassinat des rescapés tutsis et l’idéologie génocidaire.
Joseph Matata
CLIIR
[Texte extrait de "L’art de mentir nous serait-il imposé comme un nouveau « mode de vie ? »", avril 2007].
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